Corpus Jérôme Paturot à la recherche d'une position sociale

2-II : Paturot capitaine d'une compagnie modèle.

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II PATUROT CAPITAINE D'UNE COMPAGNIE MODÈLE.

La position d’Oscar était très solidement assise parmi nos voltigeurs. Comme sergent-major, il avait pu rendre des services dont on lui tenait compte ; il se montrait coulant sur le billet de garde, et n’usait que modérément du conseil de discipline. Le peintre avait d’ailleurs des talents de société qui le rendaient populaire dans la compagnie ; il cultivait la ventriloquie avec succès, et exécutait au fusain les charges les plus bouffonnes. Pour perdre à jamais le facteur aux huîtres, dont il me destinait la survivance, il dessina sa caricature dans tous les corps de garde, et le doua d’un nez fabuleux qui lui enleva quarante voix. En même temps, il persistait dans la prétention de faire de moi un Napoléon : il me croquait en petit chapeau, en redingote grise, les mains derrière le dos, de mille manières. Ainsi, peu à peu, le capitaine en exercice voyait son étoile pâlir devant l’astre naissant du capitaine en expectative.

Ce travail préparatoire dura plus d'un an ; il fallait attendre de nouvelles élections. Enfin, le jour critique arriva. Depuis deux mois, Malvina travaillait les esprits du voisinage ; elle forçait ses approvisionnements comme si Paris eût été menacé d’un siège. Les fournisseurs redoublaient d’égards pour une aussi bonne maison et recrutaient ouvertement des voix pour leur précieux client. Le marchand de vin embaucha dix voltigeurs, l'épicier huit, le charcutier en gagna quatre, le mercier trois ; mais Oscar fit à lui seul plus que ces industriels ensemble : jamais il ne s’était mis en frais pareils. À chaque garde, c’étaient des prodiges nouveaux ; il contrefaisait I’âne, le coq, le chien, le chat, avec une vérité d'intonation qui enlevait la compagnie ; il dialoguait, il soutenait une conversation à trois, à quatre, à cinq, à dix, il donnait des représentations ordinaires et extraordinaires. Un ébéniste, qui tenait encore pour le capitaine en fonctions, ne résista pas à un cancan agréablement dessiné ; un coquetier capitula devant un portrait à l’huile de ses deux marmots, et un plumassier passa dans notre camp à la suite d’une enseigne où Oscar avait prodigué tous les épinards de sa palette. Cette propagande prenait un tel caractère, qu’elle me menaçait de l’unanimité. Le facteur aux huîtres était anéanti ; il ne lui restait plus qu’à pleurer sa défaite sur un monceau d’écailles.

Cependant, au dernier moment, la lutte s’anima. Le capitaine en titre ne voulut pas se laisser absorber sans résistance : il opposa des cloyères aux diverses influences que j’avais mises en jeu contre lui. C’était hardi. Pendant trois jours, la compagnie fut inondée de tes- tacés, comblée de bivalves, accablée d’huîtres pour les appeler par leur nom vulgaire. Mais mon concurrent abusa de ses avantages ; il poussa trop loin ses moyens de défense : il les fit aller jusqu’à l’indigestion. Dès lors la chance me revint. Oscar, d’ailleurs, traita de haut les moyens de séduction employés par mon adversaire ; il poursuivit de tant de plaisanteries ce qu’il nommait le parti des huîtres, qu’aucun voltigeur ne voulut en être d'une manière ostensible. Il ne resta plus dès lors à mon antagoniste que des défenseurs honteux et combattus.

Le jour du vote, mon rapin fut prodigieux ; chaque poil de sa barbe rousse semblait hérissé pour la circonstance. Il allait d’un groupe à l’autre, excitant les uns, narguant les autres, distribuant des poignées de main ou des regards foudroyants. Mon adversaire s’était assis dans un angle de la salle ; Oscar l’y relançait avec ses sarcasmes.

« Le voyez-vous sur son banc, le capitaine des huîtres ?... Garçon, du citron, pour arroser ce monsieur !... Je veux qu’on m'en ouvre une douzaine à déjeuner, de ces gradés-là !... Voltigeurs, comment voulez-vous qu’on vous serve vos officiers ? avec ou sans coquilles ?... Silence dans les rangs !... À gauche, huîtres, alignement... Par file sur l’assiette, en avant... happe !... »

C’était un feu roulant de plaisanteries qui provoquaient des rires inextinguibles. Le facteur aux huîtres se morfondait dans son coin ; il ne savait quelle contenance tenir. Ses partisans n'osaient pas faire acte d’adhésion ouverte : ils l’abandonnaient dans la solitude. L’aplomb d’Oscar les démontait : à peine se promettaient-ils de protester par un vote contre cette intimidation d’un nouveau genre. On alla aux voix. Quatre-vingts voltigeurs déposèrent leurs bulletins. Sur ce nombre, j’obtins soixante-cinq suffrages. Les autres se portèrent sur mon adversaire. J’étais capitaine. Mon rapin se précipita dans mes bras en criant : « Vive le capitaine Paturot ! » Et les voltigeurs, gagnés par une émotion contagieuse, l’imitèrent. Je fus embrassé à la ronde. Le parti opposé s’était retiré ; nous restâmes les maîtres de l’élection. Oscar passa sergent-major à l’unanimité, et les autres gradés furent choisis en famille. Les opérations terminées, il y eut un punch avec accompagnement de babas. Le rapin en fit les honneurs ; moi, je me contentai de payer la carte. Avant de se quitter, il fut convenu qu'un banquet par souscription servirait à célébrer l’événement de la journée et qu’il aurait lieu aux Vendanges de Bourgogne. L’écot fut fixé à trois francs par tête, ce qui nous promettait du veau froid et de la salade à discrétion. Comme le disait Oscar, dans les repas de corps, il faut se régler sur les petites bourses ; les gens comme il faut en sont quittes pour dîner après.

La fête n’eût pas été complète, si Malvina n’y avait pas eu sa part. L’ami de la maison lui avait ménagé une surprise. Certain d’avance du résultat, il m'avait forcé de commander un habit d'officier, avec deux superbes épaulettes neuves, l'épée et tous les accessoires. Cet uniforme au complet était chez lui ; nous nous y rendîmes. La plus grande discrétion avait été recommandée à nos camarades ; madame Paturot devait tout ignorer jusqu'à notre retour. Arrivé chez Oscar, j’endossai le bel uniforme, ceignis l’épée, et allais me coiffer de l’ourson dévolu aux voltigeurs, lorsqu’il m'arrêta :

« Un instant, me dit-il avec un air de mystère.
— Qu'est-ce donc ?
— Je veux te coiffer de ma main, » ajouta-t-il.

Aujourd’hui, je découvre dans cette réplique, en la transcrivant, un féroce jeu de mots ; mais alors mon âme n’était pas ouverte à la défiance. Le propos, d’ailleurs, avait une explication naturelle. Du fond d’une armoire, le rapin tira ce que l'on nomme très-improprement un tricorne.

« Voilà, s'écria-t-il, voilà. C’est moi qui le l’ai fait retaper. Emboîte ta coloquinte là- dedans.
— Eh bien, après ? dis-je en essayant le chapeau.
— Parfait ! idéal ! ajouta-t-il en me l’ajustant, en le posant de diverses manières... Oh ! bravo ! bravo !... ne bouge plus... C’est frappant comme ça... parole d’honneur ! je crois revoir mon Empereur... Nous ferons émeute dans les rues... le peuple pensera qu’il revient à la tête de cent mille nègres, comme il l’a promis à Las Cases... Non, vrai, Jérôme, pas de blague, tu as l'air du trente-quatrième fils naturel du grand homme.
— Par la vertu de ton feutre, n’est-ce pas ?
— Eh bien dénigre-le, il ne manque plus que ça. Copié, poil pour poil, mon ami, sur le quatre-vingt-dix-neuvième chapeau de Marchand, celui que l’autre portait à Eylau. Il y a encore, dans la coiffe, de la neige du champ de bataille. Poil de lapin historique, quoi ! Bon gré, mal gré, il fallut obéir, mettre le chapeau impérial sur l'oreille, et m’offrir aux hommages de la population. Heureusement personne n'y prit garde. Les officiers de l'état-major ont tant abusé de la glorieuse coiffure, qu'aujourd’hui elle est tombée dans le domaine public, et même un peu plus bas. Nous arrivâmes ainsi au magasin. Malvina ne s’y trouvait pas ; elle était montée dans l'appartement : nous la surprîmes au coin du feu, en proie aux émotions de l'attente. Au premier coup d’œil, elle ne me reconnut pas ; ces épaulettes luisantes, cet uniforme, ce chapeau, m'avaient presque transformé.

« Eh bien, bobonne ! lui dis-je.
— Ah ! c’est toi, s’écria-t-elle en s’épanouissant.

Je la reçus dans mes bras ; je la pressai sur mon hausse-col. Oscar paraissait triomphant.

« Madame Paturot, dit-il avec solennité, je vous ai emprunté un bonnetier, je vous rapporte un capitaine. Rendez-moi ma monnaie.
— Ah ! monsieur Oscar, voilà un service que je n'oublierai de ma vie.
— Merci, madame Paturot, » riposta le profond scélérat, en caressant les poils de sa barbe orange.

Le rapin fut retenu à dîner ; on s’assit, on causa les pieds sur les chenets. Si l'artiste, au lieu de se ruiner en couleurs et de voir tout en vert dans la nature, s’était borné à suivre la profession d’homme original, il aurait certainement conquis une position dans la société. La manière dont il avait conduit mon élection dénotait meme un certain talent diplomatique ; il eût figuré avec avantage dans les missions de Perse. Oscar jugeait bien les hommes ; il avait le coup d’œil pénétrant, l'esprit observateur.

« Jérôme, me disait-il, te voilà capitaine ; mais ce n’est pas tout que d’arriver aux deux épaulettes ? Il faut s’y maintenir : c’est là le difficile.

Les voltigeurs et les flots sont changeants.

— Bah ! répondis-je, un tas de moutons !
— Moutons aujourd’hui, tigres demain, Paturot ! Vois le facteur aux huîtres ! comme ils l’ont mis en pièces ! Quel était son tort, à cet homme ! Trop bon enfant, voilà tout... un capitaine soliveau, quoi ! La compagnie entière lui montait sur les épaules...
— Roi des huîtres, dit Malvina, avec l’accent de la commisération !
— Que ceci te serve de leçon, Jérôme. Il faut être de fer avec la compagnie. Tu as déjà un faux vernis de Napoléon ; profites-en ! Appelle-les grognards ! Pince-leur l’oreille, en mémoire du grand homme ; prends du tabac dans tes goussets, croise les bras derrière le dos, promets-leur la croix d’honneur à la première bataille, accable-les de mots ronflants, et abuse de ton petit chapeau. Voilà ton programme.
— Bravo ! Oscar, s’écria ma femme, oubliant d’ajouter monsieur dans son exaltation.
— Oui, capitaine Paturot, ajouta le peintre, si tu veux réussir, si tu veux devenir l’idole de la compagnie, il faut faire sentir ton grade. Nos voltigeurs n’ont pas assez l’esprit militaire ; il convient de le leur inculquer. Une compagnie se mène par l’amour-propre ; on veut paraître soldat, être remarqué pour l’alignement, exécuter un port d'armes d’ensemble, jouer à la petite guerre, s’abîmer d'exercices et d’évolutions. C’est là ce qui charme. Hors de là il n'y a qu'une compagnie qui n’est pas une compagnie, et des pékins plus ou moins agréablement déguisés. L’esprit de corps, nom de nom, et le titre de compagnie modèle, sarpejeu !
— Ah ! monsieur Oscar, dit Malvina.
— Pardon, excuse, madame Paturot ; mais c’est dans le rôle. Jérôme jurerait comme un sacripant, qu’il n’en aurait que plus d’empire sur les voltigeurs. Je lui recommande surtout de les éreinter d’exercices : c’est un moyen de se faire adorer. Il surprendrait de temps en temps des sentinelles dans leur guérite, que cela ne ferait pas plus de mal. Napoléon a usé de ce moyen. Que chaque voltigeur se dise, en voyant Paturot sous les armes : « En voilà un qui ne plaisante pas ; en voilà un de dur à cuire. » Et il est capitaine à perpétuité.

Telles furent les instructions que me donna Oscar, et j’eus lieu d’en reconnaître plus tard la justesse. Évidemment il connaissait son terrain, et savait comment doit s’exercer le commandement vis-à-vis de bourgeois en uniforme. Peut-être exagérait-il le prestige de certains souvenirs ; mais si le tricorne historique n’ajoutait rien au programme, il n’y gâtait rien. J’avais donc mon rôle tracé ; il n’y manquait plus qu’une chose, l’instruction nécessaire. En ma qualité de voltigeur, j’avais sans doute appris le maniement des armes, et j’exécutais avec assez de précision les trois ou quatre mouvements principaux de l’exercice à feu. Mais de là aux devoirs du capitaine, il y a toute la distance qui sépare l’élève du maître. Il fallait apprendre la tactique, tactique de peloton, tactique de bataillon, se former à l’art difficile du commandement, savoir comment on fait manœuvrer des soldats ; enfin, s’initier à ces savantes évolutions de la guerre sur lesquelles le chevalier Folard a écrit un fort beau livre, et que Napoléon a tant de fois improvisées sur le terrain même où il engageait la bataille.

Or, il s'agissait de poursuivre cette étude en secret, de manière à ce que la compagnie ne s'aperçût pas que le grade avait précédé l'instruction. J’y apportai une grande adresse ; fort réservé au début dans mes commandements, et les rendant plus fermes, plus accentués à mesure que je me sentais sûr de mon affaire. Désormais, plus de bonneterie pour moi ! Le poids de la maison retombait tout entier sur Malvina. Adieu tricot et chaussettes ! adieu mitaines et bas de soie ! J’étais un foudre de guerre, l’odeur de la poudre m’enivrait. J’allais dans les plaines où s’exerce la troupe de ligne ; j'admirais l’ordre de bataille, les dispositions par sections, la course au pas gymnastique, les changements de front, les mouvements des centres et des ailes. Peu à peu, il me semblait qu’il y avait en moi du Turenne, du maréchal de Saxe, et qu’à une époque moins pacifique j’eusse pu, comme un autre, prendre Berg-op-Zoom ou enlever la chaussée d’Arcole.

Pendant que j'allais ainsi au loin me dresser à l’art de la guerre, mon sergent-major, dont l'éducation militaire était achevée, devenait de plus en plus le commensal inévitable de la maison. Madame Paturot était trop occupée pour abandonner le magasin ; mais Oscar n’y regardait pas de si près ; il s’y installait dans le cours de la journée, dérangeait les commis en leur racontant des gaudrioles, et ne quittait la place que pour aller augmenter le nombre des champs d’oseille qui garnissaient son atelier, sous prétexte d’une collection de sites des environs de Rome. Ces sites se ressemblaient tous ; peut-être étaient-ils plus verts les uns que les autres : c'est la seule distinction que l'on pût établir entre eux. Probablement aussi le rapin prodiguait-il davantage sa couleur, quand ses moyens le lui permettaient. Dans ce cas, j’ai quelques reproches à me faire au sujet de ces écarts de verdure. Avec un ami moins généreux, Oscar aurait exécuté des prairies moins foncées, et l'art n’y eût rien perdu.

Quoi qu'il en soit, je m'étais déjà complètement emparé de la faveur de ma compagnie, quand arriva le jour du banquet de corps, commandé aux Vendanges de Bourgogne. La fête fut fabuleuse : le traiteur ne s’en tint pas au veau ; il prodigua le mouton et le nectar à dix. C'était d’autant mieux à lui, qu’il avait là de cruelles pratiques. Abusant d’une formule qui veut que le pain et le vin soient à discrétion, le coquetier dévora deux kilogrammes de pain et but huit litres de liquide ; le plumassier suivit d’assez près son collègue dans son assaut de consommation ; enfin, il y eut, dans tout le bout d’une table, un complot suivi d’effet contre les provisions de l’établissement. En retour de l’hospitalité, ces malheureux apportèrent la disette : on eût dit qu'ils n’avaient pas mangé depuis vingt jours : ils montraient des crocs comparables, pour la solidité, à ceux des anthropophages de la Nouvelle-Zélande. Jamais je n’ai vu autant manger de ma vie. Par un sentiment de justice, le corps des officiers se montra d'une sobriété exemplaire : sans cela, le traiteur ne se serait pas rattrapé ; il eût demandé grâce.

Au dessert, quand cette fringale eut été complètement apaisée, et qu'il se fut fait un peu de silence devant les bouteilles vides, un jeune voltigeur se leva. C’était un barde ; nous ne lui connaissions pas ce talent de société. Il avait l’espoir d'une lecture au théâtre de Montmartre pour un vaudeville qu’il venait d’achever en collaboration avec quatre de ses amis. Du reste, sa figure était douce et ingénue. Il réclama la bienveillance de l'auditoire, passa la main dans ses cheveux d'un blond cendré, et chanta :

Air : Tontaine, tonton.

Célébrons notre capitaine,
Marchand de bonnets de coton,
Tonton, tonton, tontaine, tonton.
Il vend aussi de la futaine,
Du tricot et du molleton,
Tonton, tontaine, tonton.

« Bravo ! bravo ! » s’écria la compagnie entière en faisant chorus.

Je ne savais comment prendre la chose : le jeune troubadour était-il un mauvais plaisant, ou simplement un être naïf qui se livrait au flonflon avec l'abandon de son âge : c’est ce que je ne pouvais démêler encore. Oscar me rassura : la rime avait entraîné cet adolescent, qui avait eu le tort de se lancer dans des idées industrielles à propos d’une réunion toute militaire. La suite de la chanson nous le prouva :

Voltigeurs, sous le casque à mèche
Du chef de notre peloton,
Tonton, tonton, tontaine, tonton,
Vous voyez briller la flammèche
Qui s'échappe du mousqueton,
Tonton, tontaine, tonton.

« Admirable ! » s’écria la compagnie, que des libations multipliées rendaient indulgente.

Après les couplets vinrent les toasts, et chacun voulut improviser le sien. Oscar porta la santé de madame Paturot, qui fut accueillie avec le plus grand enthousiasme par les fournisseurs de la maison. Enfin, je fus appelé à parler, et le plus grand silence s’établit parmi les convives. Je n’ai jamais été bien fort sur l’improvisation ; aussi, quand je me trouvai en présence de ces soixante têtes enluminées, qui dardaient sur moi leurs cent vingt prunelles, une espèce de vertige me domina. Ces gens-là n’étaient pas forts, et pourtant j’étais intimidé. Heureusement, je me souvins des conseils d’Oscar : prenant la pose napoléonienne, et promenant mon regard d’aigle sur l’assemblée, je dis avec un accent saccadé :

« Camarades, je suis content de vous. Cependant la compagnie n’est pas ce qu’elle « devrait être, nom de nom. À partir de demain, je veux la passer à la réforme, et il n'y aura « pas de ma faute, nom de nom, si elle n'est pas plus ficelée. Un autre ne vous dirait que ça, « nom de nom ; et moi, je ne vous en dis pas davantage. Un mot encore; un dernier mot. « Songez que du haut de ses plumets, la compagnie du Puget vous contemple! »

Cette allocution, brève, rapide, exalta mes grognards. Oubliant toute réserve, ils me soulevèrent et me portèrent en triomphe.


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