Corpus Causes secretes de la Revolution

Division 19 : un homme digne de confiance

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Oui, à mesure que je descends dans ma conscience et que je l’examine, je sens mon cœur soulagé, en me convainquant de plus en plus de mon innocence. Je le sens avec toute la force d’une âme neuve, qui a bien mérité, qui a eu le courage de faire son devoirVilate dresse son autoportrait moral dont toutes les qualités suggèrent son innocence. Il n'a fait que ce qu'il avait été obligé de faire et qui prenait la forme d'un devoir. ; je suis digne de la liberté et de la jouissance des dispositions douces, humaines, justes et républicaines avec lesquelles la convention va enfin assurer le bonheur des Français.

La détention d’un citoyen opprimé est une calamité publiqueVilate use d’une hyperbole : une calamité est une grave infortune personnelle, mais le fait qu’il utilise l’adjectif « publique » pour la qualifier est une manière pour l’auteur de rendre coupable son lecteur contemporain car il ne fait rien pour empêcher ce malheur qui atteint le peuple français. Vilate affirme être utile ; ainsi, le maintenir en prison ferait du tort à la société. Il se défend, comme c'est souvent le cas dans le texte, en invoquant l'intérêt général.. Au printemps de mon âge, instruit par le malheur à me défier des hommes, je peux être utile. Je demande à l’être.

J’ai puisé dans mon éducation et ma vie entière des principes de probité, de morale et d’honnêteté. Jaloux de fixer sur mon compte l’opinion publique, je vais prouver succinctement, par quelques détails, que je ne suis point de ces aventuriers inconnusSi Vilate en est arrivé là, ce n'est pas parce qu'il était un intrigant ou chanceux, mais parce qu'il était philanthrope et qu'il aimait son peuple. que le hasard seul favorise dans des temps orageux. Avant la révolution je finissais mes études à la ci-devantExpression utilisée fréquemment aux XVIIe et XVIIIe siècle pour désigner des personnes dépossédées de leur état, de leur qualité, de leur titre, notamment lors de la Révolution Française. Ici, l'expression est utilisée devant « université de Bourges » pour dire que cette université n'existe plus. Il utilise également cette expression afin de dire qu'il est du côté des révolutionnaires.université de Bourges. J’ai passé une partie de l’année 1789 à BlodeixBlodeix s'écrit aujourd’hui Blaudeix. C'est un village qui se situe dans le département de la Creuse., chez un de mes oncles paternelsL’auteur ne semble pas vouloir préciser que cet oncle était curé à Blaudeix. En effet, Vilate veille à passer sous silence la partie de sa vie liée à la religion et son intimité avec divers niveaux hiérarchiques de l’ordre religieux, certainement pour éviter de se mettre une partie du peuple à dos. chargé, par tutelle, de l’éducation de six orphelinsVilate va montrer son ascension sociale et professionnelle. Il a commencé sa vie professionnelle en enseignant à des orphelins. Cela montre aussi que dans sa famille sont implantées des valeurs d'entraide et de charité.. J’étais l’aîné de ses pupilles. Un de mes frères est mort aux frontières en combattant les ennemis de la RépubliqueSon frère est mort pour défendre la République et ses valeurs. Vilate, lui aussi, combat les ennemis de la République à sa façon. Nous retrouvons donc l'idée que la famille de Vilate est aux services des autres, en l'occurrence ici, du peuple français.. Le plus jeune, le seul qui me reste, sert encore son pays, par les armes, dans un grade très-inférieur ; du moins j’aime à le croire, quoique depuis quatre mois je n’aie reçu de ses nouvelles. Notre père a quitté la vie à la fleur de son âge, nous laissant une fortune médiocre. Il était habile dans l’art de guérirIl donne encore une fois l'image d'une famille qui est au service des autres.. Une lettre honnête, du principal du collège de Guéret, m’invite avec instance à accepter la place d’une des écoles inférieuresC'est une école pour les pauvres. Vilate montre donc qu'il n'appartient pas à une élite sociale, à une aristocratie. C'est un intellectuel, mais avant tout, un homme du peuple.. Je cède à ses désirs. En 1791, époque où le serment des prêtres fit déserter les instituteurs des maisons d’éducation, les administrateurs du département de la Haute-Vienne me nommèrent professeur de seconde au collège de Limoges. Je fus installé au milieu des baïonnettesUne baïonnette est une arme typique de la révolution. Vilate montre qu'au moment où certaines personnes ont cessé de se rendre utile, il a pris des responsabilités.. En 1792, je suis appelé à Saint-GautierL’auteur ne précise pas que, durant son périple en Indre, il a été vicaire à Argenton. On peut supposer qu'il omet volontairement cette information de la même manière qu'il a tu l'activité de curé de son oncle., département de l’Indre, pour y professer la rhétoriqueIl enseignait la rhétorique à une classe de l'enseignement secondaire. Vilate montre ici qu'on lui demandait chaque fois d'enseigner à des classes supérieures. Il témoigne de son ascension sociale. ; enfin, passionné pour la révolution, et enclin pour les connaissances de la médecine, je suis venu à Paris prendre les leçons des plus habiles maîtres ; je me suis trouvé lié, par mes idées, par ma vie pure et sans tache, avec les hommes dont la Révolution a fait plus ou moins la célébrité. On ne verra dans tout ce que j’ai écrit autre chose qu’un amour brûlant de la patrie , et un attachement sans bornes aux principes philanthropiques ; (1) je suis muni des meilleures attestations ; j’ai emporté partout les regrets et l’estime des gens de bien.

(1) Que l’on consulte plusieurs manuscrits renfermés dans mon secrétaire, mon adresse au nom des sans-culottes méridionaux ; un petit ouvrage intitulé, De nos Maux et des remèdes qu’il faut y apporter, imprimé en frimaire l’an 2Ouvrage publié par Vilate le 6 septembre 1793 et imprimé sur ordre du Comité de salut public de la Convention nationale. ; un plan d’éducation républicaine dont la convention nationale a agréé l’hommage, le 10 décembre 1792Ouvrage écrit par Vilate qui n'a pas été conservé., par l’organe de Jean Bon Saint-AndréJean Bon Saint-André, né le 25 février 1749 et mort le 10 décembre 1813, était un pasteur et homme politique. Il était député à la Convention nationale en 1792. Le 10 juillet 1793 il rentra au Comité de Salut public. Il fut aussi président de la Convention du 10 juillet au 27 juillet 1793., alors secrétaire ; mention honorable en a été décrétée.


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