Corpus La Bande noire

Tome 1 - Chapitre 7

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VII.

Rien ne ressemble plus à l'occupation militaire d'une ville que le morcellement en permanence d'une grande propriété[Par MargotFavard] On reconnaît désormais l'ouverture typique, dans le roman, des chapitres, par un énoncé à valeur de vérité générale. Le parallèle créé fait du vandalisme révolutionnaire une poursuite de la guerre, de sa violence destructrice, par d'autres moyens. La suite du paragraphe et du chapitre illustre cette force de déconstruction ou "morcellement", et le spectacle carnavalesque qu'elle produit. Les "gros souliers" sont traités en "grands seigneurs" et l'entreprise de destruction opérée par la bande noire paraît poursuivre le rêve d'égalité révolutionnaire.. Le château offrait l'aspect d'une place de guerre nouvellement emportée d'assaut : dans la salle à manger étaient dressées toute la journée des tables servies, et chaque paysan qui venait pour traiter d'affaires y trouvait son couvert mis et un domestique à ses ordres. C'était un spectacle assez bizarre que cette longue procession de spéculateurs en blouse et en gros souliers qui s'asseyaient tour à tour à la table commune, et se voyaient, pour la première fois de leur vie, traités en grands seigneurs et en maîtres souverains. Cette manière d'agir gagnait bien des esprits rebelles, conciliait bien des dissidences secrètes ; il était rare qu'un de ceux qui venaient demander cette hospitalité généreuse à Arthur Raimbaut se retirât sans emporter un lopin de terre et lui laisser un sac d'argent. L'opposition de Guillaume Évon était débordé ; dans cette lutte entre deux puissances, l'une acquise et de résistance, l'autre nouvelle et d'envahissement, la victoire restait à la dernière ; le spéculateur audacieux triomphait du fermier craintif et opiniâtre.

Le morcellement de la propriété du général était donc en pleine activité. Arthur Raimbaut, comme un chef d'armée sur le champ de bataille[Par MargotFavard] Le chapitre dresse le portrait d'Arthur en chef d'armée et tisse ainsi l'analogie entre Arthur et Napoléon. Voir l'article de Nicole Mozet sur ce parallèle, "Un roman du vandalisme en 1837: La Bande noire de Jules A. David", in S. Bernard-Griffiths et al. (éd.), Révolution française et "vandalisme révolutionnaire", Paris Universitas, 1992, p. 83-89., qui pourvoit à tous les besoins, pare à toutes les difficultés, se pliait aux détails les plus minimes, et trouvait chaque jour dans son esprit une nouvelle ressource. C'était lui seul qui parlait aux paysans et les amenait malgré leur résistance à des résultats désirés. Sans être fier avec eux, il était bref, concis, clair dans ses paroles, prompt dans ses déterminations : pour être à leur portée, il se rapetissait et entrait avec eux dans ces spéculations de ménage dont les hommes médiocres ne soupçonnent pas l'importance ; il disait à chacun le mot qui lui était propre, et prenait part à leurs affaires avec une intelligence et une sagacité merveilleuses[Par MargotFavard] Nouveau trait important du caractère d'Arthur que le chapitre va développer : fin rhétoricien, il fait preuve d'une extraordinaire force de persuasion par sa capacité d'adaptation à ses interlocuteurs.. Du reste, par un de ces contrastes que nous avons déjà indiqués, il semblait se vouer exclusivement à une opération commerciale, sans restriction, sans arrière-pensée, comme un homme qui ne verrait comme but final de toutes choses qu'une fortune à conquérir, une importante partie à gagner. Différent en ceci des joueurs qui comptent toujours beaucoup sur le hasard, il ne comptait pour réussir que sur lui-même et sur la science qu'il avait des hommes ; le chiffre des passions qu'il maniait était la base de tous ses calculs ; il appliquait aux affaires la certitude mathématique des probabilités. Il n'avait pas d'ailleurs renoncé à vaincre l'obstination de Guillaume Évon lui-même ; et chaque fois qu'on lui parlait de la résistance que celui-ci opposait, il se contentait de répondre en hochant la tête : "Laissez-le faire, il y viendra".

Le dimanche surtout, un mouvement étrange et inaccoutumé régnait au château. Tous ceux que des travaux avaient absorbés pendant le cours de la semaine s'y rendaient, les uns avec des intentions formelles, les autres par curiosité et par désœuvrement. Tous étaient les bienvenus et prenaient également part aux joies de ce bivouac de nouvelle espèce qu'Arthur Raimbaut avait organisé. Vers midi, la cloche donnait le signal du déjeuner, et, autour de la table chargée à profusion, se pressaient pêle-mêle les gens du château et ceux du dehors : le notaire et ses clercs, les géomètres chargés de lever des plans et de tracer la division des lots, et les acheteurs enfin qui préludaient à la conclusion de leur traité en buvant les différentes sortes de vin qu'on leur prodiguait. L'ordre manquait au repas, mais non l'abondance ; le champagne y moussait, et les volailles du pays y jouaient largement leur rôle ; pas d'étiquette d'ailleurs, liberté à tous[Par MargotFavard] Le banquet du dimanche midi illustre le mot d'ordre révolutionnaire : "liberté à tous". de parler, de rire, de témoigner par des éclats leur contentement. Au milieu de la table, Arthur Raimbaut, souriant et posé, s'occupait avec un soin égal de tous ses convives ; à celui-ci, il parlait de l'engrais des terres, de la culture des betteraves, du rendement[Par MargotFavard] L'usage des italiques est justifié par le fait que le mot est en passe d'être attesté en son sens économique. Le TLF note pour 1846 l'acception "rendement des terres arrables". C'est le signe qu'Arthur choisit des mots rares ou des acceptions modernes pour suggérer rhétoriquement sa supériorité intellectuelle. probable des colzas ; à celui-là, il demandait des nouvelles de sa femme, de ses enfants, de sa famille ; et tous ces braves gens, dont l'amour-propre est plus tendre à la flatterie en raison même de leur ignorance, contemplaient avec une sorte d'admiration l'homme étrange qui sympathisait si bien avec leurs pensées, et accommodait son esprit aux petitesses du leur.

On était quelquefois trente à table ; les places n'étaient pas marquées[Par MargotFavard] Ainsi se poursuit le tableau de la vie de château rendue au peuple, à rebours des "places marquées" de l'aristocratie. La métaphore militaire qui surgit à nouveau ensuite va aussi dans le sens d'un nouvel ordre plus égalitaire : les soldats sont à égalité sous le commandement d'un chef., on entrait et on s'asseyait quand on voulait et où l'on voulait ; on eût dit que la propriété d'Arthur Raimbaut était devenue une propriété banale, et que chacun en pouvait réclamer sa part. Seulement au bout d'une heure, Arthur Raimbaut se levait et emmenait avec lui son cortège de subalternes ; les clercs de notaires et les géomètres se rendaient silencieusement à leurs postes comme des militaires, qui, au sortir d'une fête oublient en un instant leurs impressions récentes et leurs émotions encore vives pour se soumettre de nouveau aux règles exigeantes de la discipline. Dans cette vie tumultueuse et pourtant régulière, il y avait quelque chose de la ponctualité soldatesque[Par MargotFavard] Soldatesque : qui est caractéristique des soldats, terme souvent péjoratif. ; les moments étaient comptés, les heures fixées avec une précision rigoureuse ; à la volonté du maître toutes les fantaisies individuelles s'annihilaient sans murmures ; un ordre de lui faisait loi, et tous les intérêts divergents qui se ralliaient à lui semblaient se fondre en un seul, l'instinct de l'obéissance.

Vers la fin du mois de novembre, par une de ces belles gelées d'hiver qui donnent à la nature un aspect de solennité grave et de magnifique sévérité, Arthur Raimbaut avait organisé une fête[Par MargotFavard] Après la rapide peinture du spectacle quotidien qui se joue au château (le défilé des "spéculateurs en blouse et en gros sabots"), puis celui du banquet du dimanche midi, voici annoncé un troisième spectacle, plus exceptionnel encore, celui de la fête et du bal au château. La fête au château répond au tableau de la veillée du chapitre V.. Tous les paysans des alentours y avaient été conviés par lettre, avec leurs femmes, leurs enfants, leur parenté ; la journée tout entière devait être consacrée à la joie ; déjeuner, dîner, bal, tous les plaisirs s'enchaîneraient les uns aux autres : le maître témoignait à ses sujets sa satisfaction, Arthur Raimbaut était content. Dès le matin les portes du château s'ouvrirent et le vieux Jérôme mit, quoiqu'en murmurant, son plus bel habit pour faire les honneurs d'une réception solennelle à ces hôtes nouveaux et passagers du château. Dès le matin donc on vit arriver, par tous les sentiers de la plaine, par tous les chemins qui aboutissent au village de Saintry, de nombreuses troupes de paysans, tons parés de leurs vêtements de fête, et conduisant sous le bras leurs femmes endimanchées. Malgré la rigueur du froid piquant, les garçons reluisaient aux rayons du pâle soleil d'automne avec leurs pantalons blancs, leurs gilets ouverts, et laissant voir les plis roides d'une chemise empesée. Jamais assemblée de village n'avait attiré tant de monde ; et au fait, il y avait quelque chose de féerique dans cette journée de plaisir offerte par un marchand de terre[Par MargotFavard] Ce surnom, "marchand de terres", donné par les villageois à Arthur, dit bien son emploi de spéculateur et déconstructeur. S'ouvre ensuite justement une longue spéculation de la part de villageois sur le mystère de l'identité d'Arthur et de l'"association" à laquelle il appartiendrait., comme on disait, à toutes ses pratiques. Le nom d'Arthur Raimbaut circulait dans toutes les bouches, accompagné de ces mille commentaires que l'imagination du peuple aime tant à pousser jusqu'à l'absurde. Il fallait, disait-on, que cet homme eût d'immenses trésors à jeter au vent ; pour certain, il n'était pas seul, et il ne fallait voir en lui qu'un prête-nom qui cachait une vaste et nombreuse association ; puis, en disant ou en écoutant ces choses, les vieillards hochaient la tête comme pour expliquer qu'au-delà de ces prévisions communes, leur expérience entrevoyait quelque grave mystère, quelque énigme inexpliquée.

Quant à la jeunesse, insouciante et rieuse qu'elle est toujours, elle ne comprenait en tout cela que les séduisantes promesses d'une journée de plaisir, et remerciait Arthur Raimbaut de sa générosité, sans en pénétrer le motif. À chaque instant des bandes de demoiselles, parées et court-vêtues, envahissaient en chantant les avenues du château ; leurs joues étaient colorées et fraîches, et les teintes blafardes du froid disparaissaient sous l'incarnat naïf de leur bonheur. Dans les appartements du château se pressait une foule avide et bruyante ; de tous côtés éclataient ces exclamations confuses, ces cris discordants qui signalent les joies populaires[Par MargotFavard] Tableau peu flatteur des "joies populaires" et d'une foule toute entière occupée de sa joie et de sa naïveté. Ainsi se trouve reconduit un lieu de commun de la description des fêtes villageoises sous laquelle couve une peur de la foule. On passe bientôt du rouge des joues heureuses au rouge du vin, signe de l'ivresse collective progressive. ; on s'interpellait les uns les autres avec cette franchise expansive d'hommes accoutumés à reproduire tous leurs sentiments au dehors, et qui ne comprennent pas plus l'importance de leurs paroles que la portée de leur silence. À l'étage supérieur, une fanfare d'instruments en cuivre mêlait son harmonie à ces harmonies diverses, et la note aiguë des trombones dominait de temps en temps toutes les voix, ainsi que par une mer houleuse le sifflet du contremaître domine le bruissement des flots et les emportements de la tempête. Déjà bien des figures se coloraient d'une teinte pourprée, bien des jambes s'avinaient, bien des voix se faisaient chevrotantes.

Au milieu de ce tumulte, Arthur Raimbaut se promenait de groupe en groupe, se mêlant à toutes les conversations, et, au besoin, faisant sa partie dans ce concert de plaisanteries grivoises et de bons mots à moitié ivres. Il était depuis quelque temps au milieu d'un cercle plus bruyant que les autres, lorsque le notaire de Saintry vint le tirer doucement par le bras, en lui disant à voix basse : « J'ai à vous parler. ". Maître Paquis avait l'air encore plus roide et plus compassé qu'à l'ordinaire ; comme pour se grandir en raison de son importance, il se haussait sur la pointe des pieds et faisait pirouetter son regard de droite et de gauche avec cette agitation inquiète des hommes médiocres qui se trouvent par hasard jetés dans une position plus haute que leur taille[Par MargotFavard] Portrait acide de "Maître Paquis", nouveau personnage incarnant le type du notaire.. Ses cheveux ébouriffés sur son front lui donnaient cette apparence sautillante qui ressemble au mouvement continuel d'une branche d'arbre agitée par le vent.— J'ai à vous parler d'une chose sérieuse ! répéta-t-il en se penchant à l'oreille d'Arthur Raimbaut qui l'écoutait à peine.— Ne pouvons-nous remettre à demain les choses sérieuses ? dit Arthur de ce ton dégagé qui tranchait en certaines circonstances avec la gravité ordinairement triste de son maintien.— Il faut que je vous parle à l'instant même ! dit le petit homme en appuyant sur chacune de ses paroles.

Arthur prit, sans répondre, le bras de maître Paquis, et descendit avec lui les marches du péristyle.— Grande nouvelle ! dit celui-ci en éclatant, lorsqu'ils furent à une centaine de pas du château, grande et bonne nouvelle ! J'ai un acheteur pour le château.— Vraiment, dit Arthur, c'est affaire à vous, monsieur le notaire, de mener les choses rondement, et j'ai toujours compté en ceci sur votre haute sagacité !

Sous le coup de la flatterie, maître Paquis se redressa d'un air de satisfaction inénarrable et d'orgueilleuse modestie[Par MargotFavard] L'apparition de "Maître Paquis" permet de donner une nouvelle preuve de l'adresse rhétorique d'Arthur en même temps qu'elle marque une importante avancée de l'intrigue spéculative et offre un nouveau mystère à dévoiler : qui est l'acheteur ? ; et en cadençant ses mots avec un soin et une délicatesse merveilleuse :— Peut-être me sera-t-il permis de dire, répondit-il, que ma longue expérience des affaires ne vous aura pas été inutile ; j'ai trouvé dans ma nombreuse clientèle des ressources qui, peut-être, auraient échappé à tout autre.— Bien vrai, dit Arthur, et vous pouvez affirmer cela sans vous vanter, monsieur le notaire ! C'est à vos soins que mon opération devra en grande partie son succès ! Mais quel est cet acheteur dont vous me parlez, le connaissez-vous ?

Maître Paquis hésita un peu avant de répondre ; le laconisme d'Arthur Raimbaut avait toujours produit sur lui un effet presque mortifiant. Dans le cours de sa carrière bavarde, il n'était pas habitué à ce qu'on résumât toutes choses par des points d'interrogation.— Je ne puis, dit-il, me vanter de le connaître personnellement, quoique par mes relations j'aie sur lui tous les renseignements désirables.

— L'avez-vous vu ? demanda Arthur.— Sans nul doute, dit maître Paquis, caressant minutieusement les contours de sa phrase, puisque c'est lui-même qui m'a porté ses propositions.— Et que me propose-t-il?— Avec l'habitude que vous avez des affaires, dit maître Paquis, vous devez savoir, monsieur qu'on ne se livre jamais à une première entrevue ; vous savez qu'il est de règle de rester boutonné le plus longtemps possible afin de voir venir, et s'il m'est permis de raisonner par comparaison, sur le terrain on ne se découvre jamais à la première botte[Par MargotFavard] Botte : terme d'escrime, désignant un coup de fleuret..— Au fait, au fait, monsieur le notaire, dit Arthur ; s'il vous a fait des propositions, donc il propose quelque chose. Eh bien, que me propose-t-il ?

Le notaire royal[Par MargotFavard] Notaire royal : (Ancien Régime) notaire qui tient ses provisions du roi, par différence avec les notaires seigneuriaux et les notaires apostoliques. Le notaire royal peut traiter des affaires les plus nombreuses et les plus importante sur tout sa province. était encore une fois désarçonné ; l'insistance concise d'Arthur Raimbaut s'acharnait sur ses paroles comme une hache toujours prête à trancher le fil de ses prétentions oratoires[Par MargotFavard] [Par MargotFavard] Le dialogue met en scène la confrontation de deux rhétoriques, l'une laconique et efficace (Arthur), l'autre bavarde et vide (le notaire)..— Il me propose deux cent mille francs ! dit-il d'un ton sec, et où perçait le mécontentement de l'amour-propre blessé.— Deux cent mille francs pour le château et le parc, ce n'est pas assez.— Mais je crois, reprit le notaire, que ce n'est pas là son dernier mot, et si vous vouliez me laisser conduire cette affaire...

Maître Paquis allait encore s'abandonner à son instinct bavard, lorsqu'Arthur l'interrompit d'une voix brusque :— Comment se nomme cet homme ? demanda-t-il en employant sa forme favorite de l'interrogation.— De Noï[Par MargotFavard] Ainsi se trouve révélée l'identité d'un nouveau personnage clé pour la suite de l'intrigue..— C'est un noble ?— J'ai tout lieu de présumer que sa noblesse ne date pas de bien loin[Par MargotFavard] Allusion à la noblesse d'Empire créée par Napoléon dès 1804 et officialisée par décret le 1er mars 1808, nouvelle noblesse inspirée des titres de l'ancienne noblesse et qui lui fait concurrence. Environ 3300 titres seronts ainsi créés., et qu'on en retrouverait les titres dans quelque secrétariat d'ambassade.— Un diplomate, dit Arthur en souriant, c'est la finesse brevetée ! M. de Talleyrand[Par MargotFavard] Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord (1754-1838) : homme d'État et diplomate français. Député aux États généraux sous l'Ancien Régime ; président de l'Assemblée nationale et ambassadeur pendant la Révolution française ; ministre des Relations extérieures sous le Directoire, le Consultat, le Premier Empire ; sous la Restauration il est successivement président du gouvernement provisoire, ambassadeur, ministre des Affaires étrangères et président du Conseil des ministres ; ambassadeur sous le Monarchie de Juillet. Le congrès de Vienne (18 septembre 1814 – 9 juin 1815, accord européen des vainqueurs de Napoléon) marque l'apogée de sa carrière diplomatique. Homme des Lumières, libéral. Figure politique essentielle du siècle, il divise fortement ses contemporains. Lui qui était boiteux est ainsi souvent surnommé "le diable boiteux" pour décrier ses vices et sa corruption présumées. Flaubert, Dictionnaire des idées reçues : "Talleyrand (Prince de) : s'indigner contre". Les Mémoires d'outre-tombe de Chateaubriand partagent cette indignation : "quand M. de Talleyrand ne conspire pas, il trafique". Il compte aussi des défenseurs dont Lamartine et Balzac (qui écrit dans Le contrat de mariage : "Certain prince qui n'est manchot que du pied, que je regarde comme un politique de génie et dont le nom grandira dans l'histoire"). Pour Goethe c'est le "premier diplomate du siècle" (dans Conversations avec Goethe, 1826). Les historiens actuels de la Révolution française oeuvrent à sa réhabilitation : François Furet et Denis Richet appellent ainsi à plus de mesure devant celui qui a été "trop critiqué après avoir été trop loué" (La Révolution Française, Hachette, [1963] 1973, p. 413). n'est-il pas un grand homme[Par MargotFavard] "un grand homme" : Arthur semble plutôt du côté des détracteurs de Talleyrand, mais la référence à cette figure emblématique des bouleversements politiques de l’époque est aussi mobilisée pour créer une ironie de connivence avec le notaire et appeler à la méfiance devant les diplomates dont est De Noï. ?— Oui, sans doute, murmura le notaire ; et si vous vouliez confier à ma vieille expérience...

Maître Paquis jouait de malheur ; chaque fois qu'il essayait de renouer la trame de ses idées interrompues, une interruption nouvelle comprimait subitement son essor.— Monsieur le notaire, dit Arthur, promettez-moi de répondre catégoriquement à toutes les questions que je vais vous faire. Ce M. de Noï est-il jeune ?— Trente ou quarante ans.— Bien. Quelle est sa mise ?— Élégante et riche, des bagues aux doigts, des boutons en diamants à sa chemise.— J'irai le trouver moi-même, dit Arthur ; je me charge de tout. Mais vous, monsieur le notaire, qui devez connaître les traits de la physionomie humaine, avez-vous étudié la sienne ? Quel est son caractère[Par MargotFavard] "Quel est son caractère ?" Arthur est bien un physiognomiste : l'apparence physique est la clé essentielle pour découvrir le "caractère" du personnage inconnu. ?

Le notaire recula d'un pas, semblable à un coursier chétif qui voit tout d'un coup se dresser devant lui une infranchissable barrière. Il avait peine à comprendre la signification et la portée d'une semblable question, et comme un homme fasciné par une puissance occulte, il se débattait sous le joug d'une supériorité incontestable et pourtant inexpliquée.— Il ne m'est pas donné, répondit-il à la fin, de deviner la pensée et d'interpréter les lignes du visage[Par MargotFavard] "lignes du visage" : le notaire est lui dépourvu de ce talent qui permet de percer à jour les individus par la physiognomie. Il va tout de même s'y essayer ensuite. ; tout ce que je puis vous dire, c'est que celui dont nous parlons, a l'air souffrant et maladif ; sa figure est maigre, ses joues sont tirées, ses pommettes saillantes ; pour ma part, et quoique par la nature de mes études je sois demeuré étranger à la science médicale, je croirais volontiers qu'il est poitrinaire[Par MargotFavard] Cette maladie va être importante pour la suite de l'intrigue. Elle indique la faiblesse déjà déclarée du nouvel adversaire d'Arthur..

Arthur Raimbaut garda quelque temps le silence, comme si cette dernière explication eut soulevé en lui des réflexions sérieuses.— M. le notaire, dit-il gravement, à quelle heure un poitrinaire doit-il être le mieux disposé ?

Maître Paquis recula d'un pas en pivotant sur son talon, ainsi qu'un papillon qui tourne autour d'une lumière perfide dont l'éclat aveugle ses yeux. La question d'Arthur Raimbaut lui paraissait une énigme inexplicable, et il ne savait trop s'il devait la prendre au sérieux.— À quelle heure est-il venu vous trouver ? demanda Arthur, du même ton dogmatique qu'il imprimait depuis quelques instants à ses paroles.— Il était une heure après midi, dit le notaire.— Après déjeuner, c'est bien ; j'irai le trouver demain après une heure. A propos ! quelle est son adresse?— Rue du Helder, 26[Par MargotFavard] Cette adresse est un indice capital sur ce nouveau personnage pour le lecteur du xixe siècle. La rue du Helder, située dans le 9e arrondissement de Paris, dans le quartier de la Chaussée d'Antin, est célèbre à l'époque pour être la rue des riches parvenus, en opposition au faubourg Saint-Germain où réside majoritairement l'aristocratie. Cette rue est mentionnée dans Le Père Goriot (1835) de Balzac : c'est là qu'habite Anastasie de Restaud (dont le rêve est d'ailleurs d'accéder au faubourg Saint-Germain). La rue est aussi présente chez Alexandre Dumas dans Le Comte de Monte-Cristo (1844-1846): Albert de Morcef y vit..

Les deux interlocuteurs, après une assez longue déambulation à travers les sentiers du parc, étaient revenus à leur point de départ ; ils se trouvaient dans la grande avenue du château, lorsqu'un bruit nouveau et comme un mélange de clameurs confuses vint interrompre leur conversation. À la grille d'entrée, on apercevait on groupe de paysans empressés qui semblaient adresser à quelque supériorité locale leurs félicitations et leurs hommages.— Allons donc voir ! dit Arthur en entraînant maître Paquis après lui.

Au milieu du groupe, Arthur, en approchant, aperçut un petit homme qui, d'un air important, semblait donner des conseils ou des remontrances à ceux qui l'entouraient ; c'était le fermier Évon. Il y avait dans sa toilette cette prétention grotesque qui caractérise si bien le ridicule d'un amour-propre enflé, par les circonstances : il portait un habit noir dont les revers rétrécis s'allongeaient en pointe sur la poitrine ; les mèches de ses cheveux grisonnants , ramenées avec soin : sur les tempes, s'arrondissaient suivant la mode antique en ailes de pigeon , et pointaient inégalement sur les larges bords d'un chapeau de feutre gris ; une ceinture tricolore partait de l'épaule pour descendre sur la hanche et rehaussait l'aspect vulgaire de sa personne.

Lorsqu'Arthur Raimbaut s'approcha de lui, à peine l'orgueilleux maire daigna-t-il lui accorder une de ces inclinations de tête qui expriment à la fois le sentiment de la supériorité et du mécontentement contenu. Arthur lui tendit la main en s'inclinant, et acceptant volontiers la position inférieure qu'on lui faisait :— M. le maire, dit-il, ce m'est un grand honneur de vous recevoir aujourd'hui.— Ma présence était nécessaire, dit Guillaume ; les devoirs de ma place m'appelaient ici ; toute fête peut entraîner du désordre, et c'est dans l'intérêt de la tranquillité que je suis venu.

Guillaume avait prononcé ces mots d'un ton fier et avec cette solennité sacramentelle d'un homme que le pouvoir enivre, précisément parce qu'il est au-dessous du pouvoir[Par MargotFavard] Le maire apparaît comme une sorte de nouvel aristocrate républicain, imbu de son pouvoir..

Arthur Raimbaut était parvenu à isoler le fermier, et le groupe qui l'environnait s'était dissipé peu à peu. Maître Paquis restait seul, placé entre les deux interlocuteurs, ainsi qu'un conciliateur nécessaire ; il se croyait le point de centre où les intérêts opposés et les passions rivales devaient se fondre ; et fort de lui-même, il adressa librement la parole à Guillaume Évon.— Eh bien ! Guillaume, dit-il (vous me permettrez, à moi votre vieille connaissance, de vous donner ce nom), êtes-vous donc décidé à ne pas faire affaire avec nous ? C'est pourtant là une belle occasion de vous arrondir !— Ne parlons pas de cela, dit Guillaume d'un ton sec. D'ailleurs, je n'ai pas d'argent.— Vrai ! dit Arthur avec une nonchalance affectée ; on me l'avait affirmé sans que je voulusse le croire,

Cette insinuation produisit sur Guillaume un effet qu'il ne dissimula même pas.— Qui vous a dit cela ? murmura-t-il sans se soucier beaucoup de la contradiction qui se manifestait dans ses paroles. Des envieux ! des jaloux ! Un Jacques Poneau[Par MargotFavard] Référence à un personnage dont il est fait rapidement mention, également dans la nouvelle de David "La Bague de Madame la Comtesse", op. cit., p. 408 : "Il ne faisait pas bon, disait-on, de lutter contre la puissance de monsieur le comte. Jacques Poneau traînait depuis deux mois la chaîne du forçat pour avoir chassé sans permission dans les bois de monseigneurs." On ne sait si cette référence est plus générale, mais il n'empêche que J. A. David crée ici la connivence avec le lecteur de ses oeuvres et tisse son auto-intertextualité. David fait de son personnage une nouvelle antonomase, manière d'en faire un caractère, un type, et ainsi d'inscrire son oeuvre et ce personnage dans la culture commune. mon voisin, qui n'a pas seulement de quoi payer les colifichets de sa femme, et veut trancher du grand propriétaire ! Belle caution, ma foi, que celle-là ! Sachez-le bien, messieurs, Guillaume Évon n'est pas encore réduit à la mendicité, et quand il voudra, il trouvera assez de gros sous pour acheter soixante arpents de terre !

En ce moment, une volée de cloche retentissante interrompit la conversation qui commençait à s'échauffer.— C'est le signal du déjeuner, dit Arthur Raimbaut. Allons, monsieur le maire, à demain les affaires sérieuses, aujourd'hui ne songeons qu'au plaisir.

Au rez-de-chaussée du château, des tables étaient dressées sur toute la longueur des appartements, et une foule nombreuse circulait d'une salle dans l'autre, contemplant d'un air avide les apprêts de ce festin quasi royal[Par MargotFavard] On retrouve le tableau de la joie et de l'ivresse des villageois. Le récit avance par ces allers et retours entre des scènes collectives et des scènes de duo (Arthur et le notaire ; Arthur et Guillaume Évon ; puis dans la fin de ce chapitre Arthur et Marguerite).. Les hommes, formés en groupe, et déjà échauffés par les fréquentes libations de la journée, laissaient échapper leur joie en rires bruyants et en exclamations de toute nature ; les femmes, toujours plus modestes et plus retenues, causaient entre elles à voix basse, et à l'expression oblique de leurs regards, au mouvement mystérieux de leurs lèvres, il était aisé de voir que la médisance et la jalousie avaient une assez large part dans ce club féminin[Par MargotFavard] Portrait topique de la nature féminine, il va permettre d'en distinguer Mme Évon.. Une femme, entre autres, attirait l'attention générale, et concentrait sur elle tous les yeux comme les rayons convergents d'un prisme ; c'était madame Évon. Debout dans l'embrasure d'une croisée, elle semblait assister à la fête comme à un spectacle indifférent ; son beau front accusait cette préoccupation rêveuse d'une âme qui, se trouvant isolée au milieu de la foule, et perdue dans un désert tumultueux, cherche vainement un appui où se prendre. À quelques pas d'elle, Henri, seul et pensif, la contemplait en silence, comme un enfant distrait qui s'occupe à suivre dans l'espace le tableau mouvant du kaléidoscope céleste, et qui croit entendre au loin les sons affaiblis d'une musique inconnue. La toilette de madame Évon n'était remarquable que par sa simplicité ; elle portait la robe noire de la veillée, et n'eussent été le bas blanc et le petit soulier qui dessinait la forme effilée du pied et la chute arrondie de la jambe, on aurait pu croire qu'elle était venue au château sans aucune arrière-pensée de coquetterie[Par MargotFavard] C'est ce qui fait toute sa différence avec le prochain personnage féminin essentiel du roman (qui apparaît dans le tome 2) : Mme De Noï, le type même de la coquette. La différence de caractère des deux femmes est illustrée par celle de leurs mises., et en femme qui craint d'afficher un luxe déplacé au milieu d'une assemblée indigne d'elle.

Lorsque Guillaume Évon entra dans la salle à manger, la fanfare du premier étage entonna avec on redoublement de vigueur cet air fameux qui nous rappelle tant de souvenirs différents : Où peut-on être mieux qu'au sein de sa famille [Par MargotFavard] Si cette chanson rappelle « tant de souvenirs différents », c’est qu’elle est d’abord un des airs de l’opéra Lucile créé en 1769 par le parolier Jean-François Marmontel et le compositeur liégeois André Grétry. Ce dernier, ami de Voltaire, fut successivement directeur de musique de Marie-Antoinette avant de devenir le protégé de Napoléon. La chanson connaît de semblables revirements : air d’un opéra d’Ancien Régime, elle est reprise régulièrement parmi les rangs de la Grande Armée napoléonienne avant de devenir durant la Première et la Seconde Restauration un hymne national non officiel joué en présence de la famille royale. Ici l'hymne est joué pour le maire Guillaume Évon qui le prend comme un honneur royal.; une orgueilleuse satisfaction rayonna sur la figure du dignitaire villageois, qui, pour la première fois, adressa la parole à Arthur sans trop de morgue et de froideur.— Oh ! vraiment, dit-il, vous me faites, trop d'honneur !— Vous voyez bien, dit celui-ci en faisant allusion, sans doute, au sobriquet d'homme de la Bande Noire qu'on ajoutait à son nom ; vous voyez que nous ne sommes pas si diables qu'on nous fait noirs[Par MargotFavard] Arthur fait un jeu de mot qui mêle la rumeur qui l'entoure et la Bande noire. ! Nous savons respecter ce qui est respectable !

En disant ces mots, Arthur tourna la tête dans la direction où il avait aperçu madame Évon, et la salua discrètement du regard.

Que si nous avions à cœur de déployer les richesses descriptives de notre style[Par MargotFavard] Paragraphe métanarratif, par une longue métalepse le narrateur joue de son habileté de romancier et joue avec les clichés de la description réaliste., l'occasion ne nous manquerait pas en ce moment ; nous pourrions, entassant les épithètes sur les épithètes et les images sur les images, vous faire asseoir avec nous[Par MargotFavard] Le narrateur, ici presque homodiégétique, fait la promesse d'une immersion dans la fiction grâce à ses talents. Ce passage use un peu de la prétérition ou fonctionne rétrospectivement puisque nous avons lu plus haut la description du bal. à toutes ces tables d'un aspect si étrange, et vous promener à travers ce rout d'une nouvelle espèce, où le bruit des verres se mêlait au bruit de deux cents voix glapissantes. Les malins propos, les commentaires bavards, les gaudrioles salées, nous vous raconterions tout cela ! Et les clignements d'yeux des jeunes filles, et l'audace croissante des garçons, et le choc des intérêts, des amours-propres, des passions en contact, et cet inévitable crescendo[Par MargotFavard] Crescendo : terme de musique, emprunté à l'italien, signifie : en augmentant le son. d'un dîner qui, calme et reposé d'abord, se fait bientôt incandescent et tumultueux, et s'absorbe triomphalement en un tutti[Par MargotFavard] Tutti : terme de musique, emprunté à l'italien : phrase musicale jouée par tous les instruments de l'orchestre. universel, que la rougeur des figures et l'animation des gestes semblent accompagner, pareils aux cadences d'une pantomime expressive se mariant aux modulations d'un vigoureux orchestre. Certes, un pareil tableau ne serait dénué ni d'intérêt, ni de nouveauté ; les plaisirs du peuple ont ceci de remarquable, que leur naïveté les sauve du ridicule[Par MargotFavard] La naïveté du peuple est à nouveau signalée comme un objet d'éloge. ; il n'y a que les petits esprits pour rire des instincts naturels et sincères.

Madame Évon était placée au bout d'une table, et la noblesse de ses traits contrastait avec les physionomies grossières qui l'encadraient ; selon sa coutume, elle parlait peu et se repliait en elle-même, comme si elle eût craint de trahir par des signes extérieurs le fond de sa pensée ; quelquefois seulement, son regard inquiet plongeait dans la foule rieuse, mais aussitôt qu'un regard étranger avait rencontré le sien, elle baissait la tête pour échapper à cette investigation jalouse dont elle se sentait l'objet. Vers la fin du diner, au moment où tous les convives échauffés et subissant la fascination de la table s'absorbaient entièrement en une personnalité bavarde, elle aperçut une main qui glissait rapidement auprès d'elle un papier roulé, et assez semblable à la feuille d'une rose desséchée au soleil ; elle tourna vivement la tête et n'aperçut autour d'elle que des visages tout entiers à leurs plaisirs. Une vive rougeur avait coloré ses joues, et un tressaillement électrique avait fait vibrer les cordes[Par MargotFavard] L'émotion de l'âme se peint sur le visage de Mme Évon, entre musique et électricité. Si le mystère ne sera levé que bien plus tard, l'apparition du billet et les réactions qu'il provoque esquissent une scène topique de surprise amoureuse grâce à l'analogie avec la rose et la comparaison de l'oiseau pris dans des rets. les plus cachées de son âme. D'abord, comme un oiseau effarouché qui craint les embûches des panneauteurs[Par MargotFavard] Panneauteur : celui qui braconne avec des panneaux (au sens de filet pour prendre des bêtes). Du verbe "panneauter" : terme de chasse, tendre des panneaux pour prendre des lapins, des cerfs, des daims. On ne peut s'empêcher de penser au contexte braconnier de la nouvelle de 1836, "La Bague de Madame la Comtesse"., sa tête oscilla dans tous les sens et son corps se rejeta en arrière, ainsi qu'à la vue de quelque dangereuse amorce ; longtemps par un mouvement alternatif de curiosité et de faiblesse, sa main avança et recula tour à tour sur la nappe damassée, on eût dit que ses doigts interrogeaient les touches douteuses d'un clavier, et qu'elle essayait d'en deviner d'avance la secrète harmonie. À la fin, pourtant, elle se décida, et posant sa main sur le papier mystérieux[Par MargotFavard] Ce "papier mystérieux" est un nouveau secret essentiel créé dans ce chapitre riche d'avancées narratives., elle l'attira rapidement et demeura quelques instants immobile, de même qu'un écolier qui, tout palpitant de l'émotion d'un larcin furtif, tremble et ferme les yeux pour ne pas voir le danger qui le menace.

Depuis ce moment, la préoccupation de madame Évon devint plus intense, et à sa distraction ordinaire se mêla une vive agitation fiévreuse. À la fin du dîner, et après avoir regardé une dernière fois autour d'elle, elle s'échappa et traversa silencieusement la foule.

Le parc était illuminé, et à travers les branches rabougries des arbres, des guirlandes de feux projetaient leur clarté scintillante ; quand elle fut assez éloignée du château, elle déroula en tremblant le billet déjà froissé par les crispations de ses doigts, et elle y déchiffra ces quelques mots tracés au crayon :

« Vous êtes au bord d'un abîme, prenez garde d'y tomber.[Par MargotFavard] Le chapitre se ferme ainsi sur un dernier mystère : l'identité de l'émetteur du billet. Mme Évon gagne résolument en importance narrative. Par ailleurs, dans ce chapitre, par le double mystère (de l'identité de l'acheteur et de l'auteur du billet) se met en place, discrètement, le croisement de l'intrigue spéculative et de l'intrigue amoureuse. »


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