Corpus La Bande noire

Tome 2 - Chapitre 12

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XII.

Entre Arthur et M. de Noï, l’explication n’avait pas été longue[Par VincentBierce] Conformément à ce que le narrateur a annoncé à la fin du chapitre précédent, après avoir décrit le face à face entre Guillaume et sa femme, il revient à l'autre couple de personnages. La division habile du chapitre n'est pas sans rappeler le découpage des romans-feuilletons, alors très à la mode, puisque le lecteur a laissé Marguerite prête à se jeter par la fenêtre et le chapitre précédent s'est interrompu avec l'arrivée en urgence d'Henri. ; le ressentiment de l’ancien diplomate n’était pas fougeux fougueux et bavard comme celui de Guillaume. L’étiquette des cours et les usages du monde, en passant sur son caractère, en avaient aplani les aspérités et corrigé les saillies ; même dans les situations désespérées, il savait se contenir et conserver une apparence de sang-froid et de politesse étudiée. Pour les hommes de cette nature et de cette classe, le bon ton est un dernier rempart qu’ils n’oseraient franchir ; et, prêts à tomber, encore veulent-ils tomber noblement. Lorsque Arthur demanda à M. de Noï le motif de l’explication qu’il avait sollicitée, celui-ci se contenta de déplier un petit papier à demi passé dans sa main, et le présentant à Arthur.— Lisez, dit-il froidement.

C’était le billet que, sous l’influence de Henri, Arthur avait adressé à madame de Noï, pour lui annoncer que leur projet de fuite ne s’exécuterait pas[Par MargotFavard] Il s'agit du billet que, sous la pression d'Henri, Arthur rédige à la toute fin du chapitre sept de ce second tome..— Je suivrai vos ordres, dit Arthur en s’inclinant.— Dans une heure, vous saurez mes intentions, répliqua M. de Noï.

Ce fut tout. Pas un reproche, pas un obstacle, pas un mot. Ils se séparèrent en se saluant ; ils s’étaient compris[Par VincentBierce] Le dialogue est tout entier à lire en référence au dialogue précédent qui a vu s'affronter le couple Évon : tandis que le couple paysan se caractérise par une impossible compréhension, les deux représentants d'une classe plus aisée n'ont pas de peine à se comprendre à demi-mots : ils possèdent tous les deux les codes de bonne conduite, qui évidemment font comprendre ici que l'issue attendue est un duel..

Le lendemain[Par MargotFavard] Cette ellipse narrative relance le suspense : le lecteur ignore ce qui advient alors du trio Guillaume-Marguerite-Henri., vers les six heures du matin, Arthur descendit dans la salle du rez-de-chaussée, dont il avait fait son cabinet de travail. Comme la première fois que nous l’y avons vu, il portait une redingote brune, croisée sur sa poitrine, qui encadrait mélancoliquement sa pâle et noble figure ; les mèches de ses cheveux grisonnants étaient lissées avec soin, et s’avançaient en pointes vers le sommet du crâne, comme pour en dissimuler la nudité ; son œil avait perdu cet éclat sauvage qui, par intervalle, communiquait à ses traits une expression puissante de domination et d’orgueil[Par VincentBierce] Le narrateur souligne le parallélisme de la construction du récit pour mieux faire ressortir l'évolution de la trajectoire du personnage.. La teinte de son front, sans être triste, avait quelque chose de plus austère encore, et de plus glacial qu’à l’ordinaire, on eût dit qu'un vent du nord avait balayé cette tête, édifice imposant hier, ruine aujourd’hui[Par MargotFavard] L'entreprise de la Bande Noire a fait d'Arthur lui-même une ruine.. Le seul signe de son passé qui lui fût resté fidèle, c'était ce sourire à demeure qui s'était imprimé fatalement sur ses lèvres ; peut-être fallait-il y voir la grimace du gladiateur mourant, qui refuse de demander grâce, et veut, à son dernier moment, défier le sort qui l'accable[Par VincentBierce] La métaphore du gladiateur mourant constitue un effet d'annonce quant à l'issue du roman.. Pendant quelque temps, il se promena lentement dans la salle, écoutant le bruit de ses pas sur les dalles retentissantes. Les premiers rayons du soleil commençaient à se jouer sur le verre des carreaux humides, et à lancer au plafond leurs facettes dorées ; le ciel était pur, et l’on entendait déjà les mille bruits confus de la nature qui s'éveille, et ce bourdonnement lointain qui ressemble aux premiers bégayements d’un enfant. Arthur s'arrêta devant une des croisées, et demeura immobile, contemplant ce spectacle sublime de la création à son lever, et sympathisant avec tontes toutes ces harmonies de la terre en prière devant le Seigneur. Peut-être, malgré lui, le mystérieux concert qu'il écoutait réveilla-t-il en son âme des échos assoupis et de mélodieux souvenirs ; car il passa la main sur ses yeux, comme pour y renfoncer une larme naissante. Il était dit qu’après avoir bu la coupe du stoïcisme jusqu’à la lie, cet homme en viendrait à sentir, une à une, toutes les faiblesses, toutes les douleurs, toutes les jouissances de cette belle et sainte chimère que les uns nomment l’amour, les autres la poésie ; comme toutes les émotions qu’on refoule, cette émotion passagère laissa sur son front un nuage sombre[Par VincentBierce] Le registre développé ici emprunte ses images au premier Romantisme : communion du sujet avec la nature, mélancolie profonde, sacralisation de l'amour et expansion du moi.. Il quitta précipitamment la croisée pour se dérober au spectacle qui le captivait jusqu’aux larmes ; et, s’asseyant auprès de la table verte, le dos tourné au soleil, il prit une feuille de papier, et y traça quelques lignes. Au moment où il en relisait le contenu, Henri entra, et se tint devant lui immobile et silencieux. La figure du jeune homme semblait avoir subi la même altération que la figure de son compagnon et de son maître, les teintes roses de ses joues avaient disparu, et on les eût dit cachées sous une couche crayeuse ; le bleu de ses yeux était terne et privé de cette transparence juvénile qui accuse la vivacité du sang et la candeur des premières illusions ; une couleur mate et grisâtre remplaçait l’éclat blondissant de sa chevelure. Comme Arthur, Henri s’était fait vieillard. On les eût pris pour deux frères du même âge, atteints tous deux du même mal, et prêts à s’abîmer dans la tombe[Par VincentBierce] Le dernier chapitre souligne la trajectoire des deux personnages : le combat entre Abel et Caïn est réinvesti, et l'écart entre les deux "frères" laisse la place à une substitution de l'un à l'autre : Henri semble prêt à devenir Arthur..— Voyez donc, Henri, dit Arthur en prenant le jeune homme par la main, et en le conduisant vers la croisée qu’il venait de quitter, comme le ciel est bleu, comme le soleil est brillant, comme le printemps éclate dans toute sa grâce et dans toute sa beauté ! Encore quelques jours, et toute cette plaine reverdira, et tous ces arbres se couvriront de feuilles et de fleurs ; la terre jettera son manteau de frimas, et se revêtira de sa tunique nuptiale ; il n’y a que l’homme, Henri, qui ne rajeunisse pas ainsi, et ceux que le bonheur, ce soleil de notre vie, a une fois abandonnés, n’ont plus à espérer de lui.

Henri hocha la tête, et détournant la vue :— Poëte !... dit-il avec un sourire amer.

C’est que ce mot réveillait tout un passé, toute une vie désormais éteinte ; c’était, pour ainsi dire, la conclusion d’un drame prêt à finir[Par VincentBierce] Le narrateur souligne avec force la correspondance entre les répliques des personnages et le roman qui s'achève. Ainsi s'achève également le renversement des caractères sur lequel est structuré le second tome..— Poëte ! dit Arthur avec une douceur et une mélancolie d’intonation qu’on ne lui eût pas soupçonnée. Ah ! vous vous souvenez, Henri, de nos conversations d’autrefois ; vous vous souvenez de notre arrivée ici et de nos confidences sur la route. Merci... merci ! je suis sûr que vous ne savez ni oublier, ni haïr.— Ni oublier ! ni haïr ! murmura Henri, comme un écho qui répète les sons qu’on lui confie.

Il se fit un silence ; les deux interlocuteurs étaient évidemment embarrassés de la tournure que la conversation semblait prendre ; tous deux craignaient également d’éveiller des souvenirs trop poignants. Et, d’ailleurs, qu’auraient-ils pu se dire ? Leur pensée n’était-elle pas la même ? et si le cœur de l'un battait douloureusement, le cœur de l’autre ne battait-il pas à l’unisson ? On ne se comprend jamais mieux que lorsque l’on se tait[Par VincentBierce] Les grandes douleurs sont évidemment muettes, et le récit insiste sur la similitude des deux "frères". .— Asseyez-vous là, dit Arthur en montrant à Henri la table verte ; nous avons à traiter une affaire sérieuse, et, comme deux enfants, nous nous amusons à regarder le soleil et à saluer le printemps ; n’est-ce pas, Henri, que vous ne me reconnaissez pas ?

Henri s’assit sans répondre, et ouvrant un registre placé devant lui :— Qu’avez-vous à m'ordonner ? demanda-t-il.— Vos comptes sont-ils en ordre ? dit Arthur.— Oui, dit l'autre.— Et combien aurons-nous de bénéfices sur l’opération que nous venons de terminer ?— Comme vous l’avez dit, cinq cent mille francs.— Joli denier, dit Arthur qui avait repris le ton froid d’un spéculateur[Par VincentBierce] Retour en force du thème financier que l'intrigue amoureuse et romanesque avait fait oublier.. C’est une belle chose, après tout, Henri, que la fortune. Se dire : voilà des hommes à qui Dieu a donné une volonté, des désirs, des caprices comme à moi ; eh bien ! avec un peu de cet or que je tiens dans ma main, je rendrai leur volonté esclave de la mienne, j’enchaînerai leurs désirs à mes désirs, je soumettrai leurs caprices à mes caprices ; ceux que Dieu a créés mes égaux, pour un peu d’or, pour un peu de poussière, deviendront mes valets, mes ilotes, mes bêtes de somme ; ce que le ciel a fait, je le déferai, moi, avec un peu d’or. N’essayez pas de le nier, Henri, la fortune c’est tout. Avec de la fortune, on est roi, maître absolu ; on peut se donner en spectacle tous les vices et toutes les infamies humaines. Avec de l’or, Henri, l’amitié viendra te livrer sa main en disant : " Prends-moi, tant que tu seras riche, je te resterai ". La beauté, la beauté elle-même effeuillera sur tes pas ses plus belles couronnes, et le vulgaire sera encore trop heureux de ramasser, dans la haie, les fleurs que tu auras foulées. Si j’étais jeune comme toi, Henri, je voudrais être riche, et essayer un peu si la fortune n’est pas le bonheur. Et qu’est-ce donc que le bonheur, sinon l’accomplissement des désirs, la satisfaction de la volonté, l’indépendance dans le bien-être, la souveraineté dans la jouissance ? Si tu le vois ailleurs, Henri, tu n'es qu’un fou, et tu ne mérites pas d’être heureux[Par VincentBierce] Ce discours testamentaire formule une sorte de pacte faustien avec l'argent lui-même. Après la mort d'Arthur, Henri s'en souviendra, et essayera précisément de mettre ce programme à exécution. On pense à Rastignac et Rubempré..

Arthur s’arrêta. Sa voix, qu’il avait essayé de rendre ferme et sonore, était faible et brisée ; c’était la voix d’un prêtre qui préconise une religion sans y croire, et cache des convictions qu’il n’a pas sous les banalités emphatiques du langage. L’effort perçait malgré lui ; ce qu’il disait, il ne le croyait pas. Avant de rompre de nouveau le silence, il fut quelque temps à raviver son courage et à raffermir ses résolutions ébranlées.— Henri, reprit-il, voudrais-tu être riche, toi ?

Henri était trop initié aux secrets de celui qu’il écoutait et à ses habitudes de pensée, pour se laisser prendre à l’affectation de laisser-aller qu’Arthur simulait en parlant : il se contenta, pour toute réponse, de baisser la tête, semblable à un homme qui laisse passer l’orage sans vouloir ni lui fournir aliment, ni lui opposer un obstacle.— N’avez-vous rien autre chose à me dire ? demanda-t-il.— Avant cette opération, j’avais déjà cinq cent mille francs à moi. Un million pour toi après ma mort, Henri.

Le jeune homme ne releva pas la tête, sa pensée entrevoyait trop loin, et il se sentait accablé sous le poids qui pressait sa poitrine.— Je ne vous comprends pas, murmura-t-il d’un ton glacé.

Arthur déplia lentement le papier qui contenait les quelques lignes qu’il avait tracées avant l’arrivée du jeune homme, et les lui remit.— Lis, dit-il ; mais quand tu auras lu, pas un mot, pas une question ; promets-le-moi ; c’est un dernier service que je réclame de toi.

Une indicible expression de compassion et de tristesse se peignait dans les traits du jeune homme pendant qu’il lisait.— Arthur, dit-il, vous voulez donc mourir ?— Ah ! pas un mot, dit celui-ci avec reproche, tu me l’as promis.— Écoutez, Arthur, reprit Henri d'un ton grave ; vous avez soutenu mon enfance et prêté un appui à ma faiblesse ; vous avez été plus que mon frère, car un frère ne vaut pas toujours un ami ; vous souffrez, je ne vous abandonnerai pas. Je vous soutiendrai comme vous m’avez soutenu, je vous consolerai comme vous m’avez consolé ; mon cœur réchauffera le vôtre, et, pour adoucir vos larmes, j’y mêlerai les miennes. Voulez-vous de mon amitié pour l’avenir, comme, dans le passé, vous m’avez donné la vôtre ?[Par VincentBierce] Ultime tentative d'Henri pour maintenir Arthur en vie. Mais ce pacte est refusé, et c'est celui d'Henri, précédemment développé, qui aura lieu.

Un rayon de soleil colora en ce moment la figure d’Arthur, et en dessina les contours ; ce fut comme une auréole de lumière se jouant sur le tronc desséché d’un vieil arbre ; la ruine[Par VincentBierce] Deuxième occurrence du terme "ruine" pour décrire Arthur. Le narrateur insiste pour suggérer le lien entre l'association de démolisseur et ses agents qui sont eux-mêmes touchés par cette ruine. se révélait dans toute sa décrépitude, l’ombre avait vaincu la lumière ; Henri se tut. L’inébranlable volonté d’Arthur, empreinte dans ses traits, ne laissait plus de prise à ses soins. La dernière pierre de l’édifice, en tombant, allait, en se détachant, entraîner toutes les autres.— Mon sort est accompli, dit Arthur ; promets-moi seulement, Henri, d’exécuter fidèlement ma dernière volonté ; si je meurs, c’est à toi que je confie le soin de ma dépouille. À quelques pas de la maison de mon père, dans la vallée d’Auch, il est un berceau formé par des chèvrefeuilles qui s’entrelacent ; l’herbe qui croît à cette place est toujours humide et touffue ; c’est là que tu placeras ma tombe : je veux finir où j’ai commencé ; me le promets-tu ?— Je vous le promets, dit Henri.

Et tous deux se turent ; et sur un signe d’Arthur, Henri suivit ses pas. Ils marchèrent ainsi quelque temps dans le parc, à petit bruit et sans mot dire. Avancé à un embranchement de route caché par un bois de merisiers et de pins, Arthur s’arrêta. M. de Noï venait à eux accompagné d’un seul homme ; cet homme était Guillaume Évon. Les deux couples, en se rencontrant, n’échangèrent pas une seule parole. Arthur, seulement, prit sous sa redingote deux pistolets qu’il présenta à M. de Noï.

Celui-ci en prit un, et jetant une pièce de monnaie en l’air.— Pile ou face ? dit-il.— Pile, dit Arthur.

La pièce tomba pile ; c’était à lui à tirer le premier. Les deux adversaires se placèrent face à face, à dix pas l’un de l’autre, et Henri remarqua qu’en visant M. de Noï Arthur portait trop à gauche ; son coup passa à quatre pieds du but.

M. de Noï tira à son tour ; Arthur tomba.— Du secours ! dit Henri, en se précipitant sur le corps de son ami. Arthur lui serra la main.— Merci !... dit-il d’une voix éteinte ; ma volonté est faite ; sois heureux !... essaye...

Henri lui prit la main : elle était froide. Il comprit alors les paroles d’Arthur, et que ce duel était un suicide[Par MargotFavard] Cette scène finale croise finalement la tentation du suicide d'Arthur (t. 2, chap. 8) et le duel dont Henri l'avait menacé (t. 2, chap. 7).. Deux domestiques du château emportèrent le corps d’Arthur sur une civière. Henri se retira seul. Au détour d’une allée, Marguerite s’approcha de lui.— Eh bien ! dit-elle.— Nous n’avons plus qu’à le pleurer, répondit Henri.

CONCLUSION.

Il a été bruit tout cet hiver[Par VincentBierce] La conclusion joue de la proximité temporelle avec la lecture pour inscrire la fin du récit dans la période la plus contemporaine qui soit., dans la haute société parisienne, d’un de ces événements inexpliqués qui alimentent les conjectures les plus contradictoires. Les jeunes gens oisifs, qui donnent le ton à la mode, ont parlé pendant huit jours, en déjeunant, d’une éclipse totale de soleil, d’un cataclysme aristocratique. Pour ceux qui ne comprennent pas la langue du beau monde, nous dirons tout simplement que madame de Noï (passez-leur la comparaison du soleil) s’est retirée dans un couvent, à cent lieues de Paris. Quelques sceptiques offrent de parier qu’elle reparaîtra dans le monde avant deux hivers. Quant à M. de Noï, il s’est dévoué tout entier à la cause légitimiste[Par MargotFavard] On se rappelle que M. de Noï a été plusieurs fois comparé à Talleyrand. La Bande Noire, par l'entremise d'Arthur, semble avoir finalement poussé l'aristocrate à revenir à sa classe.. On le dit en Espagne et on espère qu’il deviendra ministre de don Carlos[Par MargotFavard] Charles de Bourbon (1788-1855), infant et prétendant au trône d'Espagne. À la mort de Ferdinand VII en 1833, il se proclame roi sous le nom de Charles V. Soutenu par ses carlistes, partisans de Carlos, il provoque la Première guerre carliste. Il est défait en 1839 et s'exile en France. Ainsi remarque-t-on le retour in extremis du contexte historique dans cette fin de roman ; la Bande Noire, entreprise révolutionnaire, s'achève sur un retour légitimiste. .

La femme du fermier Guillaume habite, à quelques lieues de Lisieux, la maison de son père ; comme Arthur[Par MargotFavard] La conclusion propose un bilan de la destinée de chaque personnage. Chacun paraît connaître une variation de la destinée d'Arthur : couvent, exil, retour à la vallée d'Auch sont autant de petites morts sociales dont seul Henri semble réchapper., elle est retournée à sa vallée d’Auch.

Pour Henri, on le cite comme un des hommes les plus élégants et les plus fous de la capitale ; il a des chevaux et des femmes qu’il promène, le matin au bois de Boulogne, le soir à l’Opéra ; il fait des envieux. — Il essaye[Par VincentBierce] Là encore, David use d'une poétique balzacienne qui consiste à dédoubler la fin du récit ; après la fin du récit à proprement parler intervient une seconde fin qui prend du recul et finit de manière virtuose, par exemple sur un trait d'esprit. Ici, la dernière réplique ne consiste pas seulement en une disjonction ironique, mais elle renvoie aussi à la promesse faite par Henri à Arthur avant sa mort : manière d'indiquer que le pacte faustien conclu par les deux frères s'est bien réalisé. Henri se fait nouvel Arthur..

FIN DU SECOND ET DERNIER VOLUME.


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