Le Roman de la Femme à Barbe....... 1 vol.
Maison Amour et Cie................ —
Les Marchands de santé............. —
Paris s'amuse...................... —
M. et Mme tout-le-monde............ —
Le Pavé de Paris................... —
Les Marionnettes de Paris.......... —
La Comédie en plein vent........... —
La Famille Hasard.................. —
La Foire aux grotesques............ —
Les Souffre-Plaisirs.............. —
Les Coulisses de Grand Drame...... —
Les autres ouvrages paraîtront successivement.
Paris. — J. Claye, Imprimeur, 7, Rue Saint-Benoît. — [2148]
Nous tenons à remercier très chaleureusement Paule Petitier, professeur à l’Université Paris Cité (ex-Université Paris Diderot), qui a créé la plateforme PLANETE, et Olivier Ritz, maître de conférences dans cette même université et responsable du parcours Édition de la licence de Lettres, qui l’utilise avec ses étudiants et a bien voulu nous en expliquer le fonctionnement, de l’avoir mise si généreusement à notre disposition, dans le cadre du cours de M2 « Créativité numérique » du master « Lettres et Humanités » de l’Université de Reims Champagne-Ardenne. Nous tenons également à exprimer notre vive reconnaissance à Cécile Andrisi, ingénieur d’études, pour sa collaboration si précieuse et généreuse, sa compétence hors pair, sa constance et sa patience, à toute(s) épreuve(s), pour parler comme Le Carnaval du dictionnaire !, qui a été de tout dans la réalisation de l’édition numérique de ce livre.
Nous remercions aussi de leur soutien pour la réalisation de ce projet les instances de l’UFR de Lettres et Sciences humaines – Marta Waldegaray, directrice, Prisca Perani, directrice adjointe à la pédagogie (masters), Nicolas Bollot, directeur adjoint aux finances –, ainsi que Dominique Quéro, directeur du département de Lettres modernes, et Jean-Louis Haquette, directeur du CRIMEL (Centre de Recherche Interdisciplinaire sur les Modèles Esthétiques et Littéraires), si attentifs à tous les projets de la formation, et Régine Borderie, responsable du master « Lettres et Humanités », avec qui nous avons tant échangé et partagé.
Que soient également remerciées pour leur aide aussi aimable qu’efficace Évelyne Maggiore, responsable de la bibliothèque et de la documentation de la Maison de Balzac, et Julie Duprat, responsable du département des Imprimés de la Bibliothèque Historique de la Ville de Paris.
Nous ne saurions terminer sans remercier et féliciter les étudiants de cette promotion 2020-2021 : ils ont su dépasser certaines de leurs préventions à l’égard des humanités numériques grâce à PLANETE, qui permet de convoquer des ressources hypertextuelles et de réfléchir sur la nature même de l’annotation conduite, et ont découvert les exigences, les charmes, les chausse-trappes aussi, de l’édition critique, avec un texte à double, voire à triple fond, qui a sollicité toutes leurs capacités critiques précisément. La répartition du travail s’est faite aisément par tranches alphabétiques, à savoir : préface et lettres A-B, Apolline Gautier et Léa Damoiseau ; lettres C à G, Marie Daumont et Quentin Lamorlette ; lettres H à P, Coraline Hipolito et Wendy Perrin ; lettres Q à Z, Léa Lallement et Manon Lorrain ; et, en « superviseur » chargé de noter les renvois d’une entrée à l’autre, de la recherche iconographique et bibliographique, Thomas Rollin.
Le Carnaval du dictionnaire de Pierre Véron : un dictionnaire satirique, certes, mais qu’est-ce à dire ?
Un dictionnaire : à quel titre ?Un dictionnaire « anti-académique », à deux titresNouveau Dionysos, ce dictionnaire, dû à la plume du polygraphe Pierre Véron, a la particularité d’être né deux fois : avec le printemps, le 24 avril 1869, dans le quotidien satirique illustré Le Charivari (il y sera publié jusqu’au 4 avril 1873), et, en octobre 1873, en volume (daté de 1874), enrichi de 24 illustrations de Paul Hadol, chez Michel Lévy frères, avec des signes précurseurs, puisque paraissent en 1873, dans Le Charivari (les 22, 25, 31 janvier ; 3,7, 18, 21 février ; 7, 13, 14, 22 mars et 4 avril), des entrées qui complètent ou corrigent celles des tranches parues depuis 1869, avec des définitions, à quelques exceptions près, qui sont celles-là même de l’édition en volume. Placé sous le signe du double, Le Carnaval du dictionnaire connaît une deuxième édition, sans variantes notables par rapport à la première, au printemps 1874, annoncée le 15 mars 1874 dans Le Charivari (c’est cette édition, disponible sur Gallica, qui est publiée ici).
Dans sa version charivarique initiale et, à tous égards, originale, signée, à chacune de ses apparitions, de l’un des pseudonymes de Pierre Véron, « Fantasio », ce dictionnaire intitulé tout d’abord « Dictionnaire de l’avenir », du 24 avril 1869 au 7 août 1871, prend bien le titre, à partir du 2 novembre 1871, de « Dictionnaire anti-académique ».
« Anti-académique », il l’est assurément, à un premier titre, par la critique, attendue, de l’âge et de la lenteur du travail des académiciens : dès la Préface, Véron prie pour que « sur leurs palmes vertes, Dieu cesse de faire pousser des fleurs de pavot » (p. XV) ! et l’entrée « FAUTEUIL (ACADÉMIQUE) — Enterrement assis » en dit long pour l’éternité ! Et, dans sa réclame de trois colonnes, parue dans Le Charivari du 29 octobre 1873, pour la première édition en volume, Louis Leroy déclare : « L’auteur, en composant son œuvre, a voulu aider l’Académie dans l’achèvement de la sienne, ce fameux dictionnaire qui ne peut manquer d’être divin, puisqu’il est à la fois inconnu, éternel et infini. » En effet, la dernière édition, la sixième, du Dictionnaire de l’Académie française date de 1835 et il faudra attendre 1878, quatre ans après la parution du Carnaval du dictionnaire, pour que la septième paraisse : coïncidence ou conséquence ?
« Anti-académique », le dictionnaire l’est surtout, à un second titre : parce qu’il s’agit pour Pierre Véron d’établir un lien entre évolution du langage et évolution des mœurs et de mettre en lumière « la décadence simultanée de la morale publique et du langage » (Préface, p. VII), il accueille des termes, des néologismes (« gosse », « biche », « avoir du zinc ») qui n’ont pas droit de cité dans le Dictionnaire de l’Académie.
Au demeurant, pourquoi ce titre : Le Carnaval du dictionnaire ?
Un dictionnaire en carnavalEn intitulant son dictionnaire ainsi, Pierre Véron met au jour ce qui, par-delà les époques et les cibles visées, est au cœur du discours satirique (voir Marc Angenot, La Parole pamphlétaire, Payot, 1982) : le topos du monde inversé. La satire déforme pour réformer, redresse les tordus et les torts, au nom des valeurs qu’elle défend. Or, le carnaval, extrêmement vivace encore au XIXe siècle, qui connaît son apogée avec le Mardi-Gras et la procession du Bœuf Gras et est enterré avec l’entrée en Carême, le mercredi des Cendres (voir l’entrée : « CARNAVAL — C’est si malpropre que le lendemain il faut mettre des Cendres dessus »), repose précisément sur l’inversion des rangs et des valeurs en cours : inversion d’ordre sexuel (le féminin devient masculin et vice-versa), corporel (les partie basses l’emportent sur les parties hautes, réputées nobles), social (le valet devient roi et le roi valet), linguistique (l’argot populaire, voire poissard, prend le pas sur le langage soutenu).
Il y a donc identité de nature entre la logique de la satire et la logique du carnaval et Véron en joue : non seulement il masculinise le féminin (voir l’entrée : « RELIEUR — La couturière des livres ») ou fait du « roi » un « marchand de chaînes de sûreté », mais il renverse systématiquement la « doxa » par le paradoxe : « FORÊT — Ville d’arbres », « SACRIFICE — Ne faites pas à autrui ce que vous voulez toujours qu’on vous fasse. »
Et l’on notera que, puisqu’il s’agit de faire pièce au Dictionnaire de l’Académie, au bon usage de la langue, c’est l’inversion carnavalesque linguistique que Pierre Véron cultive volontiers et il donne à l’argot populaire droit de cité (voir les entrées « Cancan », « Pigeon »…) et au gamin de Paris, incarné par Gavroche – et à son pendant féminin, la grisette, « gavroche de l’Amour » – une place de choix et de roi, témoin l’entrée « GENOU — Deux Invalides passaient. Le premier chauve, le second avec deux jambes de bois. – Lequel est le plus embêtant, fit Gavroche, n’avoir qu’un genou ou bien en avoir trois ? » car le gamin de Paris est aussi le roi du carnaval, avec son cri de ralliement : « À la chienlit ! » et, avec ses traits d’esprit, celui du Charivari, le lit du Carnaval du dictionnaire.
De la « chienlit » au CharivariEn noir et blancCommencé en 1869 et achevé, pour la publication en volume, en 1873, Le Carnaval du dictionnaire est indissociable de la défaite de Sedan (2 septembre 1870), de la chute de Napoléon III et du Second Empire et de la proclamation de la IIIe République (4 septembre 1870), et littéralement hanté pas les désastres de la guerre et, dès la Préface, Pierre Véron entend combler les lacunes du Dictionnaire de l’Académie en matière politique.
C’est que Pierre Louis Véron (1831-1900), fils de Louise Aimée Véron et de père inconnu, n’est pas seulement un polygraphe prolifique, poète à ses heures et auteur d’études et de romans de mœurs publiés comme son dictionnaire, ou réédités, chez Michel Lévy frères, tels Paris s’amuse (1861), Les Marchands de santé (1872), Le Roman de la femme à barbe (1872), et de revues, pièces de théâtre, livrets d’opéras-comiques, il est d’abord, depuis 1865, le rédacteur en chef du parangon du petit journal (genre né sous la Restauration, qui, sous couvert de matières littéraires et artistiques, attaque le pouvoir en place) : Le Charivari. Quotidien à caricatures, il avait été créé le 1er décembre 1832 (et perdurera jusqu’en 1937) par le grand entrepreneur de presse satirique du XIXe siècle, Charles Philipon (mort en 1862), à la suite du succès du journal hebdomadaire que ce dernier avait fondé le 4 novembre 1830, La Caricature, qui avait pour devise celle de la comédie satirique, « Castigat ridendo mores » [« Que l’on châtie les mœurs en riant »], et, pour emblème, Philipon, déguisé en carnavalesque fou du roi :
Philipon, au centre du bandeau de tête du Charivari du 24 novembre 1833.
Un Charivari, qui, par son titre, entend bien tympaniser (le charivari désigne en effet cette musique cacophonique qui accueille les mariages mal assortis ou les hommes politiques en disgrâce) – après la monarchie de Louis-Philippe, caricaturé en poire par Philipon – et le Second Empire et la IIIe République : non pas tant celle de Thiers, tombé le 24 mai 1873, que celle du maréchal Mac-Mahon qui impose un « ordre moral et religieux », en partisan moins de la république que de la monarchie des Bourbons (celle de la branche aînée, incarnée par le comte de Chambord, petit-fils de Charles X, futur Henri V, aux dépens des Orléans, la branche cadette, représentée par le comte de Paris, petit-fils de Louis-Philippe). Et telle est bien la visée du Carnaval du dictionnaire, dans sa version charivarique comme dans sa version en volume, par Véron-Fantasio, le fou du roi de la pièce de Musset (représentée pour la première fois en 1866).
Mais, parce que Le Charivari repose sur l’alliance du texte et du dessin, Le Carnaval du dictionnaire est en fait l’œuvre d’un auteur bifrons, en noir et blanc : pour le texte, Pierre Véron, et, pour les lettrines, Paul Hadol, alias White (qui mourra un an après la parution du dictionnaire), caricaturiste collaborateur du Charivari, du Journal pour rire, fondé également par Philipon, et auteur, en 1870, d’une féroce Ménagerie impériale qui croque littéralement Napoléon III, « Le Vautour », et son entourage politique et familial. Des lettrines historiées qui, bien loin de jouer les utilités et d’illustrer le premier mot de chaque tranche alphabétique, créent de véritables scènes qui renvoient, ou pas, à telle entrée : l’obscure entrée « NATTES — Les coiffeurs, variant une formule de 48, devraient mettre sur leur porte : Armes vendues ! » s’éclaire par les fausses nattes qui figurent dans la lettrine de la lettre « N », tandis que la lettrine de la lettre « V » évoque le départ en chemin de fer d’un jeune couple, alors même que le terme attendu dans le texte, « voyage », a pris la clé des champs !, à moins que la jeune femme, yeux baissés, apparemment enceinte et placée sous le signe « X », ne conduise à la première entrée (dans tous les sens du terme) du futur « né sous X » : « VAGISSEMENT — Où l’homme prend le la de la douleur. » Quant à la lettrine de la lettre « C » qui fait sortir la Vérité de son puits agitant devant un couple de bourgeois fort choqués leur propre caricature, révélatrice de secrets d’alcôve que ne recouvre plus le manteau d’(Amédée) de Noé, alias Cham (du nom du fils de Noé dans l’Ancien Testament),
Paul Hadol, lettrine de la lettre « C », Le Carnaval du dictionnaire, Paris, Michel Lévy frères, 2e éd., 1874, p. 61. Gravure sur bois. Coll. part.
elle renvoie bien à l’entrée « CARICATURE — La glace dans laquelle les autres nous voient », qui crée un effet de miroir avec Le Charivari, puisque Cham est l’un des principaux dessinateurs du journal, aux côtés de Daumier, d’Alfred Grévin, de Hadol ; un effet de mémoire aussi, puisque la Vérité sortant du puits et de la bouche des enfants constituait, en 1830, le motif central de l’affiche de lancement, due au crayon de Grandville, du journal La Caricature. Boucle bouclée.
Jean-Ignace-Isidore Gérard, dit Grandville, Affiche de lancement de La Caricature, 1830. Lithographie, dans John Grand-Carteret, Les Mœurs et la caricature en France, Paris, à La librairie illustrée, s.d. [1888], p. 563.
Et c’est bien ce lien consubstantiel avec Le Charivari, entrée présente et tonitruante dans la version charivarique du 17 octobre 1869 — « CHARIVARI (LE) — Quels artistes et quels rédacteurs ! quel papier ! Un trimestre 20 francs pour les départements, 18 francs pour Paris. / Pardon… J’oubliais les primes splendides » — et absente de l’édition en volume, qui définit la nature et l’écriture du Carnaval du Dictionnaire, présenté par Louis Leroy comme « le Littré du Charivari » !
Un album « Chaos » et « Photo »Le seul ordre que s’autorise Le Carnaval du dictionnaire est l’ordre alphabétique (et encore ! puisque la première édition chez Michel Lévy frères est suivie d’une deuxième, la même année, aussi en raison d’entorses audit ordre), en dehors, semble-t-il, de toute articulation logique : en ce sens, le dictionnaire emprunte à l’écriture de l’actualité (terme qui désigne aussi des séries caricaturales, dont plusieurs de Daumier), du fait détaché, sans causalité apparente, du Charivari. Mais une actualité cryptée, sous forme de jeux de mots, de calembours allusifs, sur le modèle des « carillons » du Charivari — d’où une entrée « CALEMBOURS — les doubles-fonds du langage » — selon l’usage d’un journal qui, dès 1835, avait joué contre et avec la censure préventive sur la presse et la caricature politique, remise en vigueur par la loi sur la presse du 6 juillet 1871. Ainsi, à l’article du Charivari du 1er mai 1869 intitulé « Le parfait censeur. / Petit guide pratique pour la taille, l’échenillage, la greffe et l’élagage de la littérature contemporaine / (suite.) / De l’allusion », répondent, dans le dictionnaire, les entrées « ALLUSION — L’art d’agacer les censeurs et de leur en faire trois mille livres de rente » et « CENSEUR — Un bourreau qui se prend pour un chirurgien ».
Dès lors, ce dictionnaire a tout de l’album qui, étymologiquement, désigne un carnet à feuilles blanches que les maîtresses de maison et de salon – et Véron tient salon où se côtoient journalistes, hommes politiques, écrivains, musiciens, acteurs et actrices, chanteurs et cantatrices – présentent à leurs invités de marque pour en obtenir autographes ou dessins (aussi, à l’entrée « ALBUM », Véron ne se prive-t-il pas de noter : « Et l’on dit que la mendicité est interdite ! »), avant de désigner un mode de publication romantique où le dessin est roi, et dont Aubert, le beau-frère de Philipon, éditeur de « pittoresques », c’est-à-dire de publications illustrées, et du Charivari, s’était fait une spécialité. Ainsi, l’entrée : « ROYALISTE — Se rappeler la légende de Gavarni : — Ma chère, fidèle comme un caniche. / — Et ça rapporte ! », joue en fait avec la légende de Talin et le crayon de Damourette, dans le onzième des Petits Albums pour rire, intitulé Les Lorettes, vendus au bureau du Journal pour rire, autre création de Philipon :
Talin et Damourette, Petits Albums pour rire, n° 11, Les Lorettes. 3e partie, Paris, Librairie Maresq et au bureau du Journal pour rire, s.d. [1855]. Gravure sur bois. Coll. part.
Accumulation et énumération de définitions fourrées, à double entrée, par le texte et par l’image, et à double, voire triple fond, Le Carnaval du dictionnaire fait bien figure d’Album Chaos (1840-1841), l’un des titres … de gloire d’Aubert !
« Album Chaos », « Album Photo » aussi. En effet, dès la Préface, la référence revendiquée à la photographie frappe, et pas seulement les académiciens, incapables de « fixer » la langue : « Vous me faites l’effet, sauf votre respect, d’un photographe qui, l’objectif braqué, se tiendrait en arrêt devant un modèle dont les gambades ne voudraient prendre aucun souci des instances réitérées du fameux N’bougeons plus ! » (p. III-IV). Et Véron de constituer la photographie en modèle, pour critiquer l’historiographie en cours et promouvoir une nouvelle écriture de l’histoire, celle du journal : « HISTORIEN — Est-ce qu’il ne vous fait pas un peu l’effet d’un photographe qui opérerait par correspondance ? ». S’éclaire alors la référence-révérence à Félix Tournachon, dit Nadar, l’homme de la photographie mais d’abord de la caricature, qui avait dirigé, de 1849 à 1862, date de la mort de Philipon, l’atelier de caricature du Charivari et poursuivi ensuite sa collaboration au journal comme au Journal pour rire et publié plusieurs Albums pour rire, vendus au bureau dudit. Un Nadar qui, en 1871, est au cœur de l’actualité non seulement par la plume et le crayon mais aussi par le ballon, puisque, passionné d’aérostation (voir l’entrée « OISEAU — Un Nadar arrivé à son but ») et concepteur d’un ballon baptisé Le Géant, il avait créé une compagnie d’aérostiers (voir l’entrée « AÉROSTATS ») pour acheminer le courrier de Paris vers la province, lors du siège de Paris par les Prussiens.
Album Chaos-Photo, Le Carnaval du dictionnaire semble donc écrire l’histoire à la façon des Ana, recueils d’anecdotes, de pièces détachées, qu’il définit d’ailleurs comme « le bric-à-brac de l’esprit ». Mais ce serait oublier que l’« Anecdote » y est vue comme « le poussier des mottes de l’histoire » : Le Carnaval du dictionnaire n’est pas forcément le chaos que l’on pense.
De l’« Album Chaos » à l’« Album Écho »Lignes de fond et de frontÀ lire de près Le Carnaval du dictionnaire, apparaissent des associations d’idées et de mots, d’une entrée à l’autre. Ainsi, l’entrée « HARICOT » offre une énigmatique définition réduite à trois points de suspension, habile façon de faire l’impasse sur la définition argotique de « musicien », mais aussi de conduire souterrainement à l’entrée « HARPE — Encore de la musique », qui, toujours en argot, signifie la « grille de la prison », et ce, via « l’Hôtel des haricots » !, dénomination argotique de la maison d’arrêt des « individus » (le plus souvent des écrivains et des artistes) coupables de n’avoir pas rempli leur devoir de garde national, et auquel le journaliste Albert de Lasalle avait consacré, en 1864, une étude de mœurs, illustrée par Morin, collaborateur et du Charivari et du Journal pour rire !
Edmond Morin, page de titre de L’Hôtel des haricots d’Albert de Lasalle, Paris, E. Dentu éditeur, 1864.
Plus profondément, se mettent en place de véritables lignes de fond – celles de la satire de l’amaigrissement contemporain des femmes, obligées d’avoir recours à l’artifice (de l’entrée « APPAS — Doit, hélas, se lire souvent : A pas » à celle de « SEIN — Voilà qui donne trop bien raison à l’axiome : les absents ont toujours tort », en passant par « COTON — Rassurez-vous, Madame, je ferai comme si je ne savais rien ») ou de l’adultère (avec les entrées « BISCORNU », « CORNES », « JAUNE », « JAUNISSE »…), par qui est né de « père inconnu » – et, surtout, des lignes de front. Il s’agit bien pour Pierre Véron, à l’unisson de ses « Bulletins politiques » quotidiens publiés dans Le Charivari, de s’en prendre à l’alliance du sceptre, du sabre et du goupillon (voir cette entrée), représentée d’abord par Napoléon III (protégeant jusqu’à la défaite de Sedan, contre les visées de Garibaldi, les états du pape Pie IX en même temps que l’électorat catholique français) puis par la présidence du maréchal Mac-Mahon, légitimiste favorable au retour de la branche aînée des Bourbons et à l’ultramontanisme, c’est-à-dire l’allégeance, par-delà le pouvoir spirituel du pape, à son pouvoir temporel dans le gouvernement de l’église catholique de France, dont le journal de Veuillot, L’Univers, s’était fait le champion. D’où, à la lettre « U », la succession des entrées « ULTRAMONTAIN » et « UNIVERS (JOURNAL)», mais, surtout, la mise en place d’un système de renvois plus ou moins explicites d’une entrée à l’autre, témoin « CHRÉTIEN — Ne pas voir ultramontain. »
Lignes de front sur fond de basse continue : associée à l’illusion religieuse (dont le Jésuite est l’incarnation), la dénonciation de l’illusion de la gloire militaire notamment dans une guerre où les généraux sont vus comme des pleutres et les soldats comme de la chair à chassepot, le nouveau fusil à aiguille dont les fervents de Napoléon III s’étaient enorgueillis. D’ « ASSAUT — Le carnage sur une grande échelle », à « TUERIE — Les semailles de la gloire », en passant par « BOUCHERIE — Fabrique de croix d’honneur en plein vent (un tacticien) » ou « LAURIER — La vilaine plante arrosée de sang ! », le dictionnaire entonne l’anticléricale litanie des saints morts pour rien.
Critique à l’égard des périls du chemin de fer, c’est néanmoins un véritable système de « correspondances », dont témoignent les variantes (indiquées dans les notes) entre la version initiale parue dans Le Charivari du 24 avril 1869 au 5 janvier 1873, et les tranches complémentaires, publiées par le même journal, du 22 janvier au 4 avril 1873, en vue de l’édition en volume, que met donc en place Le Carnaval du dictionnaire, capable, après Hugo, plusieurs fois convoqué, de mettre le « chaos en magasin ».
Le « chaos en magasin »Nés de la révolution de juillet (27-28-29 juillet 1830), les journaux La Caricature et Le Charivari ne se contentent pas de coups d’épingle contre la monarchie de juillet et son roi constitutionnel, Louis-Philippe — « la meilleure des républiques », avait lancé La Fayette à son avènement –, ils se livrent à une critique radicale du fondement du pouvoir par la « charge », doublet de la « caricature », qui pèse et qui pense.
En effet, dans le discours textuel et visuel, « iconotextuel », de ces journaux d’opposition, Louis-Philippe est associé à la Terreur, en tant que fils de Philippe-Égalité qui, en signant la mort de Louis XVI, a signé le coup d’envoi de la Terreur, témoin cette caricature de « Félicité Monarchie » par Gavarni sur une légende de Philipon (La Caricature, 26 juillet 1832) :
[Guillaume-Sulpice Chevallier, dit Gavarni,] « Mlle MONARCHIE (Félicité Désirée) », Le Charivari, 26 juillet 1832. Lithographie coloriée. Coll. part.
Or, avec la mort de Louis XVI, ce qui est signé et sonné, c’est le glas du « double corps du roi » (Ernst Kantorowicz), l’alliance de son corps humain et de son corps glorieux, sur le modèle de celui du Christ : ne reste que le corps adipeux ; le fondement sacré, divin ou laïc, du pouvoir a vécu. C’est tout le sens de la fameuse poire de Philipon appliquée à Louis-Philippe et emblème de la monarchie de Juillet : associée à la poire à lavement (et figure de la blague, rire moderne de la Terreur – à laquelle Le Carnaval du dictionnaire réserve une entrée –, cette plaisanterie trompeuse et hâbleuse qui ne cache rien mais crée à partir de rien, ce plein-vide qui repose non sur l’inversion des valeurs de la satire, mais sur leur réversibilité, et, dès lors, sur leur mise à plat et à mort), elle vide le pouvoir de son fondement sacré, voire de tout fondement. La caricature met ainsi en lumière la tabula rasa de la Terreur de 1793, reconduite symboliquement par 1830, puis par un Napoléon III qui a enté son pouvoir sur un coup d’État, et, partant, elle dit l’impossibilité de fonder une histoire nationale, mais, ce faisant, elle entend, par et sur la pierre lithographique, fonder et écrire la seule histoire nationale possible : l’histoire caricaturale, c’est-à-dire par la caricature. Dès le 6 décembre 1832, Le Charivari voulait créer une véritable mémoire du temps présent avec la publication des caricatures parues depuis 1830, conçues comme des « matériaux pour l’histoire de notre temps ». Dès lors, le journal se constitue en stock, en magasin, en mémoire vive du temps présent, que l’on peut sans cesse réactiver, témoin cette caricature parue dans le Journal pour rire du 11 mars 1848 : « DESSIN PUBLIÉ EN 1834 DANS LE JOURNAL LA CARICATURE », qui reprend explicitement une planche de Traviès parue dans La Caricature du 23 décembre 1833, très exactement :
C’est bien cette logique qui est à l’œuvre dans Le Carnaval du dictionnaire, tout imprégné du discours charivarique – et d’autant plus que Thiers (ancien ministre de Louis-Philippe), chef du pouvoir exécutif jusqu’au 24 mai 1873, avait agité contre la Commune réprimée dans le sang, « le spectre de 1793 », pour mieux asseoir une république dans la lignée de 1789. Nombre d’entrées en effet ne se comprennent que par allusion (ou collusion) implicite à telle caricature politique parue dans le journal ou dans ses homologues, comme L’Éclipse où officie André Gill, qui, en 1879, ne manquera pas de faire figurer Pierre Véron, son frère en esprit, dans Les Hommes d’aujourd’hui (n° 59) :
André Gill, « Pierre Véron », dans Les Hommes d’aujourd’hui, n° 59, 1879. Lithographie coloriée. Wikipedia.
Ainsi, l’entrée « AFFRANCHISSEMENT — Ce qui fait dire à plus d’un peuple Si j’étais petit papier ! », déjà présente dans Le Charivari du 11 mai 1869, prend un sens nouveau grâce à l’ambivalente caricature du même nom d’André Gill, parue dans L’Éclipse du 6 avril 1873 : Thiers y figure en timbre-poste apposé sur l’Alsace-Lorraine, parce qu’il avait augmenté les impôts indirects, dont le droit sur le papier en septembre 1871, mais pour rembourser l’emprunt levé pour payer avant l’échéance l’indemnité due à la Prusse, selon le traité de Francfort du 10 mai 1871, et libérer ainsi le territoire, à l’exception néanmoins de ladite Alsace-Lorraine, annexée par la Prusse :
André Gill, « L’Affranchissement », L’Éclipse, 6 avril 1873. Lithographie coloriée. BnF. Gallica.
De même, l’entrée « TYRAN — Un serin de proie » ne s’éclaire que par la caricature du fils unique de Napoléon III représenté en serin par Hadol dans sa Ménagerie impériale :
Paul Hadol, « LE REJETON IMPÉRIAL », dans La Ménagerie impériale, n° 3, Paris, au Bureau des Annonces, 1870-1871. Lithographie aquarellée. BnF. Gallica.
Clé et clou de la constitution et de l’activation de cette mémoire vive par la caricature, la seule mémoire nationale désormais possible en ce siècle enté sur et hanté par la Terreur à tête de Méduse, l’entrée « CASSE-TÊTE — Instrument ancien, à la vue duquel les Parisiens étaient pietrifiés », qui figurait déjà dans Le Charivari du 10 octobre 1869, mais qui trouve et fait un nouvel éclat, dans l’édition de 1873, avec l’« Apothéose » de Faustin, où, selon la réversibilité caractéristique de la Terreur qui indifférencie, rase et arase tout, brillent, tête et sifflet coupés, Napoléon III et son préfet de police expéditif et exécutif, Pierre-Marie Pietri :
Faustin Betbeder, dit Faustin, « Apothéose », 1870. Lithographie coloriée. Musée Carnavalet. Paris Musées.
À l’image du Charivari, Le Carnaval du dictionnaire se constitue donc, par la caricature, en magasin, en musée national d’un temps présent en deuil de tout fondement (révélatrice à cet égard, dans le numéro du Charivari du 25 janvier 1872, sous le titre générique de « Musée Charivari », une planche de l’illustrateur du dictionnaire, Hadol, intitulée « Memento charivarique 1871 »), avec ses galeries et rencontres souterraines. La définition scatologique de « Riz », qui fait des sorties du général Trochu lors du « siège » ! de Paris des « rentrées », répond à celle de « RETIRER (SE) » : « Pour simplifier les bulletins officiels du siège de 1870 et économiser le papier, moi je n’en aurais fait qu’un seul mot : Se retirerenbonordrer […] », qui renvoie à la caricature d’Émile Evrard parue dans le deuxième numéro du Lampion (1870), intitulée « La Retraite en bon ordre », où un général Trochu en lièvre tricéphale (le roi de Prusse, Bismarck et Napoléon III) fuit et fuite sur les territoires occupés par les Prussiens, abandonnant derrière lui, à tous égards, la Liberté cadenassée, avec cette légende : « L’H en moins dans son nom / Explique le recul / Pour sauver la nation / Il était bien Tro… ? ».
Émile Evrard, « LA RETRAITE EN BON ORDRE », Le Lampion, n° 2, 1870. Musée Carnavalet. Paris Musées.
Ainsi, le chaos est littéralement mis en magasin et, d’ « Album Chaos », Le Carnaval du dictionnaire se mue en « Album Écho », mieux encore peut-être, en « Album zutique ».
Un « Album zutique » ?Pierre Véron choisit, en effet, d’achever son Carnaval du dictionnaire sur deux notes : le « i » de la chaotique zizanie et le « ut » de « Zut » :
« ZIZANIE — Je ne crois pas qu’on puisse terminer un dictionnaire par un mot plus français…
À moins que, comme adieu, vous ne préfériez celui-ci :
ZUT ! »
Notes en parfaite harmonie charivarique, puisque « Zut » (qui, selon le Dictionnaire historique d’argot de Lorédan Larchey, viendrait de l’interjection régionale « ut », « hors d’ici », combinée avec l’ut musical de l’expression parisienne : « je te dis ut en musique ») est, avec « À la chienlit ! », le mot du roi du carnaval, le gamin de Paris, figure tout à la fois du peuple en enfance à éduquer, dont Véron, parodiant Buffon, affirme dès la Préface : « la langue, c’est le peuple même », et instrument de son éducation ou plutôt de sa rééducation, par la caricature. Depuis les débuts du Charivari et dans toute la presse satirique du XIXe siècle, le gamin de Paris est l’enfant des traits d’esprit, lazzi ou graffiti, capable de soulever des montagnes… de barricades, parce qu’il sait en 1874 puiser dans le magasin des accessoires qu’il a lui-même constitué depuis 1832. C’est bien au dessin, à la lettrine de Hadol pour la lettre Z que revient le dernier mot du dictionnaire : salue le public un gamin de Paris, déguisé en fou-folle de carnaval avec ses grelots, qui a tout du Philipon de La Caricature et du Charivari de 1832, et répond au nom de « Zut », pseudonyme d’Alfred … Le Petit ! (1841-1909), fondateur de La Charge en 1870, collaborateur du Charivari et caricaturiste attitré de son jumeau, Le Grelot, né en 1871 :
Paul Hadol, « Zut ! », Le Carnaval du dictionnaire, Paris, Michel Lévy frères, 2e éd., 1874, p. 281. Gravure sur bois. Coll. part.
Le Carnaval du dictionnaire de Véron-Fantasio : le frère en esprit de l’Album zutique de Rimbaud, hôte assidu de La Ménagerie impériale de Hadol et de La Charge de Zut, qui avait publié, le 13 août 1870, ses « Trois baisers », future « Première soirée »…
Alfred le Petit, « Zut », La Charge, 15 mai 1870.
Si le dictionnaire de Véron et de Hadol est parvenu à réveiller les Immortels, qui publieront le leur, quatre ans plus tard, il aura inspiré aussi le Flaubert du Dictionnaire des idées reçues, jouant, avant lui, des épinards de M. Prudhomme (« MISANTHROPE — Ce n’est pas comme pour les épinards. Il ne peut pas souffrir les hommes » ; GOUVERNEMENT — Je ne le suis pas, et j’en suis bien aise, car si je l’étais je ne m’aimerais guère, et je tiens à ma propre sympathie », Le Carnaval du dictionnaire ; « ÉPINARDS — […] Ne jamais rater la phrase célèbre de Prudhomme : “Je ne les aime pas, j’en suis bien aise, car si je les aimais, j’en mangerais, et je ne puis pas les souffrir” […] », Dictionnaire des idées reçues) ; jouant, surtout, avec lui, bien loin d’une supposée univocité satirique, de l’équivocité, mieux, de la plurivocité, grâce à un discours textuel et visuel à multiples foyers : Le Carnaval du dictionnaire, un dictionnaire assurément « à toutes voi(e)x » !
De Flaubert à Baudelaire, tous deux lecteurs accomplis du Charivari, il n’y a qu’un pas. Issu dudit Charivari, Le Carnaval du dictionnaire se nourrit des mots et maux à la mode, qui, bientôt démodés, le voueraient, semble-t-il, soit à une actualisation perpétuelle – l’entrée « ATTICISME — Et ta sœur ? (Un Athénien de 1869), parue dans Le Charivari du 4 juillet 1870 est signée « (Un Athénien de 1873) » dans l’édition Michel Lévy — soit à un effacement de l’actualité : à preuve, dira-t-on, la disparition de la campagne de personnalités, présentes dans les entrées parues dans Le Charivari de 1869, contre le député républicain Émile Ollivier, devenu fervent député bonapartiste et bientôt ministre de Napoléon III en 1869, en vue d’une « libéralisation » du régime. Ainsi, l’entrée « ACCOMMODANT — Voir aux noms propres ÉMILE OLLIVIER » de la version charivarique du 29 avril 1869 devient dans le volume de 1873 : « Nom d’amitié des traîtres ». Mais c’est précisément dans cet accommodement ou, plus exactement, cette constante accommodation que gît la vertu non de l’actualité, mais de la modernité toute baudelairienne du Carnaval du dictionnaire, qui consiste à « tirer l’éternel du transitoire » (Le Peintre de la vie moderne), c’est-à-dire non à supprimer le transitoire mais, à l’inverse, à l’exprimer dans sa quintessence, et à faire accéder ainsi l’œuvre non à une improbable atemporalité mais à une véritable contemporanéité qui la rend toujours « de circonstance », maître-mot de l’homme moderne, selon le Vautrin du Père Goriot (bien présent dans le dictionnaire : « PÉLICAN — Un père Goriot à plumes »). C’est ainsi que l’entrée « AFFRANCHISSEMENT », présente dans la version charivarique du 11 mai 1869, libère, dans l’édition de 1873, un nouveau souffle, évoqué plus haut, de même que l’entrée « ANNEXION — Nouveau procédé pour faire du ciment avec de la poudre », parue dans Le Charivari du 26 mai 1869, prend, dans le volume de 1873, une acuité particulière après la guerre franco-prussienne de 1870-1871 et l’annexion de l’Alsace-Lorraine. S’éclaire alors le titre originel donné à ce dictionnaire dans Le Charivari (avant celui de « Dictionnaire anti-académique ») : « Dictionnaire de l’avenir », non parce qu’il ferait office d’Almanach de Mlle Lenormand (notre Mme Soleil !), mais parce que, par sa moderne contemporanéité, il voit le présent dans « son antiquité à venir », selon l’heureuse formule de Loïc Chotard (Nadar. Caricatures et photographies, 1990) et, partant, tel le gamin de Paris, « tout en nouveauté ». Aussi est-ce en ce sens et à ce titre !, que le Fantasio du Carnaval du dictionnaire peut bien dire : « Je vous dis flûte, je vous di-z-ut :
“Elle est retrouvée.
Quoi ? – L’Éternité !” ».
Pour l’équipe éditoriale,
Nathalie Preiss.
Messieurs et vénérés immortels,
Souffrez qu'un très-humble mortel vous dédie un livre dont il va avoir l'honneur de vous expliquer et le but et la donnée.
Voici déjà, messieurs, plus d'un siècle que votre illustre corporation a entrepris un gigantesque travail pour lequel il semble qu'elle se soit assuré le concours de très-célèbre dame Pénélope, de classique mémoire2.
Ce travail, c'est le fameux dictionnaire dont la problématique existence a pris place dans les traditions populaires à côté des poules qui doivent avoir des dents , du barbier qui doit raser gratis demain, du merle blanc et de la semaine des quatre jeudis3 .
Jusqu'à présent, il faut le reconnaître, vous fîtes tout pour justifier le scepticisme de la nation française à votre endroit, et vous ressemblez fort au bonhomme de l'ancienne caricature qui, désireux de se vêtir à la mode, attendait tout nu, une pièce d'étoffe sous le bras, que ladite mode eût cessé de changer.
Cette constatation, messieurs et vénérés immortels, je ne la fais point pour vous accabler.
Tout au contraire ; elle vient plaider en votre faveur les circonstances atténuantes.
Oui, ceux qui vous narguent, ceux qui vous persiflent, ceux qui vous raillent, ceux qui vous dénigrent (hein ! quelle richesse de synonymie !), ceux-là ne se sont pas rendu un compte exact des difficultés quasiment insurmontables de votre tâche.
Elles peuvent cependant s'expliquer en quelques mots, par une comparaison dont je me plais à proclamer la justesse avec cette modestie qui est le propre de tous les inventeurs, y compris ceux qui n'ont jamais rien inventé du tout.
Vous me faites l'effet, sauf votre respect, d'un photographe qui, l'objectif braqué, se tiendrait en arrêt devant un modèle dont les gambades ne voudraient prendre aucun souci des instances réitérées du fameux N'bougeons plus4 !
Comment arriver à perpétrer une épreuve en présence de ces sempiternels soubresauts ?
La langue française, messieurs et vénérés immortels, n'est pas moins cabriolante que le modèle supposé ci-dessus. Tantôt c'est ce cancan des mots qui s'appelle l'argot, tantôt c'est la danse de Saint-Guy du néologisme5. Les contorsions de notre fantasque idiome donneraient le droit de lui adresser ce refrain connu de Béranger :
Paillass', mon ami,
N'saut pas à demi,
Saute pour tout le monde6.
Pendant ce temps, vous autres, photographes du substantif et de l'adjectif, vous demeurez là bouche béante, ahuris, effarés, regardant avec stupéfaction dans la chambre noire ces dégingandements ; impuissants, par conséquent, à fixer le moindre cliché et à faire un semblant d'ordre de tous ces désordres.
Hélas ! messieurs et vénérés immortels, ce qui m'afflige profondément dans votre cas, ce n'est pas votre déconvenue. Je suis convaincu même, pour le dire tout net, que j'en rirais volontiers, en vertu de ce don gracieux de la nature humaine qui arrache invariablement à un homme un gros éclat de gaieté quand il voit un de ses semblables tomber de son haut, en voulant s'asseoir sur une chaise absente.
Par malheur, la question est plus grave qu'elle n'en a l'air et que vous ne le soupçonnez peut-être vous-mêmes.
Victor Hugo a dit quelque part :
Car le mot, c'est le Verbe, et le Verbe, c'est Dieu7 !
Je ne le prendrai pas de si haut, étant d'avis que les choses de la terre nous intéressent de plus près que les comparaisons métaphysiques.
Mais, en vile prose, je me permettrai d'affirmer que les nations n'ont jamais que la langue qu'elles méritent. Je pourrais ajouter, en dévalisant par-dessus le marché M. de Buffon, que la langue, c'est le peuple même.8
Ceci est aussi vrai que cela, par l'excellente raison que ceci et cela disent absolument la même chose.
Or, messieurs et vénérés immortels, depuis quelque temps et à mesure qu'elle avance en âge, la langue française, il faut bien le dire, procède de façon à donner une assez piètre idée du peuple français.
Sous ce rapport, comme sous tant d'autres, le besoin d'une régénération se ferait impérieusement sentir.
Cette décadence simultanée de la morale publique et du langage, on peut la suivre pas à pas, et sous toutes les formes.
Jadis, par exemple, nous passions pour un modèle d'urbanité9, d'élégance et de distinction... Distinction, élégance, urbanité, autant de vocables absolument et irrémédiablement démodés.
Pour les remplacer, on a inventé d'abord le chic. Avoir du chic, cela tint lieu de tout. Les femmes le plus hautement mondaines sacrifièrent à ce faux dieu et se mirent à la chicolatrie... Excusez le barbarisme, mes immortels, vous en avez vu tant d'autres !
Bon gré, mal gré, il fallut se teinter de débraillé. Le chic, vous dis-je, tout pour le chic ! Parodier les demoiselles de joie qui en étaient les plus directes dépositaires devint le rêve des grandes dames en renom.
Et l'on ne devait pas s'en tenir là ! Après le chic est venu le chien10 !
Voilez-vous la face si vous voulez, ô mes immortels, afin de rougir plus à l'aise, mais il est nécessaire que vous m'entendiez jusqu'au bout, parce que je dis la vérité. Avoir du chien est l'expression qui fleurit aujourd'hui11 et à laquelle on ne s'arrêtera probablement pas. Déjà même avoir du zinc lui fait une traîtreuse concurrence.
Les deux signifient d'ailleurs même chose. C'est l'encanaillement12 élevé à la hauteur d'un art ; j'allais écrire : d'un sacerdoce !... Quand je vous assurais que la langue est le miroir inexorable des mœurs !
Autrefois aussi, la courtisane étant une race parquée et circonscrite, on se contentait d'un seul mot pour la désigner.
Mais, la profession ayant ouvert partout ces étalages, force fut de multiplier les enseignes. C'est pourquoi, messieurs, les termes se succèdent avec une rapidité qui défie votre poursuite. C'est pourquoi la cascade de néologismes rebondit de lorettes en biches, de biches en cocottes, de cocottes en gommeuses, de gommeuses13 en... La suite au prochain abêtissement.
Jadis (je passe à un autre ordre d'idées pour mieux parfaire ma démonstration), jadis la Mort était pour tous le mystère insondable devant lequel se découvrait l'unanime respect.
Pour attester que nous ne respectons plus rien, nous avons exécuté sur le sombre verbe mourir cinquante variations irrévérencieuses et stupides.
Éteindre son gaz, remercier son boulanger, dévisser son billard, lâcher la rampe... que sais-je, moi ?
Quant à vous, dont le devoir est de savoir, combien je comprends vos perplexités en face de ces cyniques débordements !
En d'autres temps encore, l'enfance était une sainte chose qu'entouraient à la fois les sollicitudes et les tendresses de tous.
Le Puero reverentia était une devise que la France s'était soigneusement appropriée.14
Allez-y voir à présent ! L'enfant, de par l'argot immonde, est devenu un gosse ou un moucheron .
Un moucheron! Comme on devine dans ce mot l'ardent désir qu'ont les papas et les mamans de se débarrasser de ce parasite importun !
Je pourrais poursuivre, messieurs, mais je craindrais de lasser votre patience. Et, d'ailleurs, j'en ai dit assez pour étayer mes conclusions, établies d'avance.
Ainsi que je l'avais posé en principe, il est vrai, cruellement vrai, horriblement vrai que nos décrépitudes marchent de pair, que ce qu'on parle et ce qu'on pense dégringole en même temps les mêmes degrés.
Il est vrai aussi que cette dégringolade ininterrompue rend votre besogne à peu près impossible, des ivraies nouvelles poussant à mesure que vous vous évertuez à les cataloguer.
Que serait-ce donc si j'abordais la question sous une autre face, la face politique ! C'est là que l'impossibilité de votre œuvre apparaîtrait plus évidente encore !
Tous les dix ans, c'est un bouleversement complet de toutes les idées et de toutes les définitions. Ce qu'on adorait on le brûle ; les Capitoles se changent en roches Tarpéiennes15, l'apothéose fait place à la boue et réciproquement.
Un jour, je suppose, le mot liberté reçoit tous les hommages : le lendemain, il est l'objet de toutes les calomnies. Un jour, le despotisme est honni et conspué ; le lendemain, on se vautre à ses pieds dans l'effarement d'une panique.
Le substantif miracle ne provoque, durant une période, que sourires et haussements d'épaules. Survient un changement à vue, et l'on parle presque de brûler vifs ceux qui ne s'agenouilleront pas devant lui.
De même, messieurs et vénérés immortels, de mille autres expressions de la langue politique, sans compter que les confusions de notre tour de Babel16 vont plus loin encore et que vous y entendez à la fois et à la même heure bafouer à droite et exalter à gauche les expressions dont il s'agit.
Comment vous y pourriez-vous reconnaître ? Comment débrouilleriez-vous cet inextricable écheveau qui s'emmêle chaque jour davantage ?
Jamais, je le crois, et je le crains, vous ne réaliserez cette utopie. Aussi, loin de faire chorus avec vos accusateurs, je ne pense à vous qu'avec la plus entière compassion.
C'est cette compassion qui m'a déterminé à entreprendre le petit travail que j'ai l'honneur de soumettre à votre approbation éclairée.
Les petits ruisseaux font, dit-on, les grandes rivières. Puisse mon mince filet d'eau vous être de quelque secours ! J'y ai mis une pointe de vinaigre pour qu'elle parût un peu moins fade. Aurai-je réussi ?
Ou bien, si vous préférez un autre ordre de comparaison, lorsqu'il s'agit de construire quelque important édifice, il est d'usage d'élever à côté, pour les besoins du service, une modeste baraque en planches.
Mon livre, c'est la baraque en question.
Je m'en console en songeant qu'en notre beau pays les édifices trop ambitieux ne reçoivent presque jamais leur couronnement, que les baraques y ont souvent la vie plus longue que les palais et qu'enfin le provisoire est ce qui, à notre époque, a le plus de chances de durée.
Et sur ce, messieurs et vénérés immortels, je prie Dieu pour que, sur vos palmes vertes, il cesse de pousser des fleurs de pavot17.
Votre très-humble serviteur,
Pierre Véron
Lettrine A :
ABAISSEMENT — Moyen de parvenir, fort en honneur au XIXe siècle1.
ABANDON — En chœur :
— Oh ! les hommes !
— Dieu ! les femmes !2
ABBAYE — Inutile dulci3.
ABATTOIR —
Ne pouvant rien créer, il ne faut rien détruire4.
(Vers connu.)
ABDICATION — Mouvement de magnanimité par lequel, en général, un prince cède sa couronne à un autre5... quand son peuple vient de la lui reprendre.
ABEILLES — « Chastes buveuses de rosée6. » Il y en a aussi en or ; ce ne sont pas les mêmes.
ABÊTIR — Vieux mot remplacé par veuillotiser7.
ABJURER — Changer son cheval borgne pour un aveugle8.
ABONDANCE (parler d') — Se dit entre autres d'un ministre qui traite du dénuement du budget9.
ABONNÉ — Souverain qui règne, mais ne gouverne pas10.
ABSENCE — Fontaine de Jouvence des prétendants11.
ABSENT — On lit dans les faits divers :
« Hier, au moment où tous les locataires venaient de se rendre à leur travail, une maison de la rue de *** s'est écroulée. » Et l'on dit que les absents ont tort12 !
ABSINTHE — Ivresse et poison. Double raison pour laquelle elle devrait s'appeler du vert... de gris13.
ABSOLUTISME — Procédé pour être maître de tout le monde... excepté de soi-même14.
ABSOUDRE — Dire : Oui quand on croit : Peut-être15.
ABSTENTION — C'est l'instant de nous montrer, cachons-nous16!
ABSTINENCE — Avez-vous vu comme ça les maigrit17!
ABSURDE — Tout ce qu'on ne pense pas18.
ABUS — Ce qui soutient les mauvais régimes, — comme la corde soutient le pendu19.
ABRICOT (couleur) — Ousqu'est ma guitare20 ?...
ACADÉMIE — Quarante appelés et peu de lus21 .
ACCENT — Le fumet de la prononciation22.
ACCIDENT — Nom que les princes donnent d'ordinaire aux révolutions, même à celles qui les ont élevés. Dans ce dernier cas ils ont presque toujours raison23.
ACCLAMATIONS — Ça se vend à prix fixe à la Belle Jardinière de la popularité, mais on en a rarement pour son argent24.
ACCLIMATATION — Opération qui depuis cinquante ans réussit très-bien en France pour les plantes et très-mal pour les dynasties25.
ACCOMMODANT — Nom d'amitié des traîtres.26
ACCORD (bon) — Chœur pour bouches à feu, exécuté en chassepot majeur par l'orphéon des puissances27.
ACCORDÉON — Un soufflet dont malheureusement on n'a pas le droit de demander raison.28
ACCORDEUR — Maréchal des logis29 de la musique.
ACCOUCHEMENT — Un quart d'heure de Rabelais qui dure quelquefois deux jours30.
ACCROC — À une robe ?... Le maladroit ! — À une constitution ?... Bien joué tout de même31 !
ACHETER — Verbe trop actif en temps d'élections.
ACTE — Frère ennemi de la parole...32
ACTIONNAIRE — La seule espèce de mouche qui se prenne avec du vinaigre33.
ACTIONS — Titre qui vaut rarement possession.
ACTIVEMENT — Neuf mois s'il s'agit d'une loi pour la liberté de la presse, — vingt-quatre heures s'il s'agit d'une loi de sûreté générale34.
ADDITIONNELS (centimes) — Les verrues du budget. — On voudrait bien nous les faire prendre pour des grains de beauté35.
ADHÉSION — Quand elle dit : Je me donne, traduisez neuf fois sur dix : Je mevends.36
ADMINISTRATION — Si seulement, tout long qu'il est, ce diable de mot-là ne nous coûtait annuellement que cent millions par lettre !
ADMIRATION — Sentiment qu'on n'éprouve guère qu'en se plaçant devant un miroir.37
ADMIRER — Action qui peut vous faire décorer si elle s'adresse à un fonctionnaire, et emprisonner si elle s'adresse à un démocrate.38
ADOPTER — La seule raison d'être de trop de députés.39
ADRESSE —
Vous parliez, j'en suis fort aise.
Eh bien ! votez maintenant.40
ADULTÈRE — Trinité qui parvient rarement à être un mystère.41
ADVERSITÉ — École... non mutuelle42.
AÉROSTATS — Le jeu de boules du vent43.
AFFAIRES — Tir aux pigeons.44
AFFECTION — Ô logique d'un temps où aimer passe pour une folie !
Le même mot pour signifier maladie et amour !
AFFICHE — Les murs se laissent faire ; les candidats en abusent.
AFFRANCHISSEMENT — Ce qui fait dire à plus d'un peuple : Si j'étais petitpapier !45
AFFRONT — On en mourait jadis ; on en vit aujourd'hui.
AFFUBLER (s') — La façon dont vos amies s'habillent, n'est-ce pas, madame ?46
AGACERIES — L'absinthe de l'amour. Ça passe pour ouvrir l'appétit, moi je trouve que ça le coupe.47
ÂGE — Le seul secret que les femmes sachent garder.
AGENDA — Mémoire de poche.
AGENOUILLER (s') — Faire un angle qui prouve que la ligne droite n'est pas le plus court chemin de la terre au ciel.48
AGENT — Membre de la congrégation de l'Infaillible Emprisonnement.49
AGIOTAGE — Fumier dont les champignons sont vénéneux.50
AGNUS — Il paraît que ça se vend bien.51
AGONIE — Un passage ou une impasse ???
AGRAFES — Les verroux de la décence.52
AGRONOME — Laboureur en chambre.53
AIGUILLE — Les femmes ne veulent plus de celles qui servent à coudre. Les hommes ne veulent plus que de celles qui servent à découdre.54
AIGUILLEUR — Homme qui tient une aiguille à laquelle est attaché le fil de notre vie.55
AILES — L'ascenseur des oiseaux.
Nota. — Celui-là, malheureusement, ne laisse pas voir ses ficelles56.
ALARMISTE — Mouchard sans le savoir.57
ALBUM — Et l'on dit que la mendicité est interdite.58
ALCORAN — Un des trois cent soixante livres où l'on prétend que Dieu a opéré lui-même... et surtout sans succursale.59
60ALCÔVE — Repaire de volés.
ALEXANDRIN — L'éléphant de la poésie.
ALIBI (prouver un) — Signer la feuille d'absence.61
ALINÉA — Les relais de la polémique. Les chevaux poussifs en abusent.62
ALLELUIA — Dire merci sans savoir à qui.63
ALLIANCE — Le merle blanc de notre politique extérieure.
ALLOPATHIE — Ancienne compagnie des pompes funèbres, furieuse qu'on soit venu créer des concurrences à son monopole64.
ALLUSION — L'art d'agacer les censeurs et de leur en faire trois mille livres de rente65.
ALOUETTE — Horloge dont Roméo fut le Bréguet66. Les amoureux trouvent toujours qu'elle avance.
ALTESSE — Titre qui ne prouve pas que les princes sont hauts, mais que les hommes sont bas.
AMABILITE — Les bonbons de la conversation.67
AMBASSADEUR — Baromètre qui indique toujours le temps qu'il ne fera pas.
AMBITION — La mienne ? qu'elle est noble ! — La leur ? pouah !68
AMBULANCE — La gloire dans son intérieur.69
ÂME — Une fatuité sublime.
AMENDE — Ce que le journaliste rencontre trop souvent dans le fruit de ses veilles.70
AMEUBLEMENT —
Ces dames, quand on veut leur parler sentiment trouvent que ce mot-là rime admirablement71.
AMITIÉ — Un parapluie qui a le défaut de se retourner dès qu'il fait mauvais temps.
AMNISTIE — Acte par lequel les souverains pardonnent le plus souvent... les injustices qu'ils ont commises72.
AMORCE — Drôle de rapprochement ! La même sert pour les hommes et pour les grenouilles : un brimborion rouge !
Est-ce pour cela que les grenouilles demandent des rois73 ?
AMOUR — Un duo que les deux voix ne chantent jamais dans le même ton.74
AMPUTATION — Façon dont les chirurgiens militaires font la part du feu75.
AMULETTE — Objet qui préserve... les gens sensés de tourner à la dévotion.
ANA — Le bric-à-brac de l'esprit.76
ANABAPTISTE — Secte qui, trouvant qu'il pouvait y avoir maldonne, demandait à refaire.77
ANACHORÈTE — Philosophe qui vit dans la solitude, probablement pour ne pas se dégoûter de lui-même en voyant ses semblables.78
ANALOGIE — Air de famille des idées.
ANALYTIQUE (compte rendu) — Brevet de perfectionnement pris récemment pour la fabrication des lits de Procuste.79
ANARCHIE — Peur d'un mal à l'aide duquel les despotismes font tomber les peuples dans un pire80
ANATHÈME — Gril qui aurait besoin d'être rétamé.81
ANATOMISTE — Un monsieur qui suit la Mort.
ANCÊTRES — La réclame originelle.82
ANDROGYNE — Il ne faut pas courir deux sexes à la fois.83
ANECDOTE — Poussier de mottes de l'histoire.84
ANÉMIE — La drôle de chose ! C'est depuis que la médecine ne nous tire plus de sang qu'on assure que nous en manquons.85
ANGE — Harpiste pour l'éternité. Et on trouve ça une récompense !
ANGLOMANIE — Passion qui pousse la France à tout copier de l'Angleterre... la liberté exceptée, bien entendu.
ANIMAL — Vous... Pardon ! moi... Parbleu ! nous !
ANNALISTE — Teneur de livres des bévues du prince. Quand l'annaliste s'appelle Tacite, les comptes sont justes. Quand il se nomme Loriquet, il y a faux en écriture publique86.
ANNEXION — Nouveau procédé pour faire du ciment avec de la poudre.87
ANNIHILER — En matière de liberté, les réactionnaires assurent que ce mot est synonyme d'accroître.
ANNIVERSAIRE — L'écho du temps.88
ANNONCIATION — Origine des avertissements.89
ANNOTATIONS — Les pattes de mouches du coche.90
ANNUAIRE — Inventaire après décès de nos espérances et de nos illusions de l'année.
ANOBLIR — Prétendre donner à autrui ce qu'on n'a souvent pas soi-même.
ANONYME (lettre) — Épître selon saint Basile.91
ANTÉCÉDENTS — Que d'hommes politiques sont comme les chiens sous ce rapport et n'aiment pas qu'on leur mette le nez dans ce qu'ils ont fait !
ANTHROPOPHAGIE — La vraie façon d'être aimé pour soi-même.92
ANTICHAMBRE — Pièce où les plus laquais sont en général ceux qui n'ont pas de livrée.93
ANTICHRÉTIEN — (Voir :ultramontain.)94
ANTICIPER — Continue à se prononcer antichiper, en matière de dividendes, chez les Auvergnats et les gérants95.
ANTIDOTE — Quinze lignes de Voltaire après une collection de l'Univers.96
ANTIPODES — Autres sous-pieds97.
ANTIPHRASE — Appeler M. X... l'honorable préopinant98.
ANTITHÈSE — La névrose du style.99
APHONIE — Maladie dont sont atteints trois députés sur quatre.
Je ne m'en plains pas au moins ! Je constate !100
APLATISSEMENT — Êtat normal d'une foule de gens qu'on a sans doute surnommés lesgrands par ironie.101
APLOMB — Toupet qui la plupart du temps est faux.102
APOLOGUE — Le tailleur de la vérité.103
APOPLEXIE — Congé que la nature n'est pas forcée de donner trois mois d'avance.
APOSTASIE — Traite des blancs qu'on pratique sur soi-même104.
APOSTAT — Teinturier en drapeaux105.
APOSTILLE — Billet de complaisance des puissants.
APOTHICAIRE — C'est lui qui fournit la pilule ; c'est nous qui la lui dorons.106
APÔTRE — Commis-voyageur en surnaturel.107
Nota. — La clientèle diminue.
APPARAT (discours d') — La grande livrée de la banalité.108
APPARENCES — Ce que notre époque s'occupe le plus de sauver... après la caisse.
APPARITIONS — Indigènes qui vivent dans la forêt de Bondy de la superstition109.
APPARTEMENT — Tiroir où l'on serre sa famille.
APPAS — Doit, hélas, se lire souvent : A pas !
APPLAUDISSEMENTS — C'est en regardant faire la claque qu'on comprend le dicton : Jeu de mains, jeu de vilains !110
APPAUVRIR — En langue officielle se traduit ainsi :
« Messieurs,
« La prospérité publique, qui s'affirme par la façon dont sont couverts les emprunts les plus successifs111... »
APPEL — Figure de contredanse, dans laquelle six mois de prison font vis - à - vis à 500 francs d'amende. N'est-ce pas, chers confrères ?112
APPOINTEMENTS — Un dieu en douze échéances.
APPORT — Raison sociale de la maison Adultère et Ce.
APPROBATION — Emploi facile et lucratif.
APURER (les comptes) — Pourquoi pas ? La chimie a bien pu arriver à filtrer les eaux du grand collecteur.
ARAIGNÉE — Un propriétaire qui fait payer les loyers encore plus cher que les autres.
ARBITRAIRE — Arme qui heureusement finit toujours par crever dans la main qui la tient.
ARBITRE (libre) — Illusion que garde probablement aussi le hanneton qui a un fil à la patte.
ARCHE (de Noé) — Une arche qui, à elle seule, a bel et bien été un pont.113
ARCHET — Vit maritalement avec la corde, mais l'harmonie ne règne pas toujours dans le ménage.114
ARCHEVÊQUE — Se prend parfois pour pamphlétaire.115
ARCHITECTES — Heureuses gens ! ils arrivent sans effort. On se charge de percer pour eux.116
ARCHIVES — La Morgue du passé.
ARDOISE — Emblème de la conscience des satisfaits de tous les régimes. Un coup de torchon, et on écrit autre chose dessus.
ARGENT — En voilà un métal qui est heureux de ne pas pouvoir rougir en voyant ce qu'on fait de lui.
ARGOT — Le bagne de la langue. Il y a tous les jours des mots qui s'évadent.
ARGUMENT — Boum ! boum117 !!!
(Décembre 1851.)
ARIENS — Élève d'un Paganini dont les variations ne sont pas dans le répertoire du conservatoire catholique.118
ARISTOCRATIE — Les sœurs de Cendrillon.119
ARITHMÉTIQUE — Le désespoir des despotes qui voudraient que 2 et 2 fissent 5 aux recettes et 3 aux dépenses.
ARLEQUIN — Toutes les couleurs sur son habit, un masque sur le visage. Le gaillard serait arrivé haut s'il vivait de nos jours120.
ARMEMENTS — Des pompiers qui coûtent dix fois plus cher qu'un bon incendie.
ARMOIRIES — Pavillon qui par bonheur ne couvre plus la marchandise.
ARQUEBUSE — Instrument de propagande à la façon de saint Barthélemy... leur ami.121
ARRESTATIONS — Enseignement mutuel des partis.
ARRHES — Eh bien, vous avez ma parole !
— Pardon, j'aimerais autant cent sous.122
ARRIÈRE (en) — Façon de marcher de certains autoritaires qui ne songent pas que, de cette façon-là, on ne voit jamais le fossé où l'on risque de tomber.
ARRIÈRE-PENSÉE — Toute la diplomatie en un mot... composé.
ARRIVÉ — Se dit d'un homme qui a atteint son but, fût-ce en rampant.
ARROGANCE — C'est disgracieux, ce vice-là, comme de marcher avec des échasses.
ARSENIC — Divorce en poudre.
(Extrait des pensées intimes d'une dame mal mariée.)123
ART — On a beau parler de ce loup-là à tout propos aujourd'hui, on n'en voit ni la queue ni la tête.
ARTÈRES — Nom donné aux boulevards de M. Haussmann. A cause des saignées qu'il fit à notre bourse ?124
ARTICLE — Le journalisme ! Un passe-partout, monsieur ! — Oui, qui ouvre même les portes de Sainte-Pélagie à ceux qui s'en servent.125
ARTIFICE (feu d') — Façon uniforme de fêter les souverains de tout pays.
Nota. — C'est toujours le bon peuple qui reçoit les baguettes.
ARTILLERIE — Puisqu'on vous dit que c'est pour l'entretien du culte... de la paix.
ARTISTE — Qu'est-il souvent ? Rien. Que croit-il toujours être ? Tout126.
ASCENSION (fête) — L'aviation découverte avant Nadar.127
ASPIC — Variété de serpent qui, lors de la mort de Cléopâtre, donna naissance au proverbe : Qui se ressemble s'assemble.
ASPHYXIE — « Bonsoir, les amis ! Je recours au charbon parce que je manque de braise. »
(Testament d'un bohême.)128
ASPIRATIONS — Rêver en l'air... pour que ça vous retombe sur le nez.129
ASSAINISSEMENT — Fallait-il que nous fussions sales, à en juger par les millions que ça a coûtés !130
ASSASSIN — Ne défaites pas à autrui ce que vous ne voudriez pas qu'on vous défît.131
ASSAUT — Le carnage sur une grande échelle.132
ASSEMBLÉE — Le seul endroit peut-être où la foudre tombe quelquefois au mois de décembre.133
ASSEMBLÉE (d'actionnaires) — Les oies du Capital. Elles se figurent toujours sauver quelque chose.134
ASSEMBLÉE (politique) — Honni soit qui bien y pense !135
ASSERVIR — Tous les tyrans prononcent : Sauver.
ASSIETTE — Celle de l'impôt tend trop à devenir un plat136.
(Pensées d'un contribuable.)
ASSIGNAT — Ils en rient encore ! Comme si les époques calmes n'avaient pas inventé les actions au porteur.137
ASSISTANCE (publique) — Entreprise de charité qui découvre les directeurs de théâtre pour couvrir ses malades.
ASSOCIÉ — Un camarade de lit qui veut toujours avoir toute la couverture.
ASSOMMER — Puisque c'est pour leur bien, de quoi les perturbateurs de tous les temps se plaignent-ils ?138
ASSOUPIR — Verbe proclamé actif par l'Académie, laquelle prouve toujours ce qu'elle avance.139
ASSOURDIR — Quand on joue du Wagner, c'est le remède à côté du mal.140
ASTICOT — Il paraît que le goujon c'est comme l'homme. La corruption l'attire.141
ASTICOTER — Agacer à coups d'épingle. On a vu remplacer les coups d'épingle par des coups de sabre.
ASTRONOME — Citoyen qui, pour avoir entrevu une planète qu'on n'a jamais retrouvée, peut aspirer aux plus hautes destinées politiques.142
ASTRONOMIE — Étudiant de six millième année, qui suit un cours d'infini à l'École de l'Inconnu.
ASTUCE — Vice d'État.
ATELIER — L'église du travail.143
ATHÉISME — Négation qui ne vaut pas mieux qu'une affirmation.
ATHLÈTE — Artiste en biceps.144
ATLAS — Procès-verbal des déprédations internationales145.
ATTACHE — Il y a pourtant des électeurs qui ont l'esprit assez mal fait, quand on leur dit : « M. X... a l'attache officielle, » pour comprendre : la tâche.
ATTAQUES — Satanée goutte ! dit le malade. — Satanée opposition ! dit le pouvoir ; mais celui-là ne parle jamais de sa gourmandise, ni celui-ci de son entêtement.
ATTÉNUANTES (circonstances) — Tout chemin mène à l'abolition de la peine de mort.146
ATTICISME — Et ta sœur ?
(Un Athénien de 1873.)147
ATTRIBUTIONS — C'est comme les femmes ; on veut toujours celles du voisin.
ATTROUPEMENT — Quand on réussit, des héros. Quand ça avorte, des bandits.
AUDACE — Un levier avec lequel on finit par soulever le monde... contre soi.148
AUGMENTATION — Mon pauvre voisin !... Le sort s'est trompé, figurez-vous !...149
Il en implorait une comme employé ; il l'a reçue... comme locataire.
AUGURES — Comme ceux de notre temps, ont appris à se regarder sans rire !150
AUGUSTE — Qualification à laquelle ne croit ni qui la donne, ni qui la reçoit.
AUMÔNE — Est-ce que cela ne vous fait pas un brin l'effet d'Hippomène jetant de temps à autre une pomme d'or pour retarder la poursuite d'Atalante ?151
AURÉOLE — Ce qu'on use de jaune dans les tableaux de sainteté !...
AUTEL — À voir la manière de procéder de certains cléricaux on se demande :
— Est-ce que, lorsque Jésus chassa les marchands du temple, l'un d'eux y oublia son comptoir ?152
AUTEUR —
Et l'on vit entouré, — destin doux et prospère, —
De petits manuscrits dont on croit être père...
(Varié de BOILEAU.)153
AUTO-DA-FÉ — Nom donné par certains amants de la foi à la passion dont ils brûlaient... les autres.154
AUTOCRATE — Un monsieur qui veut posséder d'autant plus les autres qu'il se possède moins lui-même.155
AUTOMNE — Le post-scriptum du soleil.
AUTOPSIE — La vraie éloquence de la chair.
AUTORITÉ — La sœur de Cendrillon-Liberté.
AUTRUI — Nos frères... Caïn-caha.156
AVANCEMENT — Pour que le fonctionnaire avance, il faut que ses opinions reculent.
(Extrait de LA SAGESSE DES BUREAUX,
volume inédit.)
AVARICE — Un vice qui a les yeux plus grands que le ventre.
AVÈNEMENT — Superbe, le jour de l'emménagement. Mais le lendemain les peuples commencent à essuyer les plâtres.
AVENIR — Espérance... de Damoclès.157
AVENTURE (dire la bonne) — Expression qui aurait été bien ironiquement appliquée à ceux qui auraient prédit l'expédition du Mexique.158
AVENUE — La folie Haussmann.159
AVERTISSEMENT — Pièce curieuse, visible au musée d'artillerie de la réaction.160
AVEUGLE — Homme en place.
AVILISSEMENT — Manière de parvenir qui donne raison au dicton : On ln'engraisse pas les pourceaux avec de l'eau claire.
AVOCAT — Pianiste de la parole.
AVORTEMENT — Façon dont la liberté accouche toujours depuis quelque temps.
AZUR — Pourquoi n'a-t-on pas choisi la couleur du ciel pour en faire la couleur de l'espérance ? Le scepticisme est donc bien vieux ?161
Lettrine B :
BABEL1 (tour de) — Ancien édifice avec les pierres duquel on a construit au bout du pont de la Concorde un monument très-laid2.
BABIL (tour de) — La Chambre de Versailles.3
BACHELIER — Citoyen tout heureux d'avoir reçu son bon à tirer... le diable par la queue.4
BADAUD — Une ! deux ! trois ! Regardons-nous tous ensemble dans la glace.
BADIGEON — C'est Chose qui appelle les vieilles fardées de la peinture surmûres.5
BAGNE — Endroit ou l'on rôtit le boulet.6
BAIL — Recette infaillible pour se donner envie de déménager.
BAILLEUR (de fonds) — Le monsieur qui crache pendant que le gérant fume.7
BAILLON — Petit objet qu'on met, à ce qu'il paraît, sur la bouche de la presse pour lui apprendre à mieux parler.8
BAIONNETTE — Lit de repos de l'ordre.9
Nota. — Il s'y empale de temps à autre. (S'adresser pour plus amples renseignements à toutes les conspirations militaires.)
BAISEMENT (de mains) — Cérémonie tombée en désuétude ; les courtisans d aujourd'hui se contentent des pieds.
BAISSIER — Spéculateur qui place les malheurs publics à 10 0/0... et au-dessus.
BAL — Ressemblerait trop souvent à un concours de boucherie, si la réjouissance n'y faisait défaut.
BALADIN — Celui qui obtient toujours les places où il faudrait un calculateur10.
BALAFRE — Comme quoi le sabre signe parfois ses articles.
BALAI — Instrument à l'usage des ménagères et des coups d'État. Dans ce dernier cas, le manche prend quelquefois sa revanche.11
BALANCE — Mon professeur de philosophie nous représentait jadis le libre arbitre sous cette forme. Bien ! mais est-il sûr que nous mettions nous-mêmes les poids dedans ?12
BALANÇOIRE — Mal de mer artificiel.
BALCON — Excroissance de pierre qui pousse sur le visage des maisons.13
BALEINE (poisson) — Anachronisme à nageoires.14
BALEINE (de corset) — Digue qui a le plus souvent affaire à des marées basses15.
BALLE — La plus pénétrante des objections.16
BALLET — L'opéra des sourds.
BALLON — Quel emblème de certains potentats !... C'est gros, c'est creux et ça ne sait pas se diriger.17
BALLOTTAGE — Où le suffrage universel demande à refaire... mais non à être refait.
BANDEAU — Il paraît que la maladie du mariage est bien plus grave que la maladie de l'amour. L'amour, en effet, ne porte qu'un bandeau ; le mariage une écharpe.18
BANNISSEMENT — La mort en détail.
BANQUE — Satanée idée d'avoir mis ce mot-ci tout entier dans celui qui suit !
BANQUEROUTE — Banque... route... Cela veut-il dire que c'est le plus court moyen de faire son chemin dans la banque ?19
BANQUET — Repas de corps qui est rarement un repas d'esprit.20
BAPTÊME — Enrôlement involontaire.
BAPTISER — Faire pour l'Église un contribuable de plus.
BARBARES — Pourquoi les appeler ainsi ? Ils n'avaient pourtant pas inventé la poudre21.
BARBOUILLEUR — Mes confrères
(Un peintre quelconque.)22
BARÈME — L'art d'aimer du quartier Bréda.23
BAROMÈTRE — On lui en veut quand il prédit l'orage. C'est comme les souverains avec la presse.
BARREAU — Substantif qui sert tour à tour à défendre les criminels contre la prison et la prison contre les criminels.24
BARRICADE — Endroit où les tyrans s'étonnent toujours de retrouver en tas les pierres qu'ils ont jetées dans le jardin de leurs sujets.
BAS-BLEU — Conscrite qui aspire à devenir maréchale d'Encre25.
BASSINOIRE — Soleil de lit.26
BASTILLE —
À mon beau château,
L'on y râle, l'on y râle !...
(Vieille ronde du bon temps.)27
BASTONNADE — Le grand pan ! pan !28
BATAILLE — Façon dont les princes lavent leur linge sale dans le sang.
BÂTARD — Ouvrage repoussé par la commission de l'estampille matrimoniale.
BATEAU — Procédé flottant pour parqueter les rivières.
BATISSE — Que c'est comme un bouquet de fleurs... dont l'empire offrait les épines aux contribuables.29
BÂTON (de maréchal) — Ce que chaque soldat finirait par trouver dans sa giberne, si le plus souvent en cherchant il ne perdait pas la tête... et le reste.30
BATTOIR — Ce que Hyacinthe a dans ses gants31.
BAVARD — Moulin à son.32
BAVER — Faire de la polémique.
(Plusieurs de ces messieurs.)33
BEAUTÉ — Une propriété qui rapporterait crânement34, sans les réparations locatives.
(Mlle Chose.)
BÊCHE — Notre maréchal-des-logis pour le dernier voyage.35
BEDAINE — Qu'est-ce qu'en doivent penser les gens qui meurent de faim ?
BÉGAYER — Tituber de la langue.
BÉGUEULE — Fanfaronne de vertu.36
BELLE-MÈRE — La caricature de la maternité... à la manière noire.37
BÉNÉDICTIN — Liquoriste de Dieu.38
BÉNÉFICE — Le grand ressort des consciences modernes39.
BENZINE — L'absolution des collets d'habit, comme l'absolution est la benzine des âmes40.
BERCEAU — Le bourgeon de l'homme.
BERGER — Comme les peuples font toujours de moutons de Panurge, la poésie aime à donner ce nom aux souverains. Dommage que ces pasteurs-là aiment tant les côtelettes.
BERGÈRE — Une fossile de la romance, dont on ne retrouve de traces que quand il faut rimer avec fougère.
BÊTISE — On ne saurait croire à quel point, avec un habit brodé, cela impose à certaines gens.
BIBERON — Dévouement maternel avec un bout en caoutchouc.
BIBLE — Si jamais ceux qui l'ont écrite se sont doutés de ce qu'on trouverait dedans...!
BIBLIOMANE — L'hystérique du bouquin.41
BIBLIOTHÉCAIRE — Le pion des livres.
BICHE — Femelle du cerf, a dit Buffon... — Par les cornes, ajoute Gavroche, quand il voit passer ces dames42.
BIENFAIT — N 'est jamais perdu... pour celui qui le reçoit.
BIENTÔT — Adverbe de consolation à l'usage des opprimés.
BIÈRE — Une invasion en tonneaux dont Dreher est le Blücher43.
BIERRE — C'est peut-être ça qui fait que je ne me suis jamais senti de goût pour les planches.44
BIFURCATION — Point où l'aiguilleur Fortoul fit dérailler jadis le train universitaire. On a oublié d'y élever un monument expiatoire45.
BIGAMIE — Ce qu'on peut appeler une idée biscornue46.
BIGOTERIE — Faux en religion publique.
BIJOUX — Du temps d'Ève, c'étaient des pommes ; maintenant ce sont des poires... en diamants47.
BILLETS DOUX — Feuilles de l'arbre de l'amour. Elles jaunissent avec le mariage48.
BINOCLE — Des lunettes qui n'avouent pas49.
BIOGRAPHE — À l'instar des photographes, celui qui fait le plus ressemblant défigure toujours un peu.
BISSEXTILE — Année à rallonges.
BIVOUAC — L'alcôve de la guerre.50
BLAGUE. — Nom donné aux vessies dans lesquelles on met le tabac et à celles qu'on veut nous faire prendre pour des lanternes51.
BLANC —
BLANCHIR —
[Accolade]
Hein ! madame, si à un certain âge le visage pouvait troquer avec les cheveux !52
BLANCHISSEUSE — Blanchit mes rideaux... après les avoir fait rougir53.
(Un célibataire.)
BLASON — Étude des fossiles.
BLASPHÉMER — Marcher sur un pied qui n'existe peut-être pas.
BLOUSE — Pauvres ouvriers ! est-ce parce que vous êtes si faciles à tromper qu'on a inventé le mot blouse ?54
BLUET — Du ciel à l'emporte-pièce55.
BOA — Comme animal, il se nourrit de lapin ; comme fourrure, il se fabrique avec.56
BOBO — Le mal des autres.
BŒUF — Au moins, ça devrait le préserver d'avoir des cornes57 !...
BOMBARDEMENT — Les vraies giboulées... de Mars.58
BONHEUR — C'est comme le Juif errant59; une foule de gens croient l'avoir vu passer, personne n'a pu l'arrêter.
BONHOMIE — Le cœur en robe de chambre.60
BONI — Les quelques sous que veut bien réserver aux pauvres diables la munificence des monts-de-piété61.
BONNE-FORTUNE — On a bien fait, à notre époque, de mettre le mot fortune là-dedans.62
BONNET — La grisette étant défunte, il n'en reste plus à jeter par-dessus les moulins... Mais on se rattrape sur les chapeaux63.
BORGNE — Un demi d'yeux.64
BOSSU — Cardinal laïque... — Comment cela ?... — Parbleu !... son Éminence65.
BOUCHE — Comme ce qui y entre vaut mieux que ce qui en sort !66
BOUCHERIE — Fabrique de croix d'honneur en plein vent.
(Un tacticien.)
BOUCHON — Le Bartholo de la bouteille... Il la laisse fuir parfois.67
BOUCLIER — Arme qui ne se trouve plus qu'au Musée des métaphores.
BOUDOIR — Petite Bourse.
BOUFFON — Cet emploi est aujourd'hui occupé auprès des princes par des messieurs sérieux et chamarrés de broderies.
BOUGIE — Le travesti du suif.68
BOULET — Argument ad hominem.
BOURGEOIS — Un souverain que le suffrage universel a mis en disponibilité.
BOURREAU — C'est lui qu'on pourrait appeler un exécuteur... testamentaire.69
BOURSE — Temple où les colonnes ne sont pas ce qu'il y a de plus grec.70
BOUSSOLE — Instrument que tous les despotes retrouvent, après leur chute, au bureau des objets perdus.
BOUTEILLE — Cours de rhétorique, de un à six francs l'exemplaire.
BOUTIQUIER — Pontife71 du dieu Argent, qui prend son comptoir pour un autel.
BOUTON — Aux habits, ça attache. Sur la figure, c 'est le contraire.72
BOUTS-RIMÉS — Jeux de la bêtise et du hasard.73
BRACELET — Bague de poignet.
BRACONNIER — Un voleur sympathique... Serait-ce parce qu'il assassine souvent par-dessus le marché ?
BRAILLARD — D'où le composé décembraillard... Souvenez-vous-en74 !
BRAS — Un gaillard qui en ce monde a fait passer de bien vilains quarts d'heure à la pensée.
BRASSERIES — Revanche d'Iéna. Ces Allemands sont sans pitié.75
BRAVACHE — Une lame qui a toujours l'air de vouloir sortir du fourreau... L'air seulement.
BRETELLES — Des sous-pieds dans l'autre sens76.
BRÉVIAIRE — Il paraît qu'il faut le revoir pour le croire..77
BRIGADIER — Un pape dont le concile des Pandores a depuis longtemps proclamé l'infaillibilité78.
BRIGAND — Est-il bête de risquer sa vie en plein vent quand il pourrait fonder comme un autre sa petite société en commandite !79
BROSSER — Ôter la poussière. (Au figuré.) La faire mordre à son ennemi.
BROUILLARD — Les caissiers appellent de ce nom symbolique le papier qu'ils mettent entre les pages de leurs comptes nébuleux.80
BÛCHERS — L'Inquisition les avait peut-être inventés pour donner raison à la fête des Cendres.81
BUDGET — L'art de mettre le couvert du pouvoir sur une table de multiplication.
BUFFET — Pas de meilleure définition que la vieille : un endroit où l'on vend aux gens qui passent des aliments qui ne passent pas.
BUSC — Pourquoi tant de fortifications quand six fois sur sept c'est pour ouvrir la porte aux assiégeants82 ?
Lettrine C :
1CABALE — Mot inventé par les auteurs désireux de nous couper le sifflet.2
CABARET — École de natation où l'on apprend au suffrage universel... à se noyer.3
CABAS — L'osier de ma mère !
(Ces dames du corps de ballet.)4
CABINET — Franchement, il est bon à mettre au cabinet... Se dit maintenant d'une nullité qu'on fait ministre.5
CABINET (particulier) — Ma seconde chambre.6
CÂBLE — Cordon ombilical des deux mondes.7
CABOTIN — Nom que les acteurs n'entendent pas que le public leur donne... Probablement pour se réserver le plaisir de se le décerner entre eux.8
CABRIOLET — Ancien parloir pour cochers.9
CACHE-NEZ — Le conservatoire des rhumes.
CACHET (lettres de) — Se prononce aujourd'hui : Mandatd'amener.10
CADAVRE — C'est lui qui dort et c'est nous que son sommeil fait rêver.11
CAFARD — Un comédien qui n'a qu'un seul geste : le signe de la croix.12
CAFÉ (local) — Un centre d'où il est bien rare qu'il parte des rayons.
CAISSE (grosse) — Tambour qui a pris du ventre.13
CAISSIER — Un ange gardien qui joue trop souvent des ailes.14
CAISSON — Garde-manger du canon.15
CALEMBOURS — Les double-fonds du langage.16
CALOMNIE — Évangile selon saint Basile17.
CALVITIE — Pas amusant quand on peut dire à une femme pour qui on soupire : « Je vous implore à trois genoux18 ... ».
CAMARADE — Sous-ami.19
CAMARILLA — On dit bien : la lie du peuple. Pourquoi ne dirait-on pas la lie du trône ?20
CAMÉLÉON — Un animal qui fait de la politique sans le savoir21.
CAMÉLIA — Pourquoi l'a-t-on pris pour emblème de ces dames ? — Parbleu ! parce qu'il ne sent rien.22
CAMELOTTE — Voyons, monsieur le boutiquier, n'ayez pas peur, je ne peux pas insérer ici l'Almanach des 25,000 adresses.23
CAMP — École normale de carnage.24
CAMPÊCHE — Des vendanges qui se moquent du baromètre.25
CANDEUR — Une antiquité.26
CANDIDAT — Un monsieur qui demande ses entrées au théâtre de la politique : trop souvent comme claqueur.27
CANCAN — L'argot de la danse28
CANIF — Coutellerie pour contrats.29
CANON — L'Europe ! une bonbonnière ! a dit un petit-fils de Gavarni.30
CANONISER — Faire semblant d'ouvrir aux autres une porte dont on n'a pas la clef.31
CANTATE — Le seul morceau de poésie où les rimes soient à la fois croisées... et plates.32
CANTHARIDE — Petite mouche qui, à ce qu'il paraît, empêche de manquer le coche.33
CANTIQUE — Les cantates du royaume du ciel.
CANTONNIER — Le valet de chambre des rues.34
CAPITAL — Un père pour les affaires... Un père Ugolin, bien entendu.35
CAPITALE — Un cerveau qui a souvent une hypertrophie.36
CAPITALISTE — Le brochet des marais de la spéculation. Tant plus il est gros, tant plus il a avalé de petits poissons37 .
CAPITOLE — Tremplin de l'ingratitude populaire.38
CAPRICE Simili-amour.
CAPTATION —
CAPUCIN —
[Accolade]
Comme le hasard fait bien les choses
! Avoir mis ces deux mots-là dans la même colonne39
CARDINAL — M. de Tillancourt les appelle des sous-papes desûreté..
Pas si sûrs que ça !40
CARÊME — Les truffes de la mortification et le turbot de la pénitence.41
CARICATURE — La glace dans laquelle les autres nous voient..42
CARNAGE — Le chemin de la croix.43
CARNASSIER — Le tigre, le lion, la médisance, la spéculation, etc., etc., etc.44
CARNAVAL — C'est si malpropre que le lendemain il faut mettre des Cendres dessus.45
CAROTTE — Légume qu'on récolte en semant de la graine de niais.46
CARTOUCHE — C'est à voir les expéditions des conquérants qu'on se dit que les cartouches ça va avec les Mandrins.47
CASEMATE — Demandez ! L'Art d'y fourrer ses concitoyens et de s'en faire des millions de revenus...
Nota. — Ce manuel a vieilli.48
CASSE-TÊTE — Instrument ancien, à la vue duquel les Parisiens étaient piétrifiés.49
CASTES — Divisions qui faisaient de la société un jeu de marelle. — 1789 a marché sur les raies.50
CASUISTE — Le grec de la piété. Il apprend à tricher Dieu.51
CATACLYSME — La révolution dont on n'est pas.52
CATALEPSIE — Répétition générale de la mort.53
CATÉCHISME — Le guide Joanne de la foi.
Nota. — Se méfier, il y a des réclames..54
CATHOLICISME — Parodie du christianisme.
CÉLÉBRITÉ — Un soleil qui s'aveugle lui-même.55
CÉLIBATAIRE — Braconnier légal.56
CELLULAIRE (système) — Fabrique d'aliénés dirigée par l'État57.
CENSEUR — Un bourreau qui se prend pour un chirurgien.
CENT-GARDE — Souvenir... sans regret.58
CERTIFICAT — Fausse-clef donnée au domestique qu'on renvoie, pour qu'il puisse s'introduire chez autrui.59
CENTRALISATION — Est en politique ce que la congestion est en médecine.
CERNEAU — Le Fanfan Benoîton des comestibles.60
CERVEAU — Une cuisine dont on voit bien le fourneau, mais dont on n'a jamais vu le cuisinier.
CÉSARIENNE (opération) — Du moment où il y a du César quelque part, on est sûr que le sang coule.61
CHAGRIN — C'est étonnant comme on supporte bien celui qu'on fait aux autres !
CHAIRE — Estrade dont les rebords rappellent la margelle d'un puits. Histoire de faire croire que la vérité va en sortir.62
CHAMARRURES — Tout ça, c'est des affaires de livrées.
CHAMBELLAN — Maintenant que ce fonctionnaire ne porte plus de clef dans le dos, c'est lui-même que nous portons sur les épaules63.
CHAMPAGNE — Beaucoup de bruit pour rien.64
CHANTRE — Faut-il, pour vociférer ainsi, qu'il soit convaincu que Dieu est sourd à ses prières !
CHAOS — Regardez autour de vous.
CHAPELET — Dévotion à faux pois.65
CHAPON — Mets cher aux chanoines. Peut-être en souvenir de Fulbert.66
CHARRUE — L'accoucheuse de la terre.
CHARTE — Un parachute que les rois sont toujours les premiers à crever.67
CHARTREUSE — Maison de commerce qui a pour enseigne : AuSaint-Esprit... de vin.68
CHÂSSE — Boîte à amorces pour la pêche aux croyants.69
CHASTETÉ — Substantif beaucoup moins féminin que la grammaire ne se l'imagine.
CHÂTEAU —
CHAUMIÈRE —
[Accolade]
Deux vis-à-vis qui sont toujours sur le point d'entrer en danse.70
CHAUFFEUR — Vestale à vapeur.71
CHAUVE-SOURIS — Avoir des ailes et s'enfermer tout le jour dans un trou. Il me semble voir la poésie réaliste.72
CHEMINÉE — Appareil ingénieux pour chauffer l'intérieur... des murs.
CHER — Bien trouvé par la vénalité amoureuse qui court ! Le même mot pour ce qu'on aime et pour ce qui coûte.
CHEVILLE — S'adapte indistinctement aux pieds de l'homme et aux pieds des vers.
CHICOT — Ruines pour gencives.
CHIFFRES — Les témoins à charge de tout pouvoir personnel.
CHIGNON — On s'en fait un avec tout, même avec ses cheveux.
CHIMÈRE — Que voulez-vous, toutes les cimes se perdent dans la brume.73
CHIMPANZÉ — Un animal qui doit toujours avoir envie d'intenter à l'homme un procès en contrefaçon.74
CHIPER — Voler en taille-douce.75
CHIROMANCIE — Science qui prétend donner raison à la formule : Avoir le cœur sur la main.76
CHIRURGIEN — Un couteau intelligent... ou qui croit l'être.
CHLOROFORME — Ami mortel.77
CHOUANS — La bonne cause, disaient-ils. Eh bien ! elle engendrait de jolis effets !78
CHRÉTIEN — Ne pas voir ultramontain.79
CHUTE — Mot qu'un auteur épèle toujours ainsi : C. h. u. suc... te, cès... Succès.
CICATRICE — Marque de fabrique de la guerre.80
CIEL — ???
CIERGE — Il faut toujours que ça finisse par couler.81
(Un Philosophe.)
CIGUË — Boisson tombée en désuétude, faute de Socrates.82
CIMETIÈRE — L'arithmétique prétend que la division seule peut avoir un reste... Et pourtant le cimetière, c'est le reste de la multiplication.83
CIRCONCIRE — Annexer à la religion juive. Pour la nôtre, on dit : circonvenir.84
CLAQUE — Comme la violette, elle voudrait se dissimuler ; mais, comme elle, elle se révèle par son parfum.85
CLARINETTE — Pour en jouer ainsi tous, il faut que les aveugles s'entendent... Non, au fait, il faut plutôt qu'ils ne s'entendent pas !8687
CLERGÉ — Locataire principal du paradis, qui veut trop gagner sur ses sous-locations.
CLOÎTRE — Bâtiment de Procuste.88
COCHER — Un dilettante qui aime trop l'air de Galathée : Ah ! verse encore...89
COCOTTE — D'où vient cette métaphore du genre gallinacée ? Est-ce de ce que les poules se nourrissent dans le fumier ?90
CŒUR — Expression anatomique.
COLLABORATION — Avez-vous vu deux oiseaux chercher à se becqueter la cervelle ? C'est ça.
COLLÉGE — Établissement où l'on est censé faire des hommes et où l'on ne fabrique que des bacheliers.
COLLISION — Demandez aux gouvernements si ce n'est pas toujours le lapin qui a commencé ?91
COLONISATION — Mot qui n'a jamais été français.92
COMMISSAIRE — Un monsieur qui porte le ventre en écharpe.93
COMMISSIONNAIRE — Notre Mercure Galant. En voilà un dont la médaille n'est pas une médaille de sauvetage !94
COMMUNISTE — Citoyen qui voudrait retourner la devise : l'Union fait la force, et dire : la Force fera l'union.
COMPRESSION — Elle produit juste le même effet sur les ressorts et sur les peuples.
CONCILE — La grève de la raison. 95
CONCORDAT — A saint père souverain et demi.96
CONFÉRENCE — Il y a des modes pour l'ennui comme pour les pantalons.
CONFESSION — Ça me fait toujours penser aux petits trous que les garçons percent dans les portes pour voir ce qui se passe dans les cabinets.97
CONFIDENCE — X..., quand il se servait de l'irrigateur, disait :
— Je vais m'administrer une confidence.
— Pourquoi ?
— Parce que c'est difficile à garder, parbleu !98
CONFRATERNITÉ — Façon d'aimer ses confrères comme on aime les beefsteacks.99
CONGRÈS — Si vis bellum, para pacem.100
CONQUÉRANT — Le mangeur qui parie de manger un dîner de douze couverts à lui tout seul. Il finit toujours par en crever.101
CONSCIENCE — Un chef d'orchestre qui s'agite, mais que ses musiciens mènent.
CONSCRIPTION — La loterie du sang.102
CONSCRIT — Un futur héros qui troquerait bien le bâton de maréchal qu'il a dans sa giberne contre un bâton de voyage pour retourner cheux lui.103
CONSERVATEUR — Un individu qui, plutôt que de réparer sa maison, la laisse s'écrouler.104
CONSERVATOIRE — Établissement où il y a des casseurs de voix, comme il y a des casseurs de pierre sur les routes.
CONSIDÉRATION — C'est le pendant de la santé. On n'en sent le prix que quand on ne l'a pas.
CONSIGNE — Le mandat impératif du troupier.
CONSOLATION — Cataplasme posé sur la douleur d'autrui. Par malheur il ne manque pas de maladroits qui se trompent et prennent de la farine de moutarde au lieu de farine de lin.105
CONSTANCE — On a fait du mot un nom propre, probablement parce qu'il n'est pas commun.
CONSTITUTION — École de viol.
CONSULTATION — Que vouliez-vous qu'il fît contre trois ?...106
CONTRIBUABLE — C'est le pouvoir qui régale et c'est nous qui payons.
CONTRÔLE — Opération qui ne fait peur qu'aux bijoux et aux gouvernements également faux.
CONVALESCENCE — La lune de miel de la santé.
CONVENTION — Elle a cassé des œufs, mais elle a fait : omelette.
CONVERSION — Apostrophez toutes les girouettes, elles répondront : — C'est la faute du vent.
CONVICTION — Change en général quand elle a besoin de monnaie.
CONVOI — Les chemins de fer se sont rendu justice en adoptant ce mot funèbre.107
COPISTE — Un miroir qui heureusement n'est pas forcé de réfléchir.108
COQUETTERIE — La luxure platonique.
COQUlNERIE — On aurait presque envie de dire de nos jours : « Voir Succès. »
CORBEILLE (de la bourse) — Un panier auquel on n'a pas mis d'anse, dans le fol espoir qu'on ne pourrait pas ainsi la faire danser.109
CORBILLARD — Le vrai omnibus110.
CORNES — Est-ce de là, pauvres maris ! qu'est venue l'expression : Être le bœuf ?111
CORRECTION (maison de) — Aussitôt dehors on recommence. Il ne peut pas y avoir correction ; le vice ne relit jamais ses épreuves...112
CORSET — Comme quoi il n'y a pas que Jonas qui ait été victime de la baleine.113
COTON — Rassurez-vous, Madame, je ferai comme si je ne savais rien.114
COUP (d'État) - Mot qui pourrait donner à croire à un étranger que chez nous c'est un état de faire de ces coups-là.115
COUR — Dans une maison, c'est l'endroit qui a le plus souvent besoin d'être balayé. Dans un pays aussi.
COURAGE — L'art d'avoir peur sans que ça paraisse.116
COURONNE — Qualification qui indique qu'un cheval ou un homme ne peut plus rien valoir.117
COURTISAN —
COURTISANE —
[Accolade]
Le double fléau des places publiques.
COUSIN — Parent pour la main gauche, comme disent les morceaux de piano.
COUTURIÈRE — Thomas Vireloque, regardant passer dans son luxe une lionne pauvre, disait l'autre jour :
— Pour pouvoir s'habiller comme ça, faut-il qu'elle se déshabille118 !
CRÂNE — Une enveloppe qui ne sait pas ce qu'il y a dans sa lettre.
CRÉANCIER — Un pauvre diable qui malheureusement par son avoir se met trop souvent le doit dans l'œil.119
CRÉATION — Mesdames et messieurs, l'auteur désire garder l'anonyme.120
CREDO — Profession de foi des candidats au Paradis. — Nota. Elle ne sait pas plus ce qu'elle dit que les autres.
CRITIQUE — N'est-ce pas que ça fait un peu l'effet d'un eunuque qui tiendrait des cours de génération comparée.121
CROCODILE — Lézard monté en graine.122
CROASSER — Écrire dans l'Univers.123
CROISADES — Expédition du Mexique du temps. Les beaux résultats produits ont démontré que ce qu'on aurait du se croiser... c'étaient les bras.124
CROIX (d'honneur) — Insigne qui mériterait plus souvent d'être attaché avec une faveur qu'avec un ruban.125
CROQUIS — Les fondations d'un tableau.
CROSSE — Il y en avait jadis de deux sortes : les crosses de fusils et les crosses d'évêques. Depuis Mentana, cela a l'air de ne plus faire qu'un126.
CROUPIER — Manche de râteau en os... et en chair.
CROÛTE — Dérision ! gémissait un malheureux rapin ; ils disent que je fais des croûtes ; si c'était vrai, j'aurais au moins du pain !
CUIRASSIER — Soldat qu'on enferme dans une rôtissoire pour l'envoyer au feu.
CULTE — Le seul spectacle dont les directeurs fassent toujours leurs frais.
CUMUL — Encore ! encore ! encore !... Tout le foin qu'ils ne peuvent pas manger, ils le mettent dans leurs bottes.
CZAR — Anachronisme en uniforme127.
Lettrine D :
1DAGUERRÉOTYPE — Une glace qui a de la mémoire.2
DAMNATION — Les travaux forcés à perpétuité pour avoir secoué un tapis par la fenêtre, comme pour avoir assassiné une personne, voilà la justice distributive du catholicisme.
DANSE — Chose presque aussi désagréable à voir qu'à recevoir.3
DATE — Quelle est la femme d'esprit vieillie qui disait, en parlant de son acte de naissance : Mon état incivil ?4
DÉBUT — Le frère siamois de l'émotion.
DÉCADENCE — Hier pour Aujourd'hui. Aujourd'hui pour Demain... Et ainsi de suite... Au fond vous savez que ça n'est pas vrai du tout ?
DÉCENCE — Une ancienne mode.
DÉCEPTION — Le recul de l'espérance.
DÉCÈS — C'est une idée si agréable, qu'on a éprouvé le besoin d'avoir un tas de mots pour l'exprimer : Décès, mort, trépas...
DÉCHÉANCE — Le mot de la fin des peuples.
DÉCLAMATIONS — Les discours du parti auquel on n'appartient pas.
DÉCLARATION (de guerre) — Cartel portant que ce seront les témoins qui se battront pour les princes qui se sont querellés.5
DÉCLARATION (d'amour) — Passons... je n'entends rien à la comptabilité.
DÉCOLLETER (se) — Ô appas âgés pourquoi répétez-vous tous, comme un mot d'ordre : — C'est le moment de nous cacher, montrons-nous !6
DÉDAIN — Les échasses de l'orgueil.
DÉFECTION — Sic itur ad astra.7
Demandez à tous les traîtres de vous traduire ça.
DÉFUNT — Une qualité qui donne immédiatement toutes les autres.8
DÉGAINER — Habitude qui tend vraiment trop à devenir une seconde nature.9
DÉGRAFER — Ouvrir une prison où il n'y a souvent pas de prisonniers.
DÉISME — À supposer que...10
DÉLIVRER — Opération qui expose quelquefois à avoir affaire à des peuples qui vous répondent comme Mme Sganarelle : « Et s'il me plaît d'être battu ! »11
DÉLUGE — Incident qui a donné raison au proverbe : Laver son linge sale enfamille.12
DÉMAGOGUE — Un homme qui ne songe pas que les indigestions amènent la diète.
DEMAIN — L'homme masqué des luttes de la vie.13
DÉMÉNAGEMENT — Dire que dans les plaies d'Égypte on avait oublié celle-là !14
DEMI-MONDE — Est appelé ainsi parce que l'homme y manque de moitié.
DEMOISELLE — Si ça a de la malice !... Est-ce qu'on ne parle pas toujours du fil de la vierge.15
DÉMOLITIONS — Qui a frappé par la pioche périra par la pioche.
(Évangile selon Haussmann.)16
DÉMON — Il y a comme ça des tas de fausses nouvelles !...
DÉNOUEMENT Au théâtre, c'est le public, en politique ce sont les balles qui choisissent ce moment-là pour siffler.
DENTS — Mme X..., qui est affligée de dents d'un noir d'ébène, ne rit jamais, de peur d'ouvrir la bouche. D'où ce propos de Z. :
— Ce n'est pas étonnant qu'on boude, quand on n'a que des double-six.17
DÉPÊCHE (télégraphique) — Un moyen de faire des réclames à la célérité... de la poste.18
DÉSARMEMENT — Le contraire de Petit-Jean. Ce qu'il sait le moins, c'est son commencement.19
DÉSHONNEUR — Un bon placement, à ce qu'il paraît.
DÉSIR — Voyage incognito sous le nom de l'amour.20
DESPOTE — Un homme qui professe pour ses contemporains un mépris que la postérité lui rendra.
DESTINÉE — Un livre dont les pages ne sont pas coupées.21
DEUIL — On doit avoir choisi le noir parce que c'est la couleur qui va le mieux au teint.
(Pensée d'une anonyme.)
DEVOIR — (le) — Substantif masculin. (Peu usité.)
DIABÈTE — Ce qui peut s'appeler raffiner la maladie !22
DIABLE — Puisque ça fait aller leur commerce !23
DIADÈME — Et l'almanach prétend que le carnaval ne dure que trois jours !24
DIAPASON — La fourche caudine de la musique.25
DIAMANTS — Ce ne sont pas ces dames qui se plaignent quand on jette de ces pierres-là dans leur jardin.
DICTATEUR — Ça signe sauveur, mais l'histoire s'obstine presque toujours à lire sauteur.
DIEU — Ni vu, ni connu !...
DIGESTION — Puisse-t-elle ne jamais vous faire penser au vers :
Triste retour, monsieur, des choses d'ici-bas26 !
DIGNITÉ — Un mot dont le singulier et le pluriel n 'ont jamais pu se mettre d 'accord.27
DIMANCHE — Jour où, sous prétexte de se reposer, on se rend malade pour toute la semaine.
DIPHTHONGUE — Deux voyelles qui parlent à la fois.28
DIPLOMATIE — Loyauté à double fond.
DISCIPLE — Avez-vous vu ces miroirs qui déforment la figure quand on se regarde dedans ? Voilà.
DISCIPLINE — Vous lui donnez un homme, elle vous rend une machine.
DISCORDE — Locataire principale du théâtre de Versailles.29
DISCOURS — Que voulez-vous ! c'est le seul inconvénient de l'éloquence.30
DISPENSES — Prix courants du salut.31
DIVIDENDE — Actionnaire, rappelle-toi saint Thomas. Il demandait à toucher avant de croire.32
DIVORCE — Les autres condamnés à perpétuité ont bien l'amnistie en perspective.33
DOCTEUR — Un chasseur pour qui la chasse est ouverte toute l'année.34
DOGME — Je n'en sais rien, donc j'en suis sûr.35
DOIGT (de la providence) — Au lieu de nous montrer partout ce fameux doigt, il me semble qu'elle ferait mieux de nous tendre la main.36
DOMESTIQUE — Maladie interne.
DOT — Remède externe.37
DOUTE — A-t-il été assez exploité par les religions ! Dame ! par un grand brouillard, on s'attache au bras du premier guide venu.38
DRAPEAU — Ce que c'est pourtant que les conventions !... Entrer dans une boutique et dire : « Donnez-moi trois mètres cinquante d'étoffe pour me faire une patrie !39
DROIT — Un synonyme de Force.40
DUEL — À preuve...41
DYNASTIE — Ce qui s'appelle compter sans son hôte.42
Lettrine E :
1EAU-DE-VIE — Ainsi appelée parce qu'on en meurt.
ÉCHAFAUD — Petite construction destinée à donner raison au vers :
Ainsi que la vertu le vice a ses degrés2.
ÉCHINE — Une partie du corps qui finit par trop se pénétrer de la morale du Chêne et du Roseau.3
ÉCHO — En voilà un gaillard qui cultive le mot de la fin !
ÉCLAIR — L'avertissement de l'électricité.
Quand la foudre tombe, c'est le communiqué.4
ÉCOLE — Qu'est l'instituteur ? Rien. — Que devrait-il être ? — Tout.5
ÉCONOMIE POLITIQUE — Dire qu'il a fallu créer une science nouvelle pour constater que la faim des uns n'est pas compensée par l'indigestion des autres !6
ÉCORCE — Le paletot des arbres.7
ÉCRIVAIN (public) — J'en ai connu un qui me disait :
— Je suis plume de peine.8
ÉCROUELLES — Tout ce qui restera bientôt du droit divin.9
EFFRONTERIE — Le carrefour qui mène à tout.10
ÉGALITÉ — Le lièvre du civet liberté.11
ÉLECTEUR — Un tuteur en tutelle.
ÉLECTIONS — Je vous demande votre avis, à condition que ce sera le mien.
(Le pouvoir personnel.)
ÉLECTRICITÊ — La foudre aux commissions12.
ÉLOGE — Un prêté qui attend toujours un rendu.13
ÉLOQUENCE — La crinoline de la pensée. Dessous c'est souvent d'un maigre !...14
EMBAUMER — À quoi bon faire le ménage dans un appartement qui ne sera plus habité ?15
ÉMEUTE — Un fœtus de révolution.
ÉMIGRÉ — Un mari qui a divorcé, sous prétexte qu'il avait tous les torts.
ÉMINENCE — Cette éminence-là n'est toujours pas la bosse de l'humilité, messieurs les cardinaux.16
EMPALER — Comme quoi un paratonnerre peut ne pas être un préservatif.17
EMPHASE — Une vessie qui veut se faire prendre pour une lanterne.
EMPRUNT — Payez et le gouvernement sera considéré.18
ÉMULATION — Jalousie pour le bon motif.19
ENCEINTE (femme) — La postérité... cellulaire.20
ENCENS — Supposer que Dieu, qui a créé les fleurs, leur préfère l'odeur de la pharmacie !
ENCRE — Pas beaucoup d'écrivains tout de même qui sachent s'en servir sans salir ou se salir.21
ENCYCLOPÉDIE — La boutique à treize sous de la science.
ENFANT — Comme quoi, dans l'espèce humaine, c'est le papillon qui précède la chenille.22
ENFER — L'enfer après cette terre ! Mais ce serait de l'orgeat après du trois-six !23
ENFUMER — Opération civilisatrice heureusement tombée en désuétude. (Relire l'histoire du maréchal Pélissier.)24
ENGAGEMENT (au Mont-de-Piété) — La bienfaisance usuraire.25
ENGRENAGE — Tous les vices.
ENLÈVEMENT — Combinaison amoureuse dans laquelle le voleur est souvent le volé.
ENQUÊTE — La lanterne du bourgeois de Falaise. On oublie toujours d'en allumer la chandelle.26
ENTHOUSIASME — C'est comme le feu grégeois27, le secret en est perdu.
ENTREMETTEUSE — Marchande pour la toilette.28
ÉPARGNER — Garder une poire pour la soif, c'est bien ; mais il faudrait aussi pouvoir garder une soif pour la poire.
ÉPIDÉMIE — La mort en chœur.
ÉPIGRAMME — Cela rappelle le convoi de Marlborough. Sauf le dernier vers, les autres ne portent jamais rien.29
ÉPILOGUE — La moutarde après dîner.
ÉPINE — Garde-du-corps de la rose.
ÉPINIÈRE (moelle) — Un capital que notre époque place en général à fonds perdus.30
ÉPITHALAME — Genre de poésie qui a l'air de prendre au sérieux l'expression ciel de lit.31
ÉPOUSE — Un ange, monsieur ! — Je ne dis pas non ; mais ce qu'il y a de terrible pour la lune de miel, c'est que toutes les lunes finissent en forme de croissant et tous les croissants en forme de cornes.32
ESCRIME — Cours de meurtre en quarante leçons.
ESPÉRANCE — Le vrai tronc33 pour les pauvres.
ESPION — Un individu qui prend trop au sérieux le reproche contenu dans ce vers :
Auras-tu donc toujours des yeux pour ne point voir ?34
ESPRIT — Un gaillard qui a la manie de se battre en duel avec le cœur.
ESTAMPILLE — Autre temps, autres mœurs. Jadis le bourreau marquait les livres qui déplaisaient au pouvoir ; aujourd'hui on marque les livres qui lui plaisent.
ESTOMAC — Le Grand-Central.35
ÉTAT — Un être impersonnel, dont la raison se traduit par bien des folies.
ÉTERNITÉ — Un peut-être exploitant un je n'en sais rien.
ÉTYMOLOGIE — Où la recherche de la paternité n'est pas interdite.
EUNUQUE — Un rôle qui pourrait être agréable sans les coupures.36
ÉVANGILES — Un concert spirituel dont les instrumentistes ont oublié d'accorder leurs violons.37
Lettrine F :
1FABLE — La costumière de la vérité2.
FAGOTS — Pas logiques, les cléricaux. Ils n'aiment pas la lumière et ils brûlent les gens.3
FAILLITE — L'art de se faire un tremplin d'une planche de cercueil.4
FAIM — Dieu a voulu la faim ? Moi, alors, je voudrais bien les moyens !
(Un misérable.)5
FARD — Giboyer, parlant à une de ces dames, définissait le maquillage : — Tromperie sur la qualité de la chose vendue.6
FASHION — L 'art de se déformer correctement7.
FATALISME — Une doctrine qui cherche à contrefaire la signature de Dieu.8
FAUCON — Cet oiseau-là, bien sûr, c'est un homme qui a dû lui apprendre la confraternité.9
FAUSSAIRE — Un artiste qui a eu tort de se vouer exclusivement au genre parodie.
FAUSSE-COUCHE — Un assiégé qui se presse trop d'exécuter une sortie.10
FAUTEUIL (académique) — Enterrement assis.11
FAVORITE — Ma pauvre loi salique, ça te prouve-t-il assez combien tu étais bête !12
FEMME — Elle fut, dit l'Écriture, formée d'une côte d'Adam.13
Eh bien ! en voilà une côte sur laquelle il y a eu des naufrages !
FEU — Il a beau incendier parfois, impossible de s'en passer... Juste comme pour la liberté.14
FEUILLETON — Moi, les rez-de-chaussée, ça m'enrhume !
(Un anonyme.)15
FIANÇAILLES — On place les adversaires face à face. Une !... Deux !... C'est l'adultère qui dit : Trois !
FIDÉLITÉ — Vertu dont le deuil se porte en jaune16.
FINANCIER — Dialogue à propos d'eux tous :
— Vous savez... ce fameux banquier ?
— Ah ! oui... Machin... pneumatique17.
FLANELLE — Si le Code l'avait prévue, on n'aurait peut-être pas osé abolir le divorce.18
FLATTEUR — Un chien à qui son aveugle demande de le faire écraser.
FLEUR-DE-LYS — En horticulture je ne sais pas, mais en politique j 'affirme que ce n'est pas une plante remontante.19
FŒTUS — Une âme à l'eau-de-vie.20
FOLIE — Désertion à l'intérieur.
FONCTIONNAIRE — Rouage ainsi nommé par ironie, parce qu'il ne fonctionne jamais quand on en a besoin.
FORÇAT — Un individu qui a trouvé la chaîne en voulant se procurer la montre.21
FORCEPS — Le rossignol de la serrure humaine.22
FORÊT — Ville d'arbres.23
FORFAIT — Le crime endimanché.
FORTUNE — À notre époque de servilisme, c'est sur les yeux des autres qu'elle met un bandeau.24
FOSSOYEUR — C'est la mort qui fait les malpropretés et c'est lui qui gratte pour les cacher.
FOU — Un absent qui a peut-être raison.25
FOUR — Ordinairement, c'est le four qui fait la galette : au théâtre, c'est l'inverse.26
FRANÇAIS — Jadis rimait toujours avec succès. Prenons garde, du train dont nous y allons, que ça ne finisse par rimer avec décès.27
FRANCHISE — Archaïsme.
FRANC-MAÇONNERIE — Est-ce à cause de M. Haussmann que le pape s'obstine à prendre les maçons pour des entrepreneurs de démolition ?28
FRATERNITÉ — Quatre syllabes, rien de plus.
FRIMAS — Façon dont M. Viennet disait : — Ça pince aujourd'hui.29
FROC — Je vous demande ce que ces pauvres orties peuvent en faire.30
FRONTIÈRE — Procédé imaginé par les rois pour mener les peuples à la lisière.31
FROTTEUR — Au moins lui, quand il fait son cavalier seul, la chose lui rapporte !
FUGUE — Substantif qui sert à la fois à désigner un certain morceau de musique et ce qu'il y a à faire pour y échapper.
FUITE — Action familière au gaz et aux caissiers.
FUMIER — A la campagne, on fait des fleurs avec du fumier; à Paris, c'est l'inverse.
FUTURE — Je ne l'ai pas vue, mais cent mille écus de dot! Une affaire splendide... — Oui, dont un amant sera le dividende.
Lettrine G :
GALANTERIE — Compliment, côté des hommes ; injure, côtédes femmes.1
GALIMATIAS — Le style du voisin.
(Un homme de lettres.)2
GALLICANISME — L'art de concilier ce qu'on doit à la croix de Jésus et ce qu'on doit à la croix de la Légion d'honneur.
(L'Évêque ***.)3
GAMIN (de Paris) — Champignon du pavé qui, à l'encontre des autres, cherche à avoir l'air vénéneux quand il ne l'est pas.4
GAMME — Une drôle de gymnastique ! Elle fatigue surtout les autres.
GANACHE — Est-ce pour rendre justice à l'Académie qu'on en a fait un synonyme de fauteuil ?5
GANTS — Pourvu qu'ils n'aient pas de taches, la conscience a le droit d'en avoir.6
GARDE-MALADE — Particulière qui va en ville se faire soigner par les gens qui sont dans leur lit.7
GARE — Les chemins de fer, vu la façon dont ils traitent la vie humaine, devraient sur leur façade ajouter à ce mot-là un point d'exclamation. Au moins on serait prévenu.8
GASTRALGIE — L'effet.
GASTRONOMIE — La cause.
GAUCHE (la) — Côté du cœur, dit l'anatomie.
GAUDRIOLE — La sauce poivrade de la conversation.9
GÉANTS — Les pièces montées de l'espèce humaine.
GENDARME — La botte de Pandore.10
GÉNÉALOGIE — Un jardin où il pousse trop souvent des racines... grecques.11
GÉNÉROSITÉ — Un philosophe a dit : — Les hommes, c'est comme les vins : plus ils sont généreux et vieux, plus ils sont dépouillés.12
GENÈSE — Acte de naissance fantaisiste.13
GÉNIE — Les envieux prétendent que c'est une maladie... parce qu'ils en souffrent.14
GENOU — Deux Invalides passaient. Le premier chauve, le second avec deux jambes de bois.
— Lequel est le plus embêtant, fit Gavroche, n'avoir qu'un genou ou bien en avoir trois ?
GENOUILLÈRE — La calotte de velours que les académiciens se mettent sur la tête.15
GENTILHOMME — C'est lui qui le dit.
GÉOGRAPHIE — Acte d'accusation des conquérants.16
GÉRANT — Les voyageurs pour la ligne de Bruxelles, en voiture !17
GESTES — La ponctuation de la parole.18
GIBELOTTE — Chat échaudé...19
GIRAFE — Animal à rallonge.
GIROUETTE — En politique, elles se prennent toutes pour un paratonnerre.20
GIVRE — Le procédé Ruolz de la nature.21
GLOIRE — Ce que je lui reproche surtout, ce n'est pas d'être une fumée, mais c'est qu'elle ne va presque jamais sans feu.22
GOBELET — Ne pas confondre avec urne électorale.23
GOITRE — Une saillie qui ne fait pas rire.24
GORGE — Est-on assez dévalisé quand on s'aventure dans ces diables de montagnes !
(Pensée d'un voyageur... ou d'un entreteneur.)25
GOUPILLON — Un sceptre à barbe.26
GOUTTE — Et voilà l'expiation !...27
(V. HUGO.)
GOUVERNANTE — Le régime constitutionnel en jupons28.
GOUVERNEMENT — Je ne le suis pas, et j'en suis bien aise, car si je l'étais je ne m'aimerais guère, et je tiens à ma propre sympathie.29
GRABAT — Le lit, ce refuge pour tous, devenant pour le pauvre un supplice de plus.
GRAMMAIRE — C'est comme les truffes... Ils sont des douzaines dans le monde écrivant qui n'en ont pas mangé personnellement.
GRAMMAIRIEN — Le sergent de ville de la littérature. Contrairement aux autres, celui-là n'arrête pas assez.
GRAVE — Les gens dits sérieux font tant de mal en ce monde que je prends le mot grave dans le même sens pour un homme ou pour un accident..
GREFFE (la) — Dire que, depuis le temps que l'on voit faire les jardiniers, l'instruction n'est pas encore gratuite et obligatoire !30
GREVE — De laquelle des deux les orages sont-ils le plus à craindre?31
GRISETTE — La gavroche de l'Amour.32
GROGNARD — Faut-il que la France soit assez patiente pour écouter sa gloire !...33
GROSSESSE — La seule bosse qui fournisse des renseignements sur deux personnes à la fois.
(Un élève de Gall.)34
GRUE — Une simple nuance : celles des quais soulèvent ; celles des boulevards lèvent.35
GUÊPE — L'emblème de la critique... L'aiguillon sans le miel.
GUÉRISON — Une chose dont les médecins sont bien innocents, mon Dieu !
GUERRE — Drôle d'idée d'avoir inventé l'épidémie artificielle !36
GUÊTRES — Mitaines de pied.37
GUILLOTINE —
Et, monté sur le faîte, il aspire à descendre.38
GUIMPE — La guimpe promet toujours, mais trop souvent ce qui est dessous ne tient pas.39
Lettrine H :
1HABILE — Un des synonymes de coquin2.
HABIT — Reliure qui vaut le plus souvent mieux que le livre.3
HABITUDE — Une servante qui finit par épouser son maître.4
HAINE — L'envers de tout amour.
HALEINE — Je ne sais rien de lâche comme d'abuser ainsi de sa force.
HANCHES — On demande des remplaçants (Pardon, mesdames, la vérité avant tout).5
HARICOT — .........6
HARPE — Encore de la musique !7
HASARD — Connu aussi sous le sobriquet de Providence.8
HAUSSE —
Car toujours on mesure en ces ardentes luttes
À la hauteur des bonds la profondeur des chutes.
(Les Chants du Crépuscule.)9
HÉRÉSIE — La paille mise hors la loi par la poutre. 10
HÉRITIER — Un monsieur qui ramasse le gibier tué par un autre.11
HERMAPHRODITE — Deux moitiés qui ne font pas un tout. J'ajoute à cette définition : Reproduction interdite.12
HÉROS — Ça coûte trop cher, les gloires entretenues !13
HEUREUX — Fausse nouvelle qu'on fait courir encore, bien que personne n'y croie plus.14
HIATUS — Les rencontres de chemins de fer de la prosodie.15
HIRONDELLE — Égoïsme vole !16
HISTOIRE — Tenue des livres en partie trouble.17
HISTORIEN — Est-ce qu'il ne vous fait pas un peu l'effet d'un photographe qui opérerait par correspondance ?18
HOCHET — Pour les grands enfants, des rubans qui sont presque toujours des faveurs.19
HOMŒOPATHE — Croyez-moi et buvez de l'eau.20
HOMME — Je n'aurais jamais assez de place pour vous dire tout le mal que j'en pense, s'il s'agissait de mon prochain ; tout le bien, s'il s'agit de moi.
HONNEUR — Une île escarpée et sans bords... Seulement, la tolérance contemporaine y a ajouté des escaliers.21
HÔPITAL — La gamelle de la souffrance.
HORLOGE — Instrument qui nous coupe la vie comme on coupe le pain aux bébés.22
HORS-D'ŒUVRE — Les récitatifs d'un dîner.23
HOSPITALITÉ — Chez les Écossaises de Paris, elle se vend et ne se donne jamais.24
HOSTIE — Il paraît que les âmes digèrent !25
HOTTE —
Les rendez-vous de noble compagnie
Se donnent tous en ce charmant séjour.
(Pré aux Clercs.)26
HUMILITÉ — La pire des qualités, et pourtant il y en a de bien mauvaises !
HYPERBOLE — Le verre grossissant de la pensée.27
HYPOCRISIE — La parodie de la vertu. Nota. — Elle a toujours eu plus de succès que la pièce.28
HYSTÉRIE —
Quand on prend du galant on n'en saurait trop prendre.29
Lettrine I :
1IDÉAL — Regarder en l'air et se laisser tomber dans un puits... qui n'est pas, hélas celui de la Vérité2 .
IDOLÂTRIE — Toutes les religions, parbleu ! à les entendre mutuellement.3
IDYLLE — La tisane des quatre-fleurs de la poésie.4
IGNORANTIN — Cour d'assises de... Attentats à la pudeur...5
ILLUSION — Une ombre qui vaut mieux que la proie.
IMAGINATION — Ce qui m'a tué. (Pascal.) — Ce qui m'a fait vivre. (Alexandre Dumas.)6
IMBÉCILE — Étoffe à hommes sérieux.7
IMMORTALITÉ — Suppose que tu t'appelles Yau-de-Poêle...8
IMMORTEL — L'Académie a voulu en faire le synonyme d'empaillé. Cela n'a pas mordu.9
IMPARTIALITÉ — L'eunuque de la pensée.10
IMPATIENTS — Des mouches, hélas ! qui ne manquent jamais le coche.11
IMPÉRIALE — Pourquoi diable cette partie des omnibus s'appelle-t-elle ainsi ?... Est-ce parce qu'on n'y arrive qu'en escaladant ?12
IMPERTINENCE — Jurez-moi donc qu'elle vous déplaît, madame !
IMPIE — Pas de danger qu'un clérical emploie ce mot-là si vous avez assassiné ; mais si vous avez fait gras un vendredi, oh alors...13
IMPÔT — Puisqu'il a une assiette, pourquoi mange-t-il toujours dans la nôtre ?14
IMPRIMERIE — Cuisine de la pensée. — On porte en ville.15
IMPUDENCE — Le plus précieux de tous les défauts.
IMPUISSANCE — Mise à la retraite d'un acteur qui manquait toujours son entrée.16
IMPUNITÉ — Ce qui fait l'aplomb des despotes.
INAUGURATION — La providence des restaurateurs qui ont des poulets de cent deux ans à écouler.
INCESTE — Amour de la famille trop développé.17
INCONSTANCE — Sont-ils drôles ! disait Cocodette : ils me reprochent ça... Je fais comme tout le monde, je change... quand j'ai plus de monnaie18 .
INDEX (commission de l') — Serait-ce à cause du doigt qu'elle se met dans l'œil qu'on lui donne ce nom ?19
INDIFFÉRENCE — La plus portative des cuirasses.
INDIGENT —
Soyez plutôt coquin si c'est votre talent.
(BOILEAU, édition revue.)20
INDIGESTION — À l'inverse des autres, au baromètre de l'estomac, c'est quand ça remonte que c'est signe de tempête.21
INDIRECTS (impôts) — Comme s'ils n'allaient pas tous directement dans la poche des gouvernants...22
INDULGENCES — Il faut que j'envoie ma conscience à la lessive...; seulement ce blanchisseur est d'un cher !...23
INÉDIT — Ce qui n'a guère paru que huit ou dix fois dans chacune des langues connues.24
INFAILLIBILITÉ — Si ça empêche de se tromper, ça n'empêche pas de tromper les autres.25
INFANTICIDE — Quelle opinion voulez-vous que les animaux aient de nous ?
INFIDÉLITÉ — Faites à autrui ce que vous ne voudriez pas qu'on vous fît.26
INFINI — Le plus ancien des logogriphes.27
INFIRMIER — On en rit de ces soldats-là ! C'est logique ; ils travaillent à donner la vie, au lieu de travailler à donner la mort.
INGÉNUE — En sortant du Conservatoire, elle débute ainsi. Deux ans après, vu les pièces à maillot, il ne lui reste plus que la dernière syllabe.28
INGRATITUDE — L'art d'acquitter ses notes sans les payer.
INQUISITION — Quelle piété ils avaient, monsieur ! Tout feu ! tout flammes !29
INTELLIGENCE — Une horloge qui avance pendant la première moitié de sa durée et qui retarde pendant l'autre.30
INTOLÉRANCE — Est-ce que tous les manches de poignard n'ont pas la forme d'une croix ?31
(Un artiste du drame de la Saint-Barthélemy.)32
INVALIDE — Trognon de gloire.33
INVASION — Le dessert de l'impérialisme.34
IRRIGATEUR —
Non, dans l'intimité je n'aime pas la pompe.
(Vers de tragédie.)35
Lettrine J :
JALOUSIE — Une passion qui presque toujours regarde en Champagne si la Picardie brûle.1
JAMBE — Un utile, madame, dont vous avez fait l'agréable.2
JARRETIÈRE — Le décrochez-moi ça de la galanterie.3
JAUNE —
L'ÉPOUX — Ma femme, un cœur d'or !.
L'AMI — Ça se voit à tes reflets, mon bonhomme.4
JAUNISSE — Allons, bon ! voilà que les maris déteignent !
(Cri du cœur d'un célibataire ictérisé.)5
JÉSUITE — Ils disent : Je suis de la société de Jésus... Judas en disait autant.6
JEÛNE — Pour gagner le ciel, il ne me semble vraiment pas que ce soit au ventre qu'il faille se mettre des ailes.7
JEUNESSE — Comme quoi la vie est un feu d'artifice qui commence par le bouquet.
JOCKEY — La paire de pincettes avec laquelle les sportsmen tirent les marrons du feu.8
JOURNALISME — Le malheur c'est qu'il y ait sur la porte : Entrée libre.9
JOIE (fille de) — Voir : Misère, Vice, Coups, Décrépitude, Mort, Fosse commune.
JUIFS — Des collaborateurs à qui Dieu le Père a octroyé de drôles de droits d'auteur.10
JUMEAUX — N'est-ce pas, madame, qu'on ne dit pas toujours : Bis repetitaplacent ?11
JUPON — Un nez à la Roxelane, c'est un nez retroussé... J'aime les jupons à la Roxelane.12
JURY — La justice en uniforme de garde national.13
1KERMESSE — Congestion de gaieté.
KIOSQUE (à journaux) — C'est comme dans les pharmacies. On y vend des remèdes et des poisons.2
KNOUT — L'État, c'est moi.
(Traduit du russe).3
KORAN — Autre guitare.4
Lettrine L :
1LAIDEUR — Infirmité qui fait le désespoir d 'une femme et la joie de toutes les autres.2
LANGUE — L'arme qui a la plus longue portée connue3.
LARMES — Sécrétion aqueuse des glandes de l'œil.
(Un médecin.)
— En fait de larmes, nous avons d 'abord la manne purgative.
(Un pharmacien.)
— Ce qu'il faut mettre dans l'arrosoir pour faire pousser les carottes4.
(Une petite dame.)
— 4,000 francs de recette tous les soirs.
(Un dramaturge.)
— Si on ne les avait pas pour brouiller la vue du monde, y aurait pas moyen de faire passer toutes les monnaies douteuses.
(Une marchande de couronnes.)
— Celles qui sont dorées, c'est trente sous de plus la paire.
(Un monsieur.)
— La dernière chose que versent mes actionnaires.
(Robert-Macaire.)5
LAURIER — La vilaine plante, qui ne pousse qu'arrosée de sang !6
LAYETTE — Notre préface à tous.7
LECTEUR — Un prisonnier qu'on a bien du mal à empêcher de s'évader.8
LÉGITIMITÉ — La jument de Roland.
Toutes les qualités ; seulement, elle est morte9.
LÈVRE — La rose sur laquelle on est exposé à rencontrer le plus de chenilles.
LIAISON — Prison d'agrément.10
LIBERTÉ — Le plus imité de tous les diamants.11
LIBERTIN — Un imbécile qui oublie que, quand on a mangé son fonds, on fait faillite.12
LIBRAIRIE — Spécialité de cervelles crues.13
LICENCE — Une figure de rhétorique.14
LIE (du peuple) — Vous n'avez pas le droit de faire les dégoûtés, puisqu'on vous offre les moyens de la filtrer et que vous ne voulez pas.15
LIERRE — Moi, j'en ferais l'emblème de la flatterie qui rampe aux pieds de la puissance, avec cette devise modifiée :
— On meurt où je m'attache.16
LILAS — Le P. P. C. de l'Hiver.17
LINCEUL — Vêtement pour la coupe duquel il n'y a pas besoin de consulter les gravures de modes.
LIT — L'amour disant à la mort : Du même au même.
LITANIES — Le dogme du radotage.18
LITHOTRITIE — Système médical qui a pris pour devise : Diviser pourrégner.19
LITRE — On appelle ça une mesure de capacité. Demandez aux abrutis de l'ivrognerie ce qu'ils en pensent.20
LOCATAIRE — Un sujet-despote, un despote-sujet.21
LOGE (de concierge) —
LOGE (D'ACTRICE) —
[Accolade]
Deux extrêmes qui se touchent par le Conservatoire.22
LOGIQUE — Un bon outil, qu'on nous vend presque toujours sans la manière de s'en servir.
LONGTEMPS — Un mot qui se dit on ne sait pourquoi.
LOUANGE — Un prêté qui appelle toujours son rendu.
LUETTE — Le loquet du gosier.
LUNDI — Le plus canonisé de tous les saints.23
Lettrine M :
1MACADAM — L'âge de la boue !... C'est le nôtre.2
MACARONI — Alimentation au kilomètre3.
MACÉRATION — Faites macérer le cornichon dans le vinaigre, ou l'homme dans le cagotisme, le résultat est aussi acide4.
MÂCHOIRE — Une antiphrase ; car on donne toujours ce nom à des sénateurs ou à des académiciens qui n'ont plus de dents.
MAGASIN — Moi, j'aime autant une boutique où l'on ne me vole pas.
MAGISTER — Les premiers seront les derniers, dit notre budget d'un ton évangélique. Et il donne 100,000 francs au ministre souvent inutile et vingt sous par jour à l'instituteur5.
MAIGREUR — Des os qui ne passeront jamais pour une réjouissance.
MAILLOT — Pourquoi ne l'aimeraient-ils pas, ces bons vieux de l'orchestre, puisqu'ils sont en train de retomber en enfance6?
MAÎTRESSE — Le superflu, chose si nécessaire !
MAJESTÉ — Lisez les Mémoires du temps de Louis XIV, pour savoir dans quel ustensile à irrigation cette Majesté-là peut aller se nicher7.
MALADE — Homme qui commence à apprécier la santé.
MAMAN — Épithète à laquelle ont droit dix demoiselles sur cent8.
(Un statisticien de la rue Notre-Dame de Lorette.)
MANANTS — Les nobles les appelaient aussi vilains... Il est vrai que c'était à une époque où il y avait peu de miroirs où se regarder soi-même9.
MANCHON — Étui à déclarations10.
MANSARDE — A vingt ans on y est bien... Air connu... Seulement, ce n'est pas le pain dur qu'on aime, ce sont les bonnes dents avec lesquelles on le croque.11
MARBRIER — Le maçon de la mort.
MARÉCHAL —
Tel brille au second rrrrang qui s'éclipse au premier.
NOTA — N'allez pas prendre cette définition pour une personnalité12.
MARÉCHAUSSÉE — On suppose que cela s'écrivait jadis : Marée-chaussée, à cause des analogies de parfum.
MARGUERITE — Consultations gratuites de l'amour13.
MARI — Il faudrait en dire du bien pour être original, et je ne me sens pas la force de pousser le paradoxe jusque-là14.
MARIAGE — Duel à coups de cornes15.
MARMOTTE — L'Épiménide des bêtes16.
MARTYR — Une dupe sublime.
MASSACRE — Un des moyens de persuasion de l'humanité.
MATÉRIALISME — Une affirmation qui est une négation.
MATIN — Le printemps de la journée.
MATURITÉ — Une qualité que les fruits envient peut-être aux femmes, mais sans vice versâ.
MAUSOLÉE — Commode de pierre où l'on serre sa famille17.
MÉCÈNE — Pépiniériste artistique et littéraire.
MÉDECIN — Marchand de santé qui fait comme les boursiers et vend souvent ce qu'il n 'a pas18.
MÉDICAMENT — Le hasard de la fourchette.
MÉDIUM (pour spiritisme) — Ceux d'entre eux qui se rengorgent me font l'effet d'un poteau télégraphique qui se prendrait pour l'électricité19.
MÉLODIE — Non..., j'ai trop peur de la nouvelle école20.
MELON — Végétal d'un naturel aimant21.
N'est-il pas fait pour le côte à côte ?
MÉMOIRE — Caisse d'épargne de la pensée. Seulement c'est l'intelligence qui dépose et c'est le corps qui retire.
MÉNAGE — Duo... à trois voix.
MENDIANT — Le rentier de la compassion.
MENUET — Les pompes funèbres de la danse22.
MERCURE — Au baromètre de l'amour il marque toujours tempête.
MÉRITE — La seule chose que l'on ne pardonne pas à notre époque.
MESSE — Marchandise qui, à ce qu'il paraît, se négocie à vingt ou trente personnes à la fois. Bah ! le poëte a dit :
Chacun en a sa part et tous l'ont tout entière.23
MEUBLES — Le madrigal le plus goûté au quartier Bréda24.
MILLION — Un chiffre qui en général n'est si rond que parce qu'il s'est nourri du prochain.
MINISTRE — Ambitieux qui, en courant après du maroquin, ne trouve le plus souvent que du chagrin25.
MINORITÉ — La raison du plus faible.
MIRACLE — Mensonge en commandite.
MIRLITON — L'Académie des poëtes anonymes26
MIROIR — Êcole des mines27.
MISANTHROPE — Ce n'est pas comme pour les épinards. Il ne peut pas souffrir les hommes et il en mange toute la journée28.
MISÈRE — Une maladie que les docteurs de la réaction déclarent incurable pour n'avoir pas l'ennui d'en chercher le remède.
MISSIONNAIRE — Commis voyageur en dévotion.29
MODE — La seule loi à laquelle tout le monde obéisse, probablement parce qu'elle est facultative.
MODESTIE — La housse du talent.
MOLLET — Le cas de dire ou jamais que les absents ont tort30.
MOMIES — Confitures de cadavre.
MONARCHIE — Forme de gouvernement, dit Bescherelle. Soit, si ici la forme n'emportait pas tant les fonds31.
MONASTÈRE — Le vrai théâtre des Inutiles.
MONARQUE — Un berger... qui mène trop souvent ses brebis du côté de l'abattoir.
MONOMANE — Homme chez lequel on remarque ceci de singulier qu'il est possédé d'une seule folie, tandis que les autres en ont plusieurs32.
MONT-DE-PIÉTÉ — Usure et philanthropie33 .
MORALE — La police de la raison.
MORGUE — Garde-manger de la mort.
MORT — Un point... Est-ce tout 34?
MOUCHARD — Un monsieur pas difficile qui se contente de n'avoir ni l'honneur, ni l'argent.
MUSE — Une bonne vieille dame qui n'a pas pu survivre à feu Viennet, son dernier amant35
.
MUSELIÈRE — Ce qui rapproche le chien de l'homme... par les journalistes36.
MUSIQUE — La lance d'Achille. Rossini cicatrisant les blessures faites par Wagner37.
Lettrine N :
1NAISSANCE (extrait de) — Le seul extrait que ne cultivent pas les vieilles coquettes qui s 'inondent de parfums.2
NARCOTIQUE — Qui assoupit. Se trouve dans les pharmacies, les théâtres et les cabinets de lecture.
NATION — Ouvrage de marqueterie politique3.
NATTES — Les coiffeurs, variant une formule de 48, devraient mettre sur leur porte : Armes vendues4 !
NÉCROLOGIE — À l'entendre, rien que des perfections ici-bas. C'est ce qui a dû donner naissance au proverbe :
— Le feu purifie tout.5
NÉNUFAR — Dormez, dormez, chères amours6 !
NERFS — Ficelles... terriblement exploitées par les médecins7.
NEVEU — Vampire de salon8.
NOBLESSE — C'est comme pour la religion : on continue à pratiquer sans croire.
NOM — Comme il faut bien s'occuper en ce monde, quand on n'a pas le sien à faire, généralement on le défait.9
NON — Le seul mot français que je n'aie jamais pu prononcer.
(Une femme de feu.)10
NOURRICE — La caricature de la maternité.
NUDITÉ — La mère de la déception11.
NUIT — Temps qu'on peut également consacrer au sommeil.12
NULLITÉ — Un numéro qui sort très-souvent à la loterie du succès.13
Lettrine O :
1OASIS — Un mot d'esprit dans un discours académique.
OBÉLISQUE — Des originaux, ces Egyptiens ! Ils faisaient les mirlitons carrés2.
OBLIGÉ — Ah ! tu m'as infligé l'humiliation d'un service ! Tu me le payeras, gredin3!
OBSERVATOIRE — Établissement qui a la vie bien dure pour n'être pas mort d'une Leverriérite aiguë4.
OCCASION — Doit-elle avoir de la besogne, si c'est elle qui fait tous les larrons d'aujourd'hui 5!
ODÉON — Le pôle nord de l'art dramatique. Il est tout naturel qu'on y rencontre des ours6.
ŒIL — La fenêtre de l'âme. Trop souvent, par malheur, il n'y a personne à la croisée.
OFFICIEUX — Employé de la Société générale des pavés de l'ours7.
OISEAU — Un Nadar arrivé à son but.8
OISIVETÉ — Maman Gigogne, puisqu'elle a tous les vices pour enfants9.
OMNIBUS — Les principes de 89 à quatre roues10.
OPHICLÉIDE — Je me plais à croire que s'il n'y avait eu que ce genre de serpent-là, Ève n'aurait pas pris un si dangereux plaisir à l'écouter11.
OPINION (politique) — Un jeu où les tricheurs ne retournent pas le roi, mais se laissent retourner par lui12.
OPPOSITION — Le fouet du char de l'État13.
OPPRESSEUR — Fabricant d'explosions.
OR — Rouge, couleur de la honte ; jaune, couleur de l'envie. Les deux s'expliquent.
ORATEUR — Costumier pour pensée.
ORDRES — Ceux qu'on porte à la boutonnière font avaler ceux qu'on exécute14.
OREILLE — Un collecteur dont l'intelligence est le filtre.
ORGUE — Petit meuble à musique qui démontre que ce qui est commode n'est pas toujours agréable15.
ORGUEIL — Un paon qui fait la roue, même sans avoir de plumes à la queue.16
ORTHOGRAPHE — Une Française que trop de gens traitent en étrangère.
ORPHÉON — Le pique-nique du chant17.
OTAGE — À la guerre aussi, on donne des gages. Ce n'est pourtant pas un jeu innocent.
OUBLI — Une éponge qu'on ne trouve jamais quand on en a besoin.18
OUVERTURE (d'opéra) — Moi, je n'aime pas les vestibules plus ornés que la maison.
OUVREUSE — Une dame pour qui, à l'heure du petit banc, c'est tous les soirs la fête des Loges19.
OUVRIER — But qui s'avance ! but qui s'avance20 !
Lettrine P :
1PACTE (de Bordeaux) — La monarchie disant au gouvernement républicain :
— Puisque je suis stérile, fais-toi eunuque 2!
PAGANISME — Une religion qui avait pour devise :
— Plus on est de fous, plus on prie3.
PAIX — Fraternité à aiguille4.
PALAIS — Hôtel meublé pour souverains.
Nota. — On ne fait plus que des baux très-courts5.
PALÉOGRAPHE — Le Cuvier de l'écriture6.
PALEFROI — Prononcez cheval7.
PALINODIE — Eh bien, quoi ?... Est-ce que ce n'est pas dans les usages, de couronner son édifice par une girouette 8?
PANACHE — Le vrai nerf de la guerre.
PANÉGYRIQUE — Faire l'article... de la mort9.
PANTHÉISME — Formule religieuse qui équivaut à peu près à ceci : Rien estdans tout10.
PANTHÉON — Il fallait des grands hommes ; ce furent des chanoines qui l'obtinrent11.
PANTOMIME — Un art qui fait des pieds et des mains12.
PAPA — Le plus usurpé de tous les titres.
PAPIER — Une rosière qui se laisse violer par tout le monde13.
PARADIS — Le pourboire des âmes.
PARAPLUIE — Le symbole de l'amitié. Il vous manque presque toujours au moment de l'orage.
PARASITE — A varié ainsi le dicton.
« Il n 'y a que le premier repas qui coûte.14 »
PARATONNERRE — Le désarmement d 'en haut.15
PARENTS — Ennemis donnés par la nature.
PARENTHÈSE — Le magasin des accessoires du style.16
PARRAIN — Un auteur qui prend un pseudonyme17.
PARTERRE — O Sémiramis ! On a fait maintenant de la claque un jardin suspendu18.
PASSAGE — Rue en chambre19.
PASTEL — La romance de la peinture.
PATERNITÉ — Société en nom collectif20.
PATIN — Une lame qui n'use pas son fourreau, mais qui fatigue son manche.
PATRIE — La famille au second degré21.
PAYSAN — Homme de somme22.
PÉCHÉ — Avoué, il est à moitié pardonné ; oui, mais caché, il est pardonné tout à fait.
PÈLERINAGE — L'exportation de la crédulité.23
PÉLICAN — Un père Goriot à plumes24.
PENDULE — La balançoire du temps.
PÉNITENCE — La diète des médecins de la foi.
PERLE — La perle et l'huître ! Un ménage comme nous en voyons trop25.
PERPÉTUITÉ — Pardonnez-nous, ô modestie ! nous ne savons pas ce que nous disons !
PERROQUET — Monologue à plumes.
PERRUQUE — Petite housse de tête, destinée à faire illusion... à ceux qui la portent.
PERSÉCUTION — Les religions, c'est comme les clous : plus on tape dessus, plus ça tient.
PERSONNEL (pouvoir) — Le berger : Moi seul et c'est assez ! — La bergère : C'est même trop.
PHARE — La veilleuse des navires malades.
PHARMACIE — Il n'y a pas un remède ici qui ne soit utile... à celui qui les vend.
(Feu Purgon.26)
PHILANTHROPE — Un frère qui, en faisant l'Abel, fait souvent la bête27.
PHRÉNOLOGIE — La carte du cerveau.
Nota. — Sur cette carte-là, la raison est presque toujours une île déserte28.
PIANO — La mitrailleuse de la paix29.
PIGEON — On dit qu'on ne peut pas en consommer trente de suite. Demandez à ces dames de Mabille !...30
PILORI — On ne peut jamais répondre que l'histoire n'en fera pas un piédestal.31
PION — Nom ironique que le collégien donne à ses malheureux maîtres d'études,
comme pour leur rappeler sans cesse que la misère leur défend les dames32.
PLATONIQUE (amour) — Ayant entendu dire que l'appétit vient en mangeant, il ne mange pas, pour ne pas avoir faim.
PLÉBISCITE — La carte forcée... La carte d'électeur, bien entendu.33
PLURIEL — Dialogue inter-féminin.
— Dis donc, Julie... Faut-il mettre un s à je t'aime ?
— Mais non... Es-tu sotte !
— C'est pourtant le pluriel, puisque je l'écris à plusieurs à la fois.
POCHE — La cible de Robert Macaire34.
POLICE — La maison Domange de la société... Bouchez-vous le nez, mais n'en dites pas de mal35.
POLITESSE — Archaïsme.
POLYGAMIE — Façon d'écrire le proverbe :
« Abondance de biens ne nuit pas. »
POLYTHÉISME — Communisme pour dieux.36
POMPIER — Le seul soldat qui fasse rire, peut-être parce qu'il est le seul qui ne fasse pas pleurer.
PORTE-MONNAIE — La bourse, c'est la vie !"37
PORTIER — Le premier propriétaire ne possède que l'immeuble ; lui, le second propriétaire, prétend posséder les locataires38.
POT — La cage des fleurs.
POUDRE — Un orateur qui parle trop souvent, hélas ! pour dire des bêtises39
POULS — Le vrai jeu du petit bonhomme vit encore40.
POUVOIR — Hôtel meublé, où c'est le propriétaire qui paye le terme du locataire.41
PRÉDICATEUR — Fait la demande, ne permet pas la réponse, et a toujours raison.
PRÉFACE — La parade42 des livres.
PRÉFET — Un uniforme qui a parfois trop de tendance à se changer en livrée43.
PRÉOPINANT — Sans cette occasion-là, est-ce que vous croyez qu'on appellerait jamais Chose honorable ?44
PRÉSOMPTIF (héritier) — Mot qui tend chaque jour davantage à devenir dans ce cas synonyme de présomptueux45.
PRÉTENDANT — Pêcheur à la trouble46.
PRÊTRE — Négociant en intimidation.
PRÉVENTION — Quidquid délirant les juges d'instruction, plectuntur des innocents47.
PRIMAIRE (instruction) — Le bourrelet de l'intelligence48 ; il n'empêche pas les chutes, mais il les amortit.
PRINCIPE — Ne parlons pas des absents.
PRINTEMPS — La matinée de l'année.
PRISON — Maison de santé des consciences.49
PROCÈS — Un duel où tout le monde est sûr d'avance d'être blessé.
PROGRÈS — Toutes les fois que vous marchez, ça écrase des insectes, et ils ne sont pas contents.50
PROSE — Le pain de la pensée, dont la poésie est le gâteau.
PROTECTEUR (de ces dames) — Payez... et vous serez déconsidéré.51
PROTÊT — La manœuvre qui, dans l'école de peloton des huissiers, correspond à : En joue !52
PROVERBE — Mensonge âgé.
PROVIDENCE — Un aiguilleur qui, pour se rendre indispensable, a inventé les déraillements.53
PROVISOIRE — Synonyme de durable.
PUDEUR — Feuille de vigne... à jours.
PURGATOIRE — Le sedlitz des âmes54.
Lettrine Q :
1QUADRILLE — Moi, la seule figure qui me charme, c'est celle de ces jobards2 de maris qui sourient pendant qu'on balanceleurs dames.
QUALITÉ (homme de) — Un monsieur qui ne se doutait guère que le suffrage universel le forcerait à compter avec les hommes de quantité3.
QUATRAIN — Un oiseau à quatre pattes4.
QUESTION — Ce sont ceux à qui on l'appliquait qui n'aimaient pas jouer aux quatre coins5 !
QUÈTE — Pour les frais du culte, s'il vous plaît6 !...
Regardez les visages pendant que les mains fouillent dans les poches, et vous verrez que, pour la plupart, c'est ce moment-là qui est le vrai sacrifice de la messe.
QUIPROQUO — Avoir besoin d'un Talleyrand et prendre un Benedetti7.
1RACOLEUR — Missionnaire qui travaillait chez les marchands de vins2.
RADICAL — Un homme qui sait que pour les abus en politique il en est de même que pour les cors aux pieds : rien n'y fait, tant qu'on laisse la racine3.
RADIS — Le Latude4 des hors-d'œuvre... à cause de ses perpétuelles tentatives d'évasion.
RAGE — Maladie qui doit remonter comme origine à un jour où un chien fut mordu par un homme.
RAISON —
RAISIN —
Dire qu'il suffit de ceci pour tuer cela !5
RÂLE — La cantonade de la mort.
RAMOLLISSEMENT — Qui trop embrasse6...
RANCUNE — L 'extrait de Liebig de la colère7.
RATELIER — On dit les dents de sagesse, pourquoi ne dirait-on pas les dents de folie ?
RATURES — Le meâ culpâ de la plume8.
RÉACTIONNAIRE — Un ignorant qui ne sait pas qu'en frappant sur les fulminates on les fait éclater9.
RÉCIDIVISTE — Un gaillard qui fait semblant de prendre les sifflets pour des bis10.
REGAIN — Seconde édition revue et considérablement diminuée11.
REGRET — L'écho de la douleur.
RELIEUR — La couturière des livres12 .
RELIGION — On croyait que ce serait la plus économique des polices13, et c'est devenu la plus coûteuse de toutes.
RELIQUE — Le bric-à-brac de la piété14 .
RELIURE — Il en est de même des livres que des femmes ; ce sont en général celles qui valent le moins qui ont les plus belles toilettes.
REMÈDE — Comme tous les articles de foi, ça se vend diantrement cher15 .
REMORDS — L'indigestion de l'âme.
REMPLAÇANT — Héros marqué en chiffres connus16.......
RENOMMÉE — La preuve que le goût de la guerre est dans le sang de l'humanité, c'est que pour emblème on a donné à la Renommée une trompette17.
RÉPARATION — Opération également désagréable aux poltrons et aux propriétaires18 .
REPTILE — On annonce qu'on va leur bâtir un palais au Jardin des Plantes. Histoire de démontrer qu'aujourd'hui c'est en rampant qu'on arrive aux grandeurs19.
RÉPUBLIQUE — Chapeau bas ! Qu'on ne plaisante plus20.
RÉPUTATION — Ce qu'il y a au monde de plus tachant21 .
RÉQUISITOIRE — Massue dont la loi a le tort de se servir indistinctement pour assommer un monstre et pour écraser une mouche.
RÉSIGNATION — Paratonnerre placé par la religion sur les jouissances du riche.
NOTA. — Les paratonnerres mal faits finissent par attirer la foudre. D'où l'Internationale22 .
RÉSISTANCE — X... serrait de près sa blanchisseuse. — Voyons ! pas tout de suite, je reviens lundi......
RESPECT — Ah ! monsieur, quelle époque ! On ne sait plus être respectueux.
— Ah ! monsieur, êtes-vous bien sûr qu'on sache être respectable ?
RESPONSABILITÉ — Au collége, nous jouions à un jeu appelé la balle empoisonnée. Mettez les partis au lieu de collégiens, et vous y êtes.
RESTAURATION (d'un prince) — Malpropreté culinaire qui consiste à faire, à force d'épices, remanger à un peuple ce qu'il a rendu la veille23.
RÉSURRECTION — Le retour de l'île d'Elbe du bon Dieu24.
RÉTABLIR — Ce verbe a deux sens parfaitement distincts.
Exemple : Si vous entendiez dire : La royauté est rétablie, cela ne voudrait pas dire qu'elle a cessé d'être malade.
Au contraire25 .
RETARDATAIRES — Les carabiniers des Variétés et les généraux français de la dernière campagne26.
RETENUE — Connais pas ! répondent les mœurs. — Connais trop ! répondent les appointements27 .
RÉTICENCES — Les doubles-fonds de la parole28.
RETIRER (se) — Pour simplifier les bulletins officiels du siége de 1870 et économiser le papier, moi je n'en aurais fait qu'un seul mot : Se retirenbonordrer qu'on aurait conjugué ainsi :
Je me retirenbonordre, tu te retirenbonordres, il se retirenbonordre, nous nous retirenbonordrons29.
RETOUR — Pas une raison parce qu'on a pratiqué ceux du bâton pour pratiquer celui de l'île d'Elbe30....
RÉTRACTATION — Éponge qui, en nettoyant l'autre, salit le plus souvent celui qui s'en sert.
RETRAITE — Drôle d'idée d'avoir donné le même nom à ce qui déshonore le soldat et à ce qui le récompense à la fin de sa carrière.
RETRANCHEMENT — Genre de travail qui fortifie les villes, mais qui ne fortifie pas les hommes. Pour plus amples détails consultez Vauban... et Abeilard31.
RÉTROACTIVITÉ — Le recul de la loi32.
RETROUSSER (se) — Action qu'on a surnommée le baromètrede la pudeur. Malheureusement quand il monte, ça ne veut pas toujours dire beau.
RÉUNIONS (publiques) — Lieu où l'on échange des idées... sur la figure.
REVANCHE — Si l'on veut que la première représentation réussisse, il ne faut pas que les journaux racontent la pièce d'avance33.
RÉVEIL-MATIN — Exactitude artificielle.
RÉVÉLATION (religieuse) — Enfant de trente-six pères34 .
RÊVE — Une évasion quotidienne.
REVENANT — Croyance d'autrefois.....
REVENU — Croyance d'aujourd'hui35.
RÉVÉREND (du latin revereri, respecter). — Ils ont pris ce titre comme d'autres prennent celui de baron36...
REVERS — Pèse-amitié.
RÉVOLUTION — Adultère des nations.
1er Nota. — Neuf fois sur dix c'est la faute du mari.
2eNota. — Ceux qui crient au scandale sont ceux qui sont furieux de n'avoir pas joué le rôle de l'amant.
REVUE — Application militaire du proverbe : « Il ne faut pas se fier aux apparences37 . »
REZ-DE-CHAUSSÉE — Local qui entretient par ses petits cadeaux l'amitié entre l'architecture et la médecine38.
RHÉTORIQUE — On montrait jadis à Beaujon un jardin dont toutes les fleurs étaient en papier. C'est ça39.
RHYTHME — Les nerfs de la musique.
RICHESSE — Avez-vous remarqué qu'on trouve bien souvent les plus superbes pianos chez les gens qui ne savent pas en jouer ?
RIDES — Des sillons où la plupart du temps il n'a rien poussé.
RIDEAU — J'ai une voisine qui s'en sert absolument comme le toréador de sa banderole.
RIDICULE —
Les gens que vous tuez se portent à merveille40.
RIEN — La vertu de ces dames. — La stratégie de M. Le Bœuf. — La bravoure du cousin Jérôme. — La foi du père Veuillot. — Le... (Je pourrais continuer durant un volume41).
RIGORISTE — Un monsieur qui ne se regarde pas assez dans la glace.
RIME — Je comprends qu'on réunisse deux bœufs par un joug ; mais deux oiseaux !...
RINÇURE — La meilleure définition du pastiche.
RIPOSTE _ L'aller et retour de la conversation.
RIVAL — Comme quoi la gamelle ouvre l'appétit.
(DUMAS fils.)
RIVIÈRE — Le proverbe assure que la rivière vient du ruisseau. C'est ce que je pense chaque fois que je regarde les diamants de nos courtisanes42 .
RIZ — On dit que le riz resserre. Au fait, c'est peut-être ce qui a intercepté toutes les sorties du général Trochu pendant le siège43 .
ROB
ROBE
Fi, monsieur le dictionnaire ! Vous permettre un tel rapprochement44 ...
ROI — Marchand de chaînes de sûreté.
ROMANCE — Incongruité poétique, sur laquelle on mettait de la musique en guise de cendre.
RONDEUR — Problème : Cette qualité est-elle plus rare dans les caractères que dans les corsets ?
RONFLEMENT — Trompette de Jéricho de l'amour. Au premier coup tout s'écroule45.
ROSAIRE — Dieu... aux petits pois46 .
ROSE — L'emblème de la coquetterie. A l'air d'avoir des épines, pour nous donner envie de la cueillir47.
ROSÉE — Les pleurs du malin, dit la poésie. Ça doit être la faute de nos péchés de la nuit.
ROSIÈRE — Quand elle est jolie, j'admets qu'elle a fait ce qu'elle a pu. Mais quand elle est laide, je me demande si elle a pu ce qu'elle n'a pas fait48 .
ROTURIER — Citoyen qui a quatre-vingt-dix chances sur cent pour monter, tandis que le noble a quatre-vingt-dix chances pour descendre.
ROUBLE — Le cœur de ces dames du corps de ballet trouve qu'il n'y a vraiment que ça qui rime bien avec trouble49 .
ROUCOULEMENT — Âmes sentimentales, souvenez-vous que l'argot moderne a fait de pigeon le synonyme de dupe50.
ROUE — Tous les goûts sont dans la nature. La preuve, c'est que cet exercice semble faire infiniment plus de plaisir aux paons qu'il n'en faisait aux condamnés à mort.
ROUGEUR — Ah ! monsieur, les demoiselles d'aujourd'hui ne rougissent plus... — Pardon ! vous oubliez la couperose.
ROULADE — Les borborygmes du chant.
ROULETTE — Petit appareil de jeu qui doit avoir inventé la formule : Je pose zéro et je retiens tout.
ROSSIGNOL — Oiseau qui ne se sent d'humeur à chanter que la nuit. Probablement parce qu'alors il ne voit plus nos laideurs.
ROYALISTE — Se rappeler la légende de Gavarni :
— Ma chère, fidèle comme un caniche,
— Et ça rapporte51 !
ROYAUTÉ — Pauvre vieille ! est-ce que tu t'es jamais crue aimée pour toi-même52 ?
RUBANS — Nous vous pardonnons les vôtres, mesdames, mais ne nous pardonnez pas les nôtres, je vous en prie53 .
RUMINANT — Animal qui remâche plusieurs fois la même nourriture. Exemples : le bœuf, le romancier, le compositeur de musique, etc., etc
Lettrine S :
1SABLIER — La passoire du temps.
SABRE — Un régime qui, dans la grammaire politique, ne s'accorde jamais avec le sujet.2
SACCAGER — Cheminer à la prussienne.3
SACHET — Procédé pour empailler les odeurs.4
SACRIFICE — Ne faites pas à autrui ce que vous voulez toujours qu'on vous fasse.5
SACRISTIE — C'est la faute de certains cléricaux, si l'on traduit par : Arrière-boutique.6
SAGE-FEMME — La portière de la vie.7
— Cordon, s'il vous plaît !
SAGESSE — Un bruit qu'on n'ose plus même faire courir.
SAIGNANT — C'est comme ça que j'aime le beefsteak et que les conquérants aiment les peuples.8
SAINTS — Les parvenus du ciel.
SAINT-SIÈGE —
J'ai un pied qui r'mue
Et l'autre qui n'va guère.9
SALVE — Estimant les princes à leur valeur, l'usage a décidé qu'il ne pouvait y avoir pour eux de bruit plus agréable que celui qui leur rappelle l'art de détruire leurs sujets.10
SANTÉ — Plante rare, dont les médecins ne sont pas encore parvenus à détruire tout à fait l'espèce.
SATISFAIT — Belle nature qui n'admet pas que les autres puissent avoir faim quand elle a bien dîné.
SAUVAGE — Adjectif qui n'a plus de féminin.11
SAVANT — Un homme qui est arrivé à avoir conscience de son ignorance.
SCAPULAIRE — Flanelle de piété.12
SCEPTICISME — Le droit de légitime défense de la raison.
SCEPTRE — Ça doit être en qualité d'aveugles qu'on a mis aux rois un bâton dans la main.
SCHISME — Ce mot-là me fait toujours penser à l'histoire de cet employé de la maison Domange qui disait avoir renoncé à la peinture, parce que l'odeur l'incommodait.13
SCRUPULE — A quoi bon en parler ? On est si pressé d'arriver aujourd'hui, qu'on prend le moins qu'on peut d'excédant de bagages.
SCRUTIN — Coffre-fort politique dont l'ignorance est la fausse clé.14
SÉCHERESSE — Aimable qualité que, chez ces dames, se disputent en général le cœur et la poitrine.
SECRET — La seconde des choses qu'une femme a le plus de mal à garder.15
SÉDUCTEUR — Serrurier qui s'amuse à fabriquer des rossignols pour ouvrir une porte qui neuf fois sur dix n'est pas fermée.16
SEIN — Voilà qui donne trop bien raison à l'axiome : Lesabsents ont tort.17
SEMBLABLE (mon) — Traduction fidèle : Combien je suis plus brave, plus spirituel, plus honnête, plus courageux que lui !...
SÉMINAIRE — l'enseigne est :
— Crois, mais ne multiplie pas !
Il ne faut pas se fier toujours aux enseignes.18
SÉNAT — Claque à 30,000 francs par an, qu'un définisseur appelait les Romains de notre décadence.19
SENS — Un mot dont le pluriel taquine perpétuellement le singulier.
SÉPARATION (de corps) — Deux forçats qu'on oblige après le bagne à traîner chacun une moitié de la chaîne et une moitié du boulet. Et voilà ce qu'on appelle une délivrance !20
SÉRAIL — Les antipodes de Nanterre.21
SERINETTE — Son nom indique suffisamment que le mendiant qui en joue pour nous attendrir nous regarde comme des serins.22
SERMENT — Un substantif qui devrait être du féminin : il est si souvent violé !23
SERVICE — Ça et son parapluie, c'est ce qu'on oublie le plus facilement.
SCHAKO — Coiffure qu'on met sur sa tête en temps de paix et par terre en temps de guerre.24
SI... — La clé de la boîte à Pandore.25
SIFFLET — Petit instrument au bruit duquel les chiens rapportent. C'est le contraire pour les pièces.26
SIMPLICITÉ — Les intringants ou les outrecuidants sont si bien en majorité qu'ils sont parvenus à faire de ce mot-là le synonyme de bêtise.
SINAPISME — Un cataplasme devenu enragé.27
SINÉCURE — Comme qui dirait une femme dont vous auriez la dot sans être forcé de...28
SINGE — Animal qu'on doit désobliger beaucoup en le comparant à l'homme.29
SIRÈNE — Femme complétée par un poisson. On assure qu'on en trouve encore dans les ruisseaux de Paris.
SOCIALISME — Une armée de négations, qui a le tort de se prendre pour une affirmation.
SOIE — Si ces pauvres vers savaient le plus souvent pour qui ils travaillent !
SOIF — C'est aussi une des raisons pour lesquelles l'homme boit.30
SOIXANTER — Verbe employé au jeu de piquet. On dit : Vingt-neuf... Soixante !..
Un observateur a remarqué qu'il y a des femmes qui comptent leur âge de la même façon.31
SOLDAT — Homme à l'usage duquel on crée une morale spéciale qui dit : « Fais à autrui ce que tu ne voudrais pas qu'on te fît. »
SOLEIL — Le doyen des chefs de rayons.32
SOLITUDE — Unique miroir où l'homme s'aperçoive qu'il est laid et ennuyeux.
SOLLICITEUR — Renvoyé à cette autre définition : L'antichambre d'un grand est une assiette dans laquelle on lui sert tous les jours les quatre-mendiants.33
SOLUTION — Le malheur, c'est qu'en politique comme en pharmacie il faille commencer toujours par agiter avant de s'enservir.34
SOMMEIL — Un ami comme les autres !... Il vous plante là quand on en a le plus besoin.
(Un malade.)
SOMNAMBULE — Habile personne dont la profession consiste à changer à son bénéfice le fluide en solide. (Prix 10 francs).35
SOPHA — Lit sur le pouce.36
SORTIES — On dit que l'exemple est tout-puissant. — J'ai acheté à ma femme un portrait du général Trochu.37
SOUFFLET — Allume également le feu, qu'on l'ait à la main ou sur la joue.
SOUFFLEUR — L'étrier de la mémoire.38
SOUHAIT — Un mât de cocagne auquel nous nous obstinons à grimper, quoique nous n'en atteignions presque jamais le faîte.39
SOUPÇON — Le plus infaillible des réveille-matin.40
SOUPER — La fête de sainte Gastrite.
SOURD — Infirme qui, sans s'en douter, joue à qui perd gagne.41
SOUS-PIED — Bretelles en sens contraire.42
SOUVENIR — Seul genre de photographie qui embellisse.
SPADASSIN — Artiste en assassinat.43
SPIRITUALISTE — Un monsieur qui, j'en réponds, aime mieux le croire que d'y aller voir.
SPLEEN — Mal de mer de la pensée.44
SQUELETTE — Le canevas d'un homme.
STATUE — Pavé de l'ours monté sur socle.45
STÉRILITÉ — Vice rédhibitoire... extrêmement apprécié.46
SUFFRAGE UNIVERSEL — On lit à chaque instant dans les faits divers :
« Encore un accident. Un enfant ayant voulu jouer avec une arme dont il ignorait le maniement, etc. »47
SUICIDE — La plus difficile des évasions.
SUIVRE (une femme) — Quelle drôle de chose ! Si le gibier s'échappe, temps perdu ! S 'il se laisse atteindre, c'est qu'il est gâté.
SULTAN — Un canon comme les autres, qui veut se faire prendre pour une mitrailleuse.48
SUPERSTITION — Évangile selon Charenton.49
SYNCOPE — Mort à l'essai.
1TABAC — Un marquis de Brinvilliers qui, pour qu'on le laisse opérer tranquillement, a le bon esprit de partager ses bénéfices avec l'État.2
TACHE — Bast ! les teinturiers et les avocats ont inventé de si jolies benzines !3
TACTIQUE — Vieux mot dont, depuis au moins trente ans, nos généraux cherchent en vain à retrouver la signification.4
TATOUAGE — Ce qui peut vraiment s'appeler : le monde illustré.5
TE DEUM — Un bon point donné à Dieu... Comme ça doit le flatter !
TEINTURE — L 'art de ne pas vérifier les dates.
TÉLÉGRAPHE (transatlantique) — Le cordon ombilical des deux mondes6.
TÉLESCOPE — Rallonge des yeux.
TÉMOIN — Je l'ai été deux fois : la première pour un duel, la seconde pour un mariage. C'est à la seconde qu'il y a eu un homme de mort.7
TEMPÉRAMENT — Toutes les faims sont dans la nature8.
TEMPLE — Quelle drôle d'idée que de vouloir toujours que Dieu sente le renfermé !9
TEMPOREL (pouvoir) — Le pape, préfet à poigne.10
TEMPS — Un capital que nous croyons manger... quand c'est lui qui nous mange.
TÉNIA — La première victime du régime cellulaire11.
TENOR — Même recette que pour les gibelottes. Vous prenez des chats...12
TERME — Je me disputais avec mon propriétaire :
— Monsieur, ménagez vos termes13, me dit-il.
— Après vous, monsieur.
TESTAMENT — Le vrai mot de la fin.
TÊTE-À-TÊTE — Une dînette qui finit presque toujours par une indigestion.
TÉTER — Un repas pour lequel on n'a pas besoin de couvert, mais de découvert.
THÉOCRATIE — La Providence s'agite et les cléricaux la mènent14.
TIARE — Coiffure dont la mode s'en va15.
TIGRE — Animal que nous appelons féroce.
Eh bien ! et nous donc !... Si les côtelettes de mouton pouvaient parler !16
TIMBRE (des journaux) — Malpropreté non gratuite et obligatoire17.
TITRE — Il en est trop souvent des titres de noblesse comme des titres de livres. Quel désenchantement en voyant le monsieur ou l'œuvre qui est dessous !
TOMBEAU — Un point... Est-ce tout ?
TONNERRE — Une voix qu'on entend sans savoir qui parle.
TONSURE — L'estampille de la commission de colportage catholique18.
TORRENT — Est à une rivière ce que M. Dupanloup est à un pasteur.19
TORTURE — L'édition illustrée de la peine de mort.
TOTAL — Le dernier mot de Mlle A... des convictions de M. B... de l'amour de Mlle C... etc., etc.
TOURNURE — Madame X..., pas jolie, mais une tournure !...
La consolation des monstres, quoi !
TRADUCTION — Attaque à plume armée20.
TRAGÉDIE — Laudanum21 en vers.
TRANSFUSION — Procédé pour faire trinquer le sang de deux êtres à la santé de l'un22.
TRAVAIL — Ceux qui se portent bien le maudissent comme une punition. Ceux qui sont malades l'envient comme une récompense.
TRIBUNE — La mitrailleuse parlementaire.
TRÔNE — Meuble dont les courtisans sont les élastiques.
TROTTOIR — J'ai toujours regretté que l'on n'écrivît pas crottoir... dans tous les sens.23
TRUFFE — Le monde renversé ! Une noire qui pousse les blancs à s'émanciper !
TU — Un mot charmant tant qu'il dit amour ; malheureusement il finit d'ordinaire par dire : assomme.
TUERIE — Les semailles de la gloire24.
TULIPE — Fleur sans parfum ; jolie femme bête.
TUNNEL — Le brevet d'invention appartient aux taupes ; les hommes n'ont eu que le brevet de perfectionnement.
TUTEUR — Un garde-chasse qui trop souvent se fait braconnier.
TYRAN — Un serin de proie25.
Lettrine U :
1ULTIMATUM — Le commencement de la fin.
ULTRAMONTAIN — Français dont la personne habite Paris et le patriotisme Rome2.
UNIVERS (journal) — Un boule-dogue qui croit protéger l'Église et qui ne sert qu'à empêcher les gens d'y entrer3.
URNE — L'attribut des sources et l'attribut des tombeaux. Suffrage universel, choisis4.
USURIER — Caoutchouc parce qu'il prête, mais d'un durci5 !...
Lettrine V :
1VAGISSEMENT — Où l'homme prend le la de la douleur.2
VAINCU-VAINQUEUR — Le second méprise le premier, le premier exècre le second. Tous les cinquante ans ils intervertissent les rôles et voilà l'humanité bien avancée !
VALSE — Avec une jolie femme ça vous prend le cœur. Avec une laide ça vous tourne dessus.
VANTARDISE — Le ruolz du courage3.
VATICAN — Résidence dont le bail est à la veille d'expirer4.
VEINES — Les chemins vicinaux du corps5.
VÉNALITÉ — La traite des blancs.
VENDETTA — Le chaud-froid de la haine.6
VENTRILOQUE — Cicéron7 ombilical.
VER — Notre dernier rendez-vous.
VERBIAGE — La boutique à quatre sous de l'éloquence.
VERGLAS — Glissez, mortels... Si vous appuyez, du reste, ce sera absolument la même chose8.
VÉRITÉ — On la représentait toute nue, c'est probablement pour cela qu'elle a attrapé une extinction de voix.
De son côté, un diplomate en mal de calembour a prétendu qu'on l'avait logée dans un puits pour indiquer qu'elle n'est faite que pour les sots9.
VERROU — Drôle d'antithèse. À la porte d'une prison il empêche les évasions ; — à la porte d'un boudoir, il aide l'innocence à s'évader.
VERRUE — Difformité qui ne se voit que chez les autres. Soi, parbleu, on n'a jamais que des grains de beauté !
VERS (français) — Un ténor qui ne peut chanter que des duos10.
VERSATILITÉ (politique) — Le tourniquet de la conscience. Plus ça tourne, plus ça rapporte.
VERTU — Une absente dont on s'obstine à parler toujours.
VERVE — Le champagne des caves de la pensée.
VESTALE — Celles de Rome entretenaient le feu. Celles de la rue Breda pas bêtes, ont retourné la chose : c'est le feu qui les entretient11.
VÉTÉRINAIRE — Encore, les hommes, c'est volontairement qu'ils se livrent aux médecins. Mais ces pauvres bêtes !
VEUF — Un condamné qui a obtenu une commutation de peine.12
VEUVAGE — Un De profundis13 qui se chante d'ordinaire sur l'air de : Liberté chérie !
VEUVE — Simple conseil. Dans la charade du mariage, la femme qui a dit d'un autre : Mon premier, ne dira jamais de vous : Mon tout.
VIDE — Les anciens prétendaient que la nature en a horreur. Cet axiome fait honneur aux corsages d'autrefois14...
VIE — Le premier de nos biens et le dernier de nos maux.
VIEILLARD — Ironie des apparences. Pourquoi incline-t-on vers la terre à l'âge où la religion prétend qu'on se rapproche du ciel ?
VIEILLESSE — Calino collégien bourrait le dimanche sa poche de pain tendre pour en avoir toute la semaine. La vieillesse me fait l'effet d'être le Calino de la dernière heure. Quand on veut tirer de sa poche sa provision d'expérience, le pain est devenu si dur qu'il ne peut plus servir.15
VIERGE — Gardienne des scellés de la nature.
VIGNE — Le pendant de la lance d'Achille. La feuille fait ce qu'elle peut pour consoler la pudeur des mauvais tours que le fruit lui joue16.
VILLAGEOIS — À le voir vivre insensible au côte à côte des splendeurs de la nature, il me fait toujours l'effet d'un bibliothécaire qui ne saurait pas lire.
VINAIGRE —
VIN —
[Accolade]
Et vice versâ.17
VIOL — Pourtant le proverbe dit : Où il y a de la gêne il n'y a pas de plaisir.
VIOLON — Instrument dont on joue avec accompagnement de piano ou de sergents de ville18.
VIRAGO — Une fleur... à l'eau-de-vie.
VIRGINITÉ — Que de maris, retournant le lendemain le vers célèbre de Victor Hugo, s'écrient.
— Sa virginité a refait mon amour.19
VISAGE — Méfiez-vous des enseignes.
VIVANDIÈRE - L'homme-femme.20
VIVAT — Le hoquet de la popularité.
VIVEUR — Un monsieur qui se dépêche de mourir.
VOCALISE — Rince-voix.
VOCATION — Un carrefour où presque toujours les poteaux manquent.21
VŒU — C'est comme Pénélope : on les fait pour avoir envie de les défaire.22
VOGUE — Déjeuner de soleil de la gloire.23
VOL — D'un pain ? Horreur ! D'un million ? Hé ! hé !
VOLCAN — Salle de bal du peuple français.24
VOLUPTÉ — Lit... et lie !25
VRAISEMBLANCE — Le ruolz de la vérité26.
Lettrine Y, Z :
1YEUX — Des interprètes qui donnent diablement raison au proverbe : Traduttore, traditore2.
Z — Le saint Sylvestre de l'alphabet3.
4ZÈLE — La carrière d'où l'on tire tous les pavés de l'ours.
ZIG-ZAGS — La conscience et les ivrognes ne s'aperçoivent jamais de ceux qu'ils, font.
ZIZANIE — Je ne crois pas qu'on puisse terminer un dictionnaire par un mot plus français...
À moins que, comme adieu, vous ne préfériez celui-ci :
ZUT !5
Paris. — J. Claye, Imprimeur, 7, Rue Saint-Benoît. — 1864
À vous de créer la chronologie!
- Le Carnaval du dictionnaire, 24 dessins par Hadol, Paris, Michel Lévy frères, 1874.
- Le Carnaval du dictionnaire, 24 dessins par Hadol, Paris, Michel Lévy frères, 1874, 2e éd. [c’est cette édition, disponible sur Gallica, qui est ici présentée : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k30413624.texteImage].
2. Autres textes de Pierre Véron cités (ou utilisés pour l’annotation) :- Le Guide de l’adultère, illustrations d’Henriot, Paris, E. Dentu, 1883, 3e éd.
[En ligne : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6438830c.texteImage].
- Le Panthéon de poche, Paris, Degorce-Cadot, 1875
[En ligne : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k241372q/f225.texteImage].
- Le Roman de la femme à barbe. Messieurs du tréteau [1863], Paris, Michel Lévy frères, 1872
[En ligne, éd. illustrée, Paris, Charlieu frères et Huillery, 1865 : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5812579x.texteImage].
- Les Chevaliers du macadam, Paris, Arnauld de Vresse, 1863
[En ligne, édition de 1877, chez Calmann-Lévy : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k54537903.texteImage].
- Les Marchands de santé [1862], Paris, Michel Lévy frères, 1872
[En ligne : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5724989b.texteImage].
- Belloguet (André), Pilori-Phrénologie, [1870-1871]
[En ligne : https://www.parismuseescollections.paris.fr/en/node/287998].
- Béranger (Pierre-Jean de), Chansons de Béranger (anciennes et posthumes), nouvelle édition populaire illustrée de 161 dessins inédits, Paris, Perrotin ; Bruxelles, E. Peeters, 1866
[En ligne : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6154945r/f4.item.texteImage].
- Cham (Amédée de Noé, dit), La Grammaire illustrée, Paris, Arnauld de Vresse, s.d. [1869].
—, Nouvelles fariboles, Paris, Arnauld de Vresse, s.d. [1858].
—, Scènes d’automne, Paris, Martinet, s.d. [1853].
- Cham (Amédée de Noé, dit) et Daumier (Honoré), Album du siège. Recueil de caricatures publiées pendant le siège dans « Le Charivari », Paris, aux Bureaux du Charivari, 1870-1871
[En ligne : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k10653361/f1.image]. Reproduction en fac-similé aux Éditions Alexandra, 1979.
- Daumier (Honoré), Cent-vingt lithographies de H. Daumier, reproduites en fac-similé, avec une Introduction et des Notes de Jean Laran, Paris, Les Beaux-Arts, 1929.
- Daumier (Honoré) et Philipon (Charles), Les Cent-et-Un Robert-Macaire, composés et dessinés par M. H. Daumier sur les légendes et les idées de Ch. Philipon. Textes par MM. Maurice Alhoy et Louis Huart, Paris, Aubert, 1839
[En ligne : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b86172139/f1.item].
- Doré (Gustave), Trois artistes incompris et mécontens, Paris, Aubert et Cie, [1850].
- Faustin (Faustin Betbeder, dit), Les Guillotinés, octobre 1870.
- Flaubert (Gustave), Le Dictionnaire des idées reçues suivi du Catalogue des idées chic, éd. d’Anne Herschberg Pierrot, Paris, LGF, Le Livre de Poche, coll. « Classiques », 1997.
- Gavarni (Guillaume-Sulpice Chevallier, dit), Masques et visages, Paris, Paulin et Lechevalier, 1857
[En ligne : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6391517q/f9.item.texteImage].
- Hadol (Paul), La Ménagerie impériale, composée des ruminants, amphibies, carnivores et autres budgétivores qui ont dévoré la France pendant 20 ans, Paris, au Bureau des Annonces et au Bureau de L’Éclipse, 1870-1871
[En ligne : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b10505633m/f18.item].
- Hugo (Victor), Poésie, dans Œuvres complètes, sous la direction de Guy Rosa et Jacques Seebacher, Paris, Robert Laffont, coll. « Bouquins », 2002, 4 vol.
—, Les Misérables, éd. d’Annette Rosa, dans Œuvres complètes. Romans II, sous la direction de Jacques Seebacher et Guy Rosa, Paris, Robert Laffont, coll. « Bouquins », 1991.
- Lassalle (Armand de), L’Hôtel des haricots, maison d’arrêt de la Garde nationale de Paris. 70 dessins par Edmond Morin, Paris, E. Dentu, 1864.
- Reybaud (Louis), Jérôme Paturot à la recherche d’une position sociale, illustré par Grandville, Paris, Paulin, 1846
[En ligne : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k24388d.texteImage].
- Rimbaud (Arthur), Œuvres complètes, éd. de Pierre Brunel, Paris, LGF, coll. « La Pochothèque/Le Livre de Poche », 1999.
- Talin [Henry Meilhac] et Damourette (Abel), Petits albums pour rire. Les Lorettes, n° 3. 1re partie ; n° 6. 2e partie ; n° 11. 3e partie, Librairie Maresq et au Bureau du Journal pour rire, [1854].
• Petits-Paris :- [Alhoy (Maurice), Delord (Taxile), Texier (Edmond)], Paris-Grisette, par les auteurs des Mémoires de Bilboquet, Paris, A. Taride, 1854.
—, Paris-Lorette, par les auteurs des Mémoires de Bilboquet, Paris, A. Taride, 1854.
—, Paris-Portière, par les auteurs des Mémoires de Bilboquet, Paris, A. Taride, 1854.
- Physiologie du blagueur par une société en commandite, Paris, Garnier frères, Leroi, 1841.
- Alhoy (Maurice), Physiologie de la lorette. Vignettes de Gavarny [sic], Paris, Aubert et Cie, Lavigne, 1841
[En ligne : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1132844.image].
—, Physiologie du débardeur. Vignettes de Gavarni, Paris, Aubert et Cie, Lavigne, [1842]
[En ligne : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k116720x.image].
- Bourget (Émile), Physiologie du gamin de Paris, galopin industriel. Illustrations de Markl, Paris, Laisné, Aubert et Cie, Lavigne, [1842]
[En ligne : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b8530311z.image].
- [Couailhac (Louis)], Physiologie de l’Opéra, du carnaval, du cancan, de la cachucha, par un vilain masque. Dessins d’Henri Emy, Paris, R. Bocquet, 1842
[En ligne : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k116772d.image].
- Huart (Louis), Physiologie de la grisette. Vignettes de Gavarni, Paris, Aubert et Cie, Lavigne, [1841]
[En ligne : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b8530318v.image].
—, Physiologie du médecin. Vignettes de Trimolet, Paris, Aubert et Cie, Lavigne, 1841
[En ligne : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b8530294w/f5.image].
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