I[Par AmandineLeHouedec] Le Chapitre I est publié initialement dans le journal Le Siècle à la date du 29 décembre 1869. Une ville du Berry
Le 17 juillet 1785, la Creuse, après une matinée d’orage , roulait profonde et troublée entre deux rangs de maisons fort peu symétriquement alignées sur ses rives, et qui baignaient dans l'eau leurs pieds de bois. Toutes vieilles et toutes délabrées qu’elles étaient[Par AmandineLeHouedec] Le Siècle, 29 décembre 1869 : "qu'elles fussent"., elles n’en souriaient pas moins au soleil, qui, en sortant du double nuage d’où venait de s’échapper l’éclair, jetait un ardent rayon sur la terre encore trempée de pluie.
Ce tas de maisons boiteuses, borgnes et édentées avait la prétention d’être une ville, et cette ville se nommait Argenton.
Inutile de dire qu’elle était située dans le Berri. Aujourd’hui que la civilisation a effacé le caractère des races, des provinces et des cités, c’est encore un spectacle à faire bondir de joie le cœur de l’artiste, qu’Argenton vu des hauteurs qui dominent ses toits chargés de mousse et de giroflées en fleur.
Montez, par un beau jour, le long de ces rochers où se tordent des racines pareilles à des couleuvres, frayez vous-même votre chemin, à travers ces blocs que recouvre une fauve et sèche végétation de lichens jaunis, de fougères ensoleillées et de ronces rougies, accrochez vos ongles à ces ruines qui se confondent avec le roc par la couleur et la solidité de leurs masses, si vastes et si obstinées, qu’il a fallu les terribles guerre de la Ligue et les puissantes épaules de Richelieu pour renverser ces ouvrages de l’art qui, soudés à l’œuvre de la nature, semblaient aussi impérissables que leurs bases granitiques ; et encore ces guerres d’extermination n’ont-elles pu déraciner ces indestructibles fondements qui restent là foudroyés par le canon, déchirés par la scie, ébréchés par le vent, broyés par le sabot des bœufs, écaillés par le fer des chevaux, foulés par le pied du pâtre, mais immobiles.
Au plus haut de ces ruines, faites par les guerres civiles et non par le temps, asseyez-vous et regardez.
Au-dessous de vous s’abîmeLa Creuse est comme l'abîme qui sépare le 18e et le 19e siècle., comme une ville engouffrée par une catastrophe géologique, une sauvage et pittoresque cohue de maisons, avec des poutres saillantes, de lourds escaliers de bois qui grimpent extérieurement à l’étage supérieur, des toits de chaume poudreux et des tuiles noires que recouvre une crasse de végétation spontanée. Du point où vous la regardez, la ville semble déchirée en deux par une rivière sombre et encaissée, dont le nom significatif, la Creuse, indique les profondeurs dans lesquelles elle roule.
De longues perches, fixées aux maisons qui bordent son cours, étalent comme des drapeaux de mille couleurs le linge en train de sécher et qui flotte au vent. Ce groupe d’habitations informes, dont les fondements déchaussés, la charpente accusée à vif, les nervures de bois massives attestent l’enfance de l’art de bâtir, est encadré dans le plus frais, le plus charmant et le plus naïf paysage qui se puisse voir.[Par ClaudeMillet] Absent de l'édition Archipoche, ce paragraphe est présent dans le feuilleton à la date du 29 décembre 1869 et dans l'édition originale (parue en 1872 chez Michel Lévy).
Ici, la nature n’a point cherché l’effet. Ce bon Berri est de toute la France l’endroit où la simplicité a le plus de caractère, et Argenton est, je crois, la ville la plus simple du Berri ; les moutons, ces armes de la province, si j’ose ainsi dire, y sont plus moutons qu’ailleurs, et les oies qui barbotent dans l’eau rapide de la rivière y ont admirablement l’air de ce qu’elles sont.
Tel est encore Argenton aujourd’hui et tel il devait être en 1785, car c’est une des rares villes de France que le souffle des révolutions modernes et que l’esprit de changement n’a point encore atteinte. Ces maisons, quoique près d’un siècle soit écoulé depuis l’époque que nous venons de citer, étaient vieilles alors comme elles le sont aujourd’hui, car depuis longtemps elles ont atteint un âge qui ne marque plus ; si quelque chose étonne le touriste, le peintre ou l’architecte, c’est la solidité de ces masures ; elles ressemblent aux rochers et aux débris de fortifications qui les dominent. On dirait qu’elles durent par leur vétusté même, et que c’est l’excès de leur vieillesse qui les fait vivre ; il y a si longtemps qu’elles penchent d’un côté ou de l’autre, qu’elles en ont pris l’habitude et qu’elles n’ont plus de raison honnête pour tomber, même du côté où elles penchent.
Rien ne peut donner une idée du calme, de l’insouciance et de la placidité des habitants d’Argenton ce 17 juillet 1785 ; le clocher de l’église venait d’égrener sur la ville l’Angelus de midi, et, dans ces tranquilles demeures, chacun offrait à Dieu sa paisible misère comme une expiation de ses fautes et un moyen douloureux mais salutaire de gagner le ciel ; cette quiétude de caractère est en rapport avec la sérénité du paysage et avec les occupations uniformes des habitants de cette petite ville, que n’agite ni l’industrie, ni le commerce, ni la politique ; entourés d’une nature toujours la même, d’arbres qu’ils ont toujours connus grands, de maisons qu’ils ont toujours connues vieilles, les habitants d’Argenton ne se voyaient point changer ni vieillir. Comme l’hirondelle qui revenait tous les ans aux toits de leurs maisons, tous les ans la joie du printemps, éclose dans le soleil d’avril, ramenait dans leurs cœurs le courage de supporter les rudes travaux de l’été et l’oisiveté douloureuse de l’hiver.
Argenton, malgré tous les grands mouvements qui s’étaient faits dans les esprits vers la fin du règne de Louis XV et au commencement du règne de Louis XVI, ne reconnaissait guère d’autre puissance que celle de l’habitude. Il y avait alors pour Argenton un roi de France qu’on n’avait jamais vu, mais auquel on croyait et auquel on obéissait sur la parole du bailli, comme on croyait et on obéissait à Dieu sur la parole du curé.
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Dans une des rues les plus désertes et les plus rongées d’herbe, s’élevait une maison peu différente des autres maisons, si ce n’est qu’elle était presque ensevelie sous un immense lierre, dans lequel, le soir, semblaient se réfugier tous les moineaux de la ville et des environs.
Malgré leur confiance dans cette maison à l’abri de laquelle ils ne craignaient pas de s’endormir, après avoir longtemps fait tressaillir le feuillage, malgré leur caquetage joyeux et bruyant qui commençait avec l’aurore, cette maison était mal famée. Là, en effet, demeurait un jeune médecin venu de Paris depuis trois ans et qui en avait vingt-huit à peine. Pourquoi avait- il devancé la mode des cheveux courts et non poudrés que Talma devait inaugurer cinq ans seulement plus tard, dans son rôle de Titus ? Sans doute parce qu’il lui était plus commode de porter les cheveux courts et sans poudre. Mais, à cette époque, c’était une innovation malheureuse pour un médecin ; quand la science médicale était si souvent mesurée au développement gigantesque de la perruque dont se coiffaient les disciples d’Hippocrate, personne ne remarquait que les cheveux du jeune docteur étaient ondés par la nature mieux que n’eût pu le faire le talent du plus habile coiffeur ; personne ne remarquait que ces cheveux, du plus beau noir, encadraient admirablement un visage pâli par les veilles, dont les traits fermes et sévères indiquaient surtout l’application à l’étude.
Quel motif avait porté cet étranger à se retirer dans une ville aussi agreste et présentant si peu de ressources à l’exercice de la médecine que la ville d’Argenton ? Peut-être le goût de la solitude et le désir du travail non interrompu ; et, en effet, ce jeune savant, surnommé dans la ville le docteur mystérieux à cause de sa manière de vivre, ne fréquentait personne, et, chose doublement scandaleuse dans une petite ville de province, ne mettait pas plus le pied à l’église qu’au café. Mille bruits malveillants et superstitieux couraient sur son compte. Ce n’était pas sans raison qu’il ne portait ni poudre ni perruque, mais cette raison était mauvaise puisqu’il ne la disait pas. On l’accusait d’être en communication avec les mauvais esprits, et sans doute l’étiquette n’était point la même dans le monde nocturne que dans le nôtre.
Mais ces soupçons de magie reposaient surtout sur des cures vraiment merveilleuses que le jeune médecin avait opérées par des moyens d’une simplicité extrême ; beaucoup de malades condamnés et abandonnés par les autres praticiens avaient été sauvés par lui en si peu de temps, que les bienveillants criaient au miracle et que les ingrats et les curieux criaient au sortilège. Or, comme il y a plus d’ingrats et d’envieux que de bienveillants, le docteur avait pour ennemis, non seulement presque tous ceux à qui il avait fait du tort comme concurrent, mais encore tous ceux qu’il avait soulagés, secourus, guéris comme malades, et le nombre en était grand.
Les vieilles femmes qui n’étaient pas méchantes, et on en comptait cinq ou six dans Argenton, disaient de lui qu’il avait le bon œil. C’est en effet une croyance très répandue dans cette partie du Berri que certains individus naissent non seulement pour le bien ou le mal de leurs semblables, mais encore pour le bien ou le mal de la création, étendant leur influence jusque sur les animaux, les moissons et les autres productions de la terre. Quelques-uns, aux idées plus abstraites, attribuaient cette faculté surprenante de faire des miracles à un souffle de vie que le docteur projetait sur le front de ses malades ; d’autres à certains gestes et à certaines paroles qu’il récitait tout bas ; d’autres enfin à une connaissance approfondie de la nature humaine et de ses lois les plus obscures. Toujours est-il que, si l’on différait sur la cause, nul ne contestait l’évidence des phénomènes, cette science s’étant exercée publiquement sur les hommes et sur les animaux.
Ainsi, un jour, un voiturier qui s’était endormi, comme cela arrive souvent, sur le siège mobile suspendu en avant de la roue de sa charrette, était tombé de ce siège, et ses chevaux, en continuant de marcher, lui avaient écrasé une cuisse sous la roue du gros véhicule qu’ils traînaient. Ce n’était pas une cuisse cassée, c’était une cuisse bel et bien écrasée. Les trois médecins d’Argenton s’étaient réunis, et, comme il n’y avait d’autre remède à l’horrible blessure que la désarticulation du col du fémur, c’est-à-dire une de ces opérations devant lesquelles reculent les plus habiles praticiens de la capitale, ils avaient décidé d’un commun accord d’abandonner le malade à la nature, c’est-à-dire à la gangrène, et à la mort qui ne pouvait manquer de la suivre.
C’est alors que le pauvre diable, comprenant la gravité de sa situation, avait appelé à son secours le docteur mystérieux. – Celui-ci, étant accouru, avait déclaré l’opération grave, mais inévitable, et en conséquence avait annoncé qu’il allait la tenter sans aucun retard. Les trois médecins lui avaient fait observer, à titre d’avis charitable, qu’à côté de la gravité de l’inévitable opération, il y avait la douleur physique pendant la durée de cette opération et la terreur morale qu’allait éprouver, l’opération terminée, le malade en voyant une partie de lui-même se détacher de lui sous le tranchant du bistouri.
Mais le docteur, à cette objection, s’était contenté de sourire, et, se rapprochant du blessé, l’avait regardé fixement en étendant la main vers lui, et, d’un ton impératif, lui avait commandé de dormir.
Les trois médecins s’étaient regardés en riant ; éloignés de Paris, ils avaient bien entendu parler vaguement des phénomènes du mesmérisme, mais ils n’en avaient pas vu l’application. À leur grand étonnement, le malade alors, obéissant à l’ordre de dormir que lui avait donné le médecin, s’était endormi presque subitement. Le docteur lui avait pris la main, et lui avait demandé de sa voix douce, mais dans laquelle cependant était mêlée une nuance de commandement : « Dormez-vous ? » Et, sur la réponse affirmative, il avait tiré sa trousse, choisi ses instruments, et, avec la même sérénité que s’il eût opéré sur un cadavre, il avait sur le corps insensible du blessé pratiqué l’effroyable opération ; il avait demandé dix minutes, et, au bout de neuf minutes, montre à la main, le membre avait été détaché, emporté hors de la chambre, le linge taché de sang enlevé, le malade couché sur un autre lit ; et, au grand étonnement des trois médecins, l’appareil posé, l’amputé s’était, sur l’ordre du docteur, réveillé en souriant[Par ShanonPomminville] [réveillé et souriant] Dans une dynamique de transferts, Dumas, tout au long de ce roman, récupère des scènes déjà exploitées dans des oeuvres précédentes. C'est ici le cas avec cette scène qui fait écho à un passage de Joseph Balsamo dans lequel le personnage éponyme, devant le regard ébahi de Marat, opère un patient sous état d'hypnose. Voir Joseph Balsamo, chapitre 105 « Le corps et l'âme ». .
La convalescence avait été longue ; mais, lorsqu’elle fut complète et que le malade put se lever, il trouva un appareil préparé par le médecin lui-même, et à l’aide duquel, quoiqu’il eût perdu à peu près le quart de sa personne, il retrouva la faculté de se mouvoir.
Mais maintenant qu’allait faire ce malheureux, disaient non seulement les trois médecins qui avaient eu l’intention de le laisser mourir, mais encore bon nombre de personnes qui trouvent toujours quelque chose à redire aux événements et aux dénouements les mieux conduits ? Ne valait-il pas mieux, en effet, laisser mourir le pauvre diable que de prolonger avec une infirmité pareille son existence de dix, vingt, trente années peut-être ? Qu’allait-il faire ? Vivrait-il d’aumônes, et serait-ce une charge de plus pour la commune déjà si pauvre ?
Mais tout à coup on apprit par le receveur particulier, qui avait été avisé de cette décision par celui de la province, qu’une rente de trois cents livres était faite au pauvre diable, sans qu’on sût d’où lui venait cette rente et qui l’avait sollicitée.
Sans doute le blessé n’en savait pas plus que les autres sur le sujet ; mais quand il parlait du docteur, c’était habituellement pour dire : – Ah ! quant à celui-là, ma vie lui appartient. Il n’a qu’à me la demander et je la lui donnerai de grand cœur.
Eh bien, chose presque incroyable pour quiconque ne connaîtrait pas le monde des petites villes, cette splendide cure fut une de celles qui firent le plus de tort au docteur dans la ville d’Argenton ; les trois autres médecins ayant déclaré que peut-être eussent-ils pu sauver le malade en se servant des mêmes moyens, mais qu’ils aimaient mieux voir mourir un homme que de lui sauver la vie à pareil prix, attendu qu’ils regardaient l’âme d’un malade plus précieuse que son corps.
C’était la première fois que ces trois honnêtes praticiens parlaient de l’âme.
Un autre jour, jour de foire, un taureau furieux avait jeté le désordre dans le marché, et les cris des fuyards, femmes et enfants, étaient montés jusqu’au laboratoire du docteur, qui dominait la place. Le docteur avait mis alors la tête à sa fenêtre et avait vu ce dont il s’agissait. Tout fuyait devant l’animal furieux, qui venait d’éventrer un boucher, lequel avait eu l’audace de l’attendre une masse à la main. Lui était descendu alors précipitamment sans chapeau ; ses beaux cheveux jetés au vent, les angles de la bouche plissés par cette volonté de fer qui était une des principales qualités ou un des principaux défauts de son caractère, il avait été se placer tout droit sur la route du taureau, l’appelant du geste. L’animal l’avait à peine aperçu, que, acceptant le défi, il s’était élancé sur lui la tête basse...
De sorte que son adversaire, n’ayant pas pu rencontrer son œil, avait été obligé de se jeter de côté pour éviter sa rencontre. Le taureau, emporté par sa course, l’avait dépassé de dix pas, puis s’était retourné, avait relevé la tête, et avait regardé de son œil sombre et profond l’audacieux lutteur qui venait lui présenter le combat. Mais un instant avait suffi, cet œil sombre et profond de l’animal avait rencontré l’œil fixe et dominateur de l’homme, le taureau s’était arrêté court, avait fouillé la terre des pieds, avait mugi comme pour se donner du courage, mais était resté immobile ; alors, le docteur avait marché droit à lui, et l’on avait pu voir à chaque pas qu’il faisait le taureau trembler sur ses jambes et s’affaisser sur lui- même ; enfin de son bras étendu il avait pu toucher l’animal entre les deux cornes, et, comme un autre Achéloüs devant un autre Hercule, le taureau s’était couché à ses pieds.
[Par AmandineLeHouedec] Le Siècle, 29 décembre 1869 : "Enfin une autre occasion"Une autre occasion s’était encore présentée pour le docteur de montrer l’étonnante puissance magnétique qu’il exerçait sur les animaux. Il s’agissait de ferrer pour la première fois un cheval de trois ans, encore indompté, qui avait brisé tous les liens qui l’attachaient au travail, avait renversé le maréchal-ferrant et était rentré furieux dans son écurie, où personne n’osait aller le chercher, aucune bride ni aucun licou ne lui étant resté sur le corps pour le conduire.
Le docteur, qui passait là par hasard, avait d’abord porté secours à l’homme renversé ; puis, comme le choc avait été violent, mais que dans la chute la tête n’avait point porté, il invita le maréchal-ferrant à l’attendre, promettant de lui ramener[Par AmandineLeHouedec] Le Siècle, 29 décembre 1869 : "promettant de lui ramener dans quelques minutes le cheval soumis et obéissant" le cheval soumis et obéissant.
Et, en effet, accompagné de ce rassemblement qui, dans les petites villes, se groupe à toute occasion, il était entré dans l’écurie du maître de poste à qui ce cheval appartenait, et, tout en sifflant,[Par AmandineLeHouedec] Le Siècle, 29 décembre 1969 : "Et en effet, accompagné de ce rassemblement qui dans les petites villes se groupe à toute occasion, il était entré dans l'écurie du maître de poste, à qui ce cheval appartenait," Variation qui porte sur la ponctuation et plus précisément sur l'emploi de la virgule. les mains dans ses poches, mais sans perdre le cheval du regard, il s’était approché de l’animal furieux, qui avait reculé devant lui jusqu’à ce qu’il se sentît acculé au mur ; alors, il l’avait pris par les naseaux, et, sans effort, quoique l’on vît à l’œil sanglant du cheval avec quelle répugnance il obéissait à cette puissance supérieure, il l’avait amené, marchant à reculons, jusque dans le travail où il s’était échappé une heure auparavant, et là, sans qu’il fût nécessaire de l’attacher, le contenant et le fascinant toujours, il avait dit au maréchal-ferrant de commercer sa besogne, et à ses quatre pieds, l’un après l’autre, le maréchal avait cloué les fers sans que le cheval fît d’autre mouvement que ce frissonnement douloureux de la peau qui est chez les quadrupèdes de son espèce l’aveu de leur défaite.
On comprend, après de pareils prodiges opérés en face de tous vers la fin du dernier siècle, dans une des villes les moins éclairées de France, sous combien d’aspects différents devaient être jugé Jacques Mérey. – C’était le nom du docteur.