B
Lettrine B : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k8630604m/f69.item.texteImage
BABEL[Par Léa Damoiseau] L’ensemble de la lettre « B » parut initialement dans Le Charivari, du 14 juillet au 22 septembre 1869, selon la chronologie et la répartition suivantes : 14 juillet (« Babel-Baïonnette »), 17 juillet (« Baisement-Ballon »), 23 juillet (« Ballotage-Barricades »), 29 juillet (« Bastille-Bénédictin »), 12 août (« Berger-Bière »), 18 août (« Bifurcation-Bonheur »), 10 septembre (« Boni-Boulet »), 14 septembre (« Bourgeois-Bravache »), 22 septembre (« Brigadier-Buffet »). En 1873, deux tranches complémentaires parurent dans Le Charivari, en vue de l’édition en volume : le 25 janvier, « Anémie-Bégueule », et, le 31 janvier, « Bénéfice-Brouillard ». Disparaît dans cette édition l’entrée suivante, parue dans la tranche du 23 juillet 1869 : « Bannière — La patrie en calicot » [sans doute parce que la teneur en est reprise dans l’entrée « Drapeau »]. Les variantes entre ces différentes parutions seront indiquées au fil du texte. (tour de) — Ancien édifice avec les pierres duquel on a construit au bout du pont de la Concorde un monument très-laid[Par Nathalie Preiss] Allusion critique à l’Assemblée nationale, sise au Palais Bourbon, place de la Concorde, par un jeu antiphrastique sur « concorde », puisque, dans l’Ancien Testament, la destruction par Yahvé de la tour de Babel, érigée par les hommes parlant tous la même langue, entraîne la multiplication et la confusion de toutes les langues (voir la note associée à ce mot dans la Préface et l’entrée suivante)..
BABIL (tour de) — La Chambre de Versailles.[Par Léa Damoiseau] Par l’assimilation entre Babel et babil, critique des débats bavards et confus à l’Assemblée nationale qui, à partir du 20 mars 1871, jusqu’en 1875, siègera à Versailles. Cette entrée, bien entendu, ne figure pas dans la version initiale de la tranche alphabétique « Avilissement-Baïonnette », parue dans Le Charivari du 14 juillet 1869, et apparaît dans la tranche complémentaire du 25 janvier 1873, en vue de l’édition en volume.
BACHELIER — Citoyen tout heureux d'avoir reçu son bon à tirer... le diable par la queue.[Par Léa Damoiseau] Jeu sur « bon à tirer », formule par laquelle un auteur autorise l’imprimeur à publier les dernières épreuves de son ouvrage, et l’expression « tirer le diable par la queue », avoir peu de ressources : le baccalauréat est conçu comme un diplôme pour une pauvreté assurée !
BADAUD — Une ! deux ! trois ! Regardons-nous tous ensemble dans la glace.
BADIGEON — C'est Chose qui appelle les vieilles fardées de la peinture sur mûres.[Par Nathalie Preiss] Badigeon, tel est le nom du peintre de la série caricaturale de Gustave Doré (qui avait commencé à quinze ans, en 1847, sa carrière dans Le Charivari), publiée chez Aubert, l’éditeur du Charivari, en 1850 : Trois Artistes incompris et mécontens (le deuxième étant Sombremine, auteur dramatique, et le troisième, Tartarini, violoniste et compositeur !). Le calembour n’apparaît pas dans cette série et il semble bien que « Chose », en l’occurrence, soit Pierre Véron lui-même qui, sous l’un de ses pseudonymes, Jean Ralph, le reprendra dans les « Échos du palais » du Charivari du 27 juillet 1885. Cette entrée apparaît dans la tranche complémentaire du 25 janvier 1873, en vue de l’édition en volume.
BAGNE — Endroit ou l'on rôtit le boulet.[Par Léa Damoiseau] Par un jeu de mots sur « balai » et « boulet », attaché à la cheville du bagnard, renouvellement de l’expression « rôtir le balai », qui signifie « être dans la pauvreté », car l’on fait chauffer le balai pour obtenir de la chaleur. Cette version apparaît dans la tranche complémentaire du 25 janvier 1873, en vue de l’édition en volume ; la version du 14 juillet 1869 s’en tenait à: « Duo où l’un chante faux… et l’autre vole ou assassine ».
BAIL — Recette infaillible pour se donner envie de déménager.
BAILLEUR (de fonds) — Le monsieur qui crache pendant que le gérant fume.[Par Léa Damoiseau et Nathalie Preiss] Jusqu’en mai 1870, date de sa suppression, existait pour les journaux le principe du cautionnement, somme réservée, qui, en cas d’amende, n’était pas versée par le gérant, mais par un tiers qui devait donc, selon le sens argotique, « cracher » à sa place. Si cette entrée, parue dans la tranche alphabétique correspondante du 14 juillet 1869, est conservée dans l’édition de 1874, c’est que la loi sur la presse du 6 juillet 1871 avait rétabli le principe du cautionnement (voir Christian Delporte, « La Liberté de la presse, par Alfred Le Petit », Parlement[s], Revue d’histoire politique, 2014/3, n° 22. En ligne sur Cairn : https://www.cairn.info/revue-parlements2-2014-3-page-145.htm).
BAILLON — Petit objet qu'on met, à ce qu'il paraît, sur la bouche de la presse pour lui apprendre à mieux parler.[Par Léa Damoiseau et Nathalie Preiss] Entrée parue également dans la tranche alphabétique du 14 juillet 1869, et conservée en 1874 pour la même raison que la précédente (allusion à la loi restrictive et répressive sur la presse du 6 juillet 1871. Voir aussi, sur les différentes lois restrictives, les entrées « Annonciation », « Article », « Muselière »).
BAIONNETTE — Lit de repos de l'ordre.[Par Léa Damoiseau] Allusion critique au rétablissement de l’ordre par la baïonnette Chassepot (voir l’entrée « Accord »).
Nota. — Il s'y empale de temps à autre. (S'adresser pour plus amples renseignements à toutes les conspirations militaires.)
BAISEMENT (de mains) — Cérémonie tombée en désuétude ; les courtisans d aujourd'hui se contentent des pieds.
BAISSIER — Spéculateur qui place les malheurs publics à 10 0/0... et au-dessus.
BAL — Ressemblerait trop souvent à un concours de boucherie, si la réjouissance n'y faisait défaut.
BALADIN — Celui qui obtient toujours les places où il faudrait un calculateur[Par Léa Damoiseau] Variation sur l’une des formules de Figaro dans son célèbre monologue contre le comte Almaviva dans Le Mariage de Figaro de Beaumarchais : « on pense à moi pour une place, mais par malheur j’y étais propre : il fallait un calculateur, c’est un danseur qui l’obtint. » (acte V, scène 3)..
BALAFRE — Comme quoi le sabre signe parfois ses articles.
BALAI — Instrument à l'usage des ménagères et des coups d'État. Dans ce dernier cas, le manche prend quelquefois sa revanche.[Par Léa Damoiseau] Allusion au coup d’État de Napoléon III le 2 décembre 1851 et à sa chute, après la défaite de Sedan, considérée comme un « retour de balai ».
BALANCE — Mon professeur de philosophie nous représentait jadis le libre arbitre sous cette forme. Bien ! mais est-il sûr que nous mettions nous-mêmes les poids dedans ?[Par Nathalie Preiss] Cette entrée et la suivante apparaissent dans la tranche complémentaire du 25 janvier 1873, en vue de l’édition en volume.
BALANÇOIRE — Mal de mer artificiel.
BALCON — Excroissance de pierre qui pousse sur le visage des maisons.[Par Léa Damoiseau] Critique de l’architecture des immeubles haussmanniens qui comportent un grand balcon au second étage (voir aussi les entrées « Artères » et « Assainissement »).
BALEINE (poisson) — Anachronisme à nageoires.[Par Léa Damoiseau] Allusion à l’épisode de l’Ancien Testament où le prophète Jonas est avalé par une baleine (Livre de Jonas, III).
BALEINE (de corset) — Digue qui a le plus souvent affaire à des marées basses[Par Léa Damoiseau] Métaphore maritime née de l’allusion précédente et jeu sur la polysémie de « baleine », au service d’une satire récurrente de la maigreur des femmes du temps (voir les entrées « Appas », « Corset », « Coton », « Maigreur », « Sein »)..
BALLE — La plus pénétrante des objections.[Par Nathalie Preiss] Version apparue dans la tranche complémentaire du 25 janvier 1873, en vue de l’édition en volume ; la version initiale, parue dans Le Charivari du 17 juillet 1869, allait presque droit au but : « Argument de plomb à l’usage de la dialectique des princes » !
BALLET — L'opéra des sourds.
BALLON — Quel emblème de certains potentats !... C'est gros, c'est creux et ça ne sait pas se diriger.[Par Léa Damoiseau] [hyperlien caricature]
BALLOTTAGE — Où le suffrage universel demande à refaire... mais non à être refait.
BANDEAU — Il paraît que la maladie du mariage est bien plus grave que la maladie de l'amour. L'amour, en effet, ne porte qu'un bandeau ; le mariage une écharpe.[Par Léa Damoiseau] Métaphore satirique fondée sur l’expression « porter le bras en écharpe » (à la suite d’une fracture ou blessure), revivifiée par l’allusion à l’écharpe portée par le maire ou son représentant, lors de la célébration d’un mariage, alors que l’Amour, Eros, ne porte, quant à lui, qu’un bandeau sur les yeux, symbole de son aveuglement.
BANNISSEMENT — La mort en détail.
BANQUE — Satanée idée d'avoir mis ce mot-ci tout entier dans celui qui suit !
BANQUEROUTE — Banque... route... Cela veut-il dire que c'est le plus court moyen de faire son chemin dans la banque ?[Par Léa Damoiseau] Jeu de mots sur ce qui désigne alors la faillite frauduleuse.
BANQUET — Repas de corps qui est rarement un repas d'esprit.[Par Léa Damoiseau] Jeu de mots fondé sur la polysémie de « corps », puisque, dans le vocabulaire militaire, le repas de corps désigne le repas d’un corps d’armée, d’un régiment.
BAPTÊME — Enrôlement involontaire.
BAPTISER — Faire pour l'Église un contribuable de plus.
BARBARES — Pourquoi les appeler ainsi ? Ils n'avaient pourtant pas inventé la poudre[Par Léa Damoiseau] Renouvellement de cliché par référence à la poudre de fusil, puisque la version initiale du Charivari du 23 juillet 1869 comportait cette variante : « […] ils n’avaient pourtant pas inventé les chassepots » (voir l’entrée « Accord »), mais aussi, dans cette version, allusion à la poudre de canon, après la guerre franco-prussienne, de nouveau vilipendée (voir les entrées « Assaut »,« Boucherie », « Carnage »)..
BARBOUILLEUR — Mes confrères
(Un peintre quelconque.)[Par Nathalie Preiss] Cette entrée apparaît dans la tranche complémentaire du 25 janvier 1873, en vue de l'édition en volume.
BARÈME — L'art d'aimer du quartier Bréda.[Par Léa Damoiseau] En guise d’Art d’aimer à la manière d’Ovide, le barème (du nom du mathématicien Barrême), ouvrage d’arithmétique et répertoire de calculs tout faits, convient aux femmes entretenues aux amours tarifées du quartier Bréda, situé aux alentours de Notre-Dame-de-Lorette à Paris, d’où leur nom de « lorettes » (voir la note de la Préface au mot « gommeuses »). Cette entrée apparaît dans la tranche complémentaire du 25 janvier 1873, en vue de l’édition en volume
BAROMÈTRE — On lui en veut quand il prédit l'orage. C'est comme les souverains avec la presse.
BARREAU — Substantif qui sert tour à tour à défendre les criminels contre la prison et la prison contre les criminels.[Par Léa Damoiseau] Jeu sur le barreau devant lequel plaide l’avocat (d’où, par métonymie, le « barreau » pour l’ensemble des avocats) et le barreau de la prison. Cette entrée a été ajoutée dans les éditions de 1873 et 1874.
BARRICADE — Endroit où les tyrans s'étonnent toujours de retrouver en tas les pierres qu'ils ont jetées dans le jardin de leurs sujets.
BAS-BLEU — Conscrite qui aspire à devenir maréchale d'Encre[Par Léa Damoiseau] Calembour sur le titre de la pièce de Vigny, La Maréchale d'Ancre (1831), le Bas-bleu (traduction de « blue-stocking », appellatif appliqué à un homme), désignant plaisamment, à partir de 1840, les femmes ayant des prétentions littéraires, voire toute femme-auteur: Daumier leur consacrera une série de 40 planches, parue dans Le Charivari, du 30 janvier au 7 août 1844. Cette entrée apparaît dans la tranche complémentaire du 25 janvier 1873, en vue de l'édition en volume..
BASSINOIRE — Soleil de lit.[Par Léa Damoiseau] Paronomase plaisante avec « ciel de lit » (situé au-dessus du lit), puisque cet instrument contenant des braises est destiné à réchauffer l'intérieur du lit. Cette entrée apparaît dans la tranche complémentaire du 25 janvier 1873, en vue de l'édition en volume.
BASTILLE —
À mon beau château,L'on y râle, l'on y râle !...
(Vieille ronde du bon temps.)[Par Léa Damoiseau] En lien avec ce symbole de l'Ancien Régime qu'est la prison de la Bastille, parodie sombre du refrain d'une chanson française du XVIIIe siècle : « Ah, mon beau château/L'on y danse, l'on y danse ».
BASTONNADE — Le grand pan ! pan ![Par Léa Damoiseau] Jeu sur l'onomatopée et l'épithète « le grand Pan », appliquée, dans la mythologie grecque, à Pan, dieu du Tout. Cette entrée apparaît dans la tranche complémentaire du 25 janvier 1873, en vue de l'édition en volume.
BATAILLE — Façon dont les princes lavent leur linge sale dans le sang.
BÂTARD — Ouvrage repoussé par la commission de l'estampille matrimoniale.
BATEAU — Procédé flottant pour parqueter les rivières.
BATISSE — Que c'est comme un bouquet de fleurs... dont l'empire offrait les épines aux contribuables.[Par Léa Damoiseau] Poursuite de la critique des grands travaux du baron Haussmann à Paris (voir les entrées « Artères », « Assainissement », « Avenue »), qui avaient engendré des dépenses colossales. La version initiale parue dans Le Charivari du 29 juillet 1869 ne laisse aucun doute à ce sujet puisque « M. Haussmann » occupe la place de « l’empire » !
BÂTON (de maréchal) — Ce que chaque soldat finirait par trouver dans sa giberne, si le plus souvent en cherchant il ne perdait pas la tête... et le reste.[Par Léa Damoiseau] Critique de la guerre dès 1869 (cette entrée paraît dans la tranche alphabétique correspondante du 29 juillet 1869), qui prend toute sa dimension dans cette édition de 1874, à la suite de la guerre franco-prussienne (voir aussi les entrées « Assaut », « Carnage », « Gloire »…).
BATTOIR — Ce que Hyacinthe a dans ses gants[Par Léa Damoiseau] L'acteur Louis-Hyacinthe Duflost, dit Hyacinthe (1814-1887), avait de très grandes mains, de véritables « battoirs »..
BAVARD — Moulin à son.[Par Nathalie Preiss] Entrée apparue dans la tranche complémentaire du 25 janvier 1873, en vue de l'édition en volume.
BAVER — Faire de la polémique.
(Plusieurs de ces messieurs.)[Par Nathalie Preiss] Dans la version initiale, parue dans Le Charivari du 29 juillet 1869, il y avait attaque ad hominem puisque la parenthèse indiquait un seul de ces messieurs: « Louis Veuillot », ultramontain, directeur de L'Univers, cible récurrente du Charivari et du dictionnaire (voir les entrées « Abêtir », « Ultramontain », « Univers (Journal) »).
BEAUTÉ — Une propriété qui rapporterait crânement[Par Nathalie Preiss] Dans l'argot des lorettes, l'équivalent de « sacrément ». L'adverbe est dérivé de l'adjectif « crâne », au sens de « beau »: dans la série de Gavarni publiée dans Le Charivari, Les Débardeurs, deux lorettes en carnaval, déguisées en débardeurs, commentent ironiquement le spectacle du bal de l'Opéra ainsi : « — Y en-t-i des femmes, y en a -t-i'... Et quand on pense que tout ça mange tous les jours que Dieu fait ! C'est ça qui donne une crâne idée de l'homme ! »(Le Charivari, 30 mai 1840)., sans les réparations locatives.
(Mlle Chose.)
BÊCHE — Notre maréchal-des-logis pour le dernier voyage.[Par Léa Damoiseau] Parce que, dans l'armée, le maréchal des logis organise le déplacement et le campement (en l'occurrence définitif) des troupes.
BEDAINE — Qu'est-ce qu'en doivent penser les gens qui meurent de faim ?
BÉGAYER — Tituber de la langue.
BÉGUEULE — Fanfaronne de vertu.[Par Nathalie Preiss] Entrée apparue dans la tranche complémentaire du 25 janvier 1873, en vue de l'édition en volume.
BELLE-MÈRE — La caricature de la maternité... à la manière noire.[Par Léa Damoiseau et Nathalie Preiss] La belle-mère est souvent caricaturée en mauvaise mère, en marâtre, d’où un jeu ici sur le double sens du mot « noir », la « manière noire » désignant une technique de gravure en creux (que peut utiliser la caricature), qui consiste, avant de dessiner un motif, à produire des hachures très serrées sur le support, d’où un fond noir qui permet ensuite de rendre toutes les nuances de lumière souhaitées.
BÉNÉDICTIN — Liquoriste de Dieu.[Par Léa Damoiseau] Parce que les moines bénédictins, pour subvenir à leurs besoins, fabriquent et vendent une liqueur, appelée pour cette raison la « Bénédictine ».
BÉNÉFICE — Le grand ressort des consciences modernes[Par Nathalie Preiss] Entrée apparue dans la tranche complémentaire du 31 janvier 1873, en vue de l’édition en volume..
BENZINE — L'absolution des collets d'habit, comme l'absolution est la benzine des âmes[Par Léa Damoiseau] Nouvelle satire anticléricale puisque la benzine est un détachant en vogue à l’époque : Le Charivari faisait alors la réclame pour la Benzine Collas (voir aussi l’entrée « Tache »). Entrée apparue dans la tranche complémentaire du 31 janvier 1873, en vue de l’édition en volume, comme la suivante..
BERCEAU — Le bourgeon de l'homme.
BERGER — Comme les peuples font toujours de moutons de Panurge, la poésie aime à donner ce nom aux souverains. Dommage que ces pasteurs-là aiment tant les côtelettes.
BERGÈRE — Une fossile de la romance, dont on ne retrouve de traces que quand il faut rimer avec fougère.
BÊTISE — On ne saurait croire à quel point, avec un habit brodé, cela impose à certaines gens.
BIBERON — Dévouement maternel avec un bout en caoutchouc.
BIBLE — Si jamais ceux qui l'ont écrite se sont doutés de ce qu'on trouverait dedans...!
BIBLIOMANE — L'hystérique du bouquin.[Par Léa Damoiseau] Selon Charles Nodier, dans « L’amateur de livres » (Les Français peints par eux-mêmes, 1841), le bibliomane « pèse » et « entasse » pathologiquement les livres sans les apprécier, à la différence du bibliophile. En quelque sorte, le bibliomane est au bibliophile ce qu’est la fièvre à la ferveur.
BIBLIOTHÉCAIRE — Le pion des livres.
BICHE — Femelle du cerf, a dit Buffon... — Par les cornes, ajoute Gavroche, quand il voit passer ces dames[Par Léa Damoiseau] Parce que, synonyme de femme légère (voir la note de la Préface associée au mot « gommeuses »), la « biche », dans l’argot de Gavroche, le gamin de Paris des Misérables de Hugo, est susceptible « de faire cocu, de faire des cornes à », en l’occurrence, de rendre cocues les femmes légitimes..
BIENFAIT — N 'est jamais perdu... pour celui qui le reçoit.
BIENTÔT — Adverbe de consolation à l'usage des opprimés.
BIÈRE — Une invasion en tonneaux dont Dreher est le Blücher[Par Léa Damoiseau] Fils du maître brasseur Anton Dreher senior (1810-1863), Anton Dreher junior favorisa à partir de 1870 l'exportation de la bière paternelle qui s'intronisa en France à l'occasion de la guerre franco-prussienne de 1870, d'où l'assimilation avec le général prussien Blücher, vainqueur de Napoléon à Waterloo (1815)..
BIERRE — C'est peut-être ça qui fait que je ne me suis jamais senti de goût pour les planches.[Par Léa Damoiseau et Apolline Gautier] Jeu de mots sur les planches du cercueil (la bierre, orthographiée néanmoins dans la version du 12 août 1869, « Bière ») et les planches du théâtre.
BIFURCATION — Point où l'aiguilleur Fortoul fit dérailler jadis le train universitaire. On a oublié d'y élever un monument expiatoire[Par Léa Damoiseau et Nathalie Preiss] Hippolyte Fortoul (1811-1856), ministre de l'Instruction publique de Napoléon III, fut à l'origine de la « bifurcation des études », qui devait perdurer, en créant, à partir de la classe de quatrième, deux sections distinctes : la section littéraire et la section scientifique. .
BIGAMIE — Ce qu'on peut appeler une idée biscornue[Par Léa Damoiseau] Jeu sur « faire des cornes à, rendre cocu », la bigamie désignant ici celle de la femme ou de l'homme adultère (voir, supra, l'entrée « Biche » et, infra, l'entrée « Cornes »). .
BIGOTERIE — Faux en religion publique.
BIJOUX — Du temps d'Ève, c'étaient des pommes ; maintenant ce sont des poires... en diamants[Par Léa Damoiseau] Jeu sur le « diamant poire » qui désigne une taille de diamant fantaisie (variante de la taille brillant), en forme de goutte d'eau. .
BILLETS DOUX — Feuilles de l'arbre de l'amour. Elles jaunissent avec le mariage[Par Léa Damoiseau] En lien avec la tentation tout à la fois d’Ève et des « filles d’Ève », attirées par les bijoux, évoquée précédemment, allusion au cocuage (le jaune étant la couleur des cocus. Voir les entrées « Jaune » et « Jaunisse »), pourvoyeur de billets doux entre amants. Cette entrée apparaît dans la tranche complémentaire du 31 janvier 1873, en vue de l’édition en volume, comme la suivante..
BINOCLE — Des lunettes qui n'avouent pas[Par Léa Damoiseau] Parce que le binocle, à la différence des lunettes, ne comporte par de branches et est donc facilement escamotable..
BIOGRAPHE — À l'instar des photographes, celui qui fait le plus ressemblant défigure toujours un peu.
BISSEXTILE — Année à rallonges.
BIVOUAC — L'alcôve de la guerre.[Par Nathalie Preiss] Entrée qui apparaît dans la tranche complémentaire du 31 janvier 1873, en vue de l’édition en volume, après la guerre franco-prussienne de 1870-1871.
BLAGUE. — Nom donné aux vessies dans lesquelles on met le tabac et à celles qu'on veut nous faire prendre pour des lanternes[Par Nathalie Preiss] Emprunté au vocabulaire militaire, le terme s’inscrit dans la langue en 1809. Sur le modèle de la blague à tabac du soldat (en peau de vessie de porc), la blague désigne une plaisanterie trompeuse, fondée non sur le couple mensonge-vérité, mais sur le couple plein-vide (elle est l’équivalent du « puff » anglais qui fait « paf »), et relève de la hâblerie, du boniment : elle fait bien prendre des « vessies pour des lanternes ». Le blagueur, c’est le banquiste, le hâbleur, le fanfaron, qui cache moins la présence de malversations inavouables qu’il n’exhibe l’absence de fonds improbables et trouve sa pleine expression dans le type de Robert-Macaire : à partir du personnage campé par Frédérick Lemaître dans le mélodrame L’Auberge des Adrets qui s’épanouit dans la pièce Robert Macaire (1835), il envahit la caricature, les études de mœurs, la littérature (voir les entrées « Actionnaire », « Chiper », « Poche ») car la blague engage une remise en cause de la représentation, fondée sur la tradition de la mimesis, et se trouve donc au cœur de l’œuvre de Balzac, de Flaubert ou des Goncourt (voir, dans la bibliographie, Pour de rire ! La blague au XIXe siècle ou la représentation en question)..
BLANC — BLANCHIR —
[Accolade]
Hein ! madame, si à un certain âge le visage pouvait troquer avec les cheveux ![Par Nathalie Preiss] Cette entrée et les suivantes, jusqu’à « Bombardement » comprise, apparaissent dans la tranche complémentaire du 31 janvier 1873, en vue de l’édition en volume.
BLANCHISSEUSE — Blanchit mes rideaux... après les avoir fait rougir[Par Léa Damoiseau] En raison des scènes « libres » entre le célibataire et la blanchisseuse, dont les rideaux, censés les cacher, rougissent de honte ou de plaisir..
(Un célibataire.)
BLASON — Étude des fossiles.
BLASPHÉMER — Marcher sur un pied qui n'existe peut-être pas.
BLOUSE — Pauvres ouvriers ! est-ce parce que vous êtes si faciles à tromper qu'on a inventé le mot blouse ?[Par Léa Damoiseau] Jeu sur l’emploi argotique de « blouser » : « tromper », issu du vocabulaire du billard, où il signifie « prendre au piège » (Lorédan Larchey, Dictionnaire historique d'argot, op. cit.).
BLUET — Du ciel à l'emporte-pièce[Par Léa Damoiseau et Nathalie Preiss] Renouvellement du cliché « à l’emporte pièce » (avec mordant), ce dernier terme désignant une forme en métal que l’on applique sur une surface meuble (le ciel ici), pour y découper ladite forme (en l’occurrence la fleur, couleur ciel : le bleuet)..
BOA — Comme animal, il se nourrit de lapin ; comme fourrure, il se fabrique avec.[Par Léa Damoiseau] Parce que les femmes en entourent leur cou comme elles le feraient d’un serpent boa, le terme désigne en effet une longue écharpe de fourrure (de lapin ! ou autre).
BOBO — Le mal des autres.
BŒUF — Au moins, ça devrait le préserver d'avoir des cornes[Par Léa Damoiseau et Nathalie Preiss] Castré, à la différence du taureau, le bœuf, resté « célibataire » !, ne risque pas de porter de cornes, c’est-à-dire, dans l’argot du gamin de Paris, de se retrouver cocu (voir, supra, les entrées « Biche », « Bigamie », et, infra, « Cornes »). !...
BOMBARDEMENT — Les vraies giboulées... de Mars.[Par Léa Damoiseau et Nathalie Preiss] Allusion au bombardement de Paris par les Prussiens, du 5 au 28 janvier 1871, avec jeu sur « Mars », le dieu romain de la Guerre, qui donne son nom au premier mois du printemps, en raison précisément de la reprise des guerres après l’hiver. Cette entrée, et pour cause, ne figurait pas dans la tranche alphabétique correspondante, parue dans Le Charivari du 18 août 1869.
BONHEUR — C'est comme le Juif errant[Par Léa Damoiseau et Nathalie Preiss] Figure mythique, née au Moyen Âge, le « juif errant », qui n’a pas permis à Jésus Christ de se reposer chez lui, est condamné à marcher éternellement. La figure, qui traverse littérature, caricature, peinture, est l’occasion d’évoquer les vicissitudes de l’humanité ou d’une époque, témoin le célèbre roman d’Eugène Sue, Le Juif errant, paru de 1843 à 1845 dans Le Constitutionnel. Cette entrée et la suivante ont été ajoutées pour l'édition de 1874.; une foule de gens croient l'avoir vu passer, personne n'a pu l'arrêter.
BONHOMIE — Le cœur en robe de chambre.[Par Nathalie Preiss] Cette entrée apparaît dans la tranche complémentaire du 31 janvier 1873, en vue de l'édition en volume,
BONI — Les quelques sous que veut bien réserver aux pauvres diables la munificence des monts-de-piété[Par Apolline Gautier, Léa Damoiseau, Nathalie Preiss] Établissement de crédit créé en faveur des plus pauvres, en 1637, à Paris, le Mont-de-Piété (voir l’entrée à ce mot), qui donna naissance, sous l’impulsion de Louis XIII, à plusieurs autres établissements de ce type, prête sur gages : le débiteur laisse en gage ses biens, en échange d’une certaine somme d’argent et, à l’issue d’une durée déterminée, peut les récupérer moyennant un remboursement du prêt avec intérêts (voir l’entrée « Engagements »). S’il ne peut rembourser, ses biens sont vendus aux enchères et les « boni » représentent la différence excédentaire, qui lui est versée (mais amputée de la somme à rembourser avec les intérêts !), entre le prix de la mise aux enchères et le prix de vente effectif des biens engagés..
BONNE-FORTUNE — On a bien fait, à notre époque, de mettre le mot fortune là-dedans.[Par Nathalie Preiss] Entrée apparue dans la tranche complémentaire du 31 janvier 1873, en vue de l'édition en volume.
BONNET — La grisette étant défunte, il n'en reste plus à jeter par-dessus les moulins... Mais on se rattrape sur les chapeaux[Par Apolline Gautier, Léa Damoiseau, Nathalie Preiss] Dès 1840, la grisette (du nom du tissu de sa robe), jeune couturière qui, dans les études et caricatures de mœurs, de Gavarni notamment, se signale par son élégant bonnet et sa cheville fine, et vit maritalement avec l’étudiant en droit ou en médecine qu’elle entretient plus qu’elle n’est entretenue par lui, entre en concurrence avec la lorette (voir la note de la Préface associée à « gommeuses », et les entrées « Ameublement » et « Meubles »), elle entretenue et peu encline au travail, mais raffolant comme la grisette des chapeaux roses, lors des sorties du dimanche. Et c’est la lorette à chapeau qui, dans la seconde moitié du siècle, semble supplanter la grisette, en dépit, après la Physiologie de la grisette (1841), d'un Paris-grisette (1854), d'où, en 1871, la chanson de Léon Labarre, sur une musique de Charles Malo: La Dernière Grisette..
BORGNE — Un demi d'yeux.[Par Nathalie Preiss] Entrée apparue dans la tranche complémentaire du 31 janvier 1873, en vue de l'édition en volume.
BOSSU — Cardinal laïque... — Comment cela ?... — Parbleu !... son Éminence[Par Apolline Gautier, Léa Damoiseau, Nathalie Preiss] Jeu sur le sens d’« éminence » : parce que l’accès au cardinalat n’est donné qu’exceptionnellement aux laïcs, le titre d’« Éminence » qui lui est associé ne peut venir de sa position élevée dans la hiérarchie ecclésiastique mais d’une autre « élévation », celle d’une bosse (voir aussi l’entrée « Éminence ») ! Possible allusion critique aussi à Giacomo Antonelli qui, diacre et non prêtre, avait été élevé par le pape Pie IX au rang de cardinal en 1847, et, devenu son bras droit, soutenait sa politique conservatrice et sa résistance à la perte de son pouvoir temporel (voir aussi les entrées « Antichrétien » et « Ultramontain »)..
BOUCHE — Comme ce qui y entre vaut mieux que ce qui en sort ![Par Nathalie Preiss] Entrée apparue dans la tranche complémentaire du 31 janvier 1873, en vue de l'édition en volume.
BOUCHERIE — Fabrique de croix d'honneur en plein vent.
(Un tacticien.)
BOUCHON — Le Bartholo de la bouteille... Il la laisse fuir parfois.[Par Nathalie Preiss] Antonomase à partir du nom du personnage du Barbier de Séville de Beaumarchais, vieux barbon qui retient prisonnière sa pupille Rosine, et veut l'épouser, mais la laisse fuir, malgré lui et la surveillance serrée du maître de chant Bazile, dans les bras du comte Almaviva, d'où le titre complet: Le Barbier de Séville ou la Précaution inutile (1775) !
BOUCLIER — Arme qui ne se trouve plus qu'au Musée des métaphores.
BOUDOIR — Petite Bourse.
BOUFFON — Cet emploi est aujourd'hui occupé auprès des princes par des messieurs sérieux et chamarrés de broderies.
BOUGIE — Le travesti du suif.[Par Léa Damoiseau et Apolline Gautier] Remise en cause de la hiérarchie qui s’établit, à partir du début du XIXe siècle, entre la chandelle faite de suif, composé issu de la graisse animale, peu coûteuse et réservée aux plus pauvres, et la bougie, plus chère, qui a l’avantage de ne pas dégager de mauvaises odeurs parce que, depuis l’invention de Chevreul (1825), elle est fabriquée à partir d’une nouvelle substance, la stéarine, issue néanmoins du suif, mais purifié ! Entrée apparue dans la tranche complémentaire du 31 janvier 1873, en vue de l’édition en volume.
BOULET — Argument ad hominem.
BOURGEOIS — Un souverain que le suffrage universel a mis en disponibilité.
BOURREAU — C'est lui qu'on pourrait appeler un exécuteur... testamentaire.[Par Nathalie Preiss] Entrée apparue dans la tranche complémentaire du 31 janvier 1873, en vue de l'édition en volume.
BOURSE — Temple où les colonnes ne sont pas ce qu'il y a de plus grec.[Par Léa Damoiseau et Apolline Gautier] Voulue par Napoléon Ier et conçue en style néo-classique par l’architecte Brongniart, la Bourse de Paris (achevée en 1826), située dans le deuxième arrondissement actuel, a tout du temple grec, mais il y a plus grec que ses colonnes : les spéculateurs véreux qui la fréquentent, puisque, dans l’argot du jeu, un « grec » désigne un tricheur, un floueur.
BOUSSOLE — Instrument que tous les despotes retrouvent, après leur chute, au bureau des objets perdus.
BOUTEILLE — Cours de rhétorique, de un à six francs l'exemplaire.
BOUTIQUIER — Pontife[Par Léa Damoiseau et Apolline Gautier] Dans l’Antiquité, un « pontife » désigne un prêtre, membre des collèges sacerdotaux de Rome, qui officiait sur le pont Sublicius, pont sacré de Rome, d’où, peut-être, son nom (d’après Émile Littré, Dictionnaire de la langue française), puis, dans le monde judéo-chrétien, un haut dignitaire ecclésiastique (ainsi, dans l’église catholique, le pape est qualifié de « souverain pontife »), et, par extension, tout personnage important ou qui fait l’important. du dieu Argent, qui prend son comptoir pour un autel.
BOUTON — Aux habits, ça attache. Sur la figure, c 'est le contraire.[Par Nathalie Preiss] Entrée apparue dans la tranche complémentaire du 31 janvier 1873, en vue de l'édition en volume.
BOUTS-RIMÉS — Jeux de la bêtise et du hasard.[par Léa Damoiseau et Apolline Gautier] Satire de ce jeu de salon, qui consistait à « fabriquer » un poème à partir de rimes données à l’avance, fondée sur la parodie du titre de la comédie de Marivaux, Le Jeu de l'amour et du hasard (1730).
BRACELET — Bague de poignet.
BRACONNIER — Un voleur sympathique... Serait-ce parce qu'il assassine souvent par-dessus le marché ?
BRAILLARD — D'où le composé décembraillard... Souvenez-vous-en[Par Nathalie Preiss] Le néologisme « décembraillard » désigne les partisans de Louis-Napoléon Bonaparte (élu président de la République le 10 décembre 1848), qui avaient formé, en 1849, un « Comité du 10 décembre », en vue d’un coup d’État, qui aura lieu le 2 décembre 1851. Le terme désignera, à partir de 1852, les sectataires de celui qui devient empereur sous le nom de Napoléon III, et Daumier fait de son type Ratapoil un « décembraillard » et un « assommeur » (voir l’entrée à ce mot ). Mais Véron, jouant ici sur le fait que « braillard » en argot s’applique à un enfant criard, met en garde contre le retour du bonapartisme en la personne du fils de Napoléon III, caricaturé par l’illustrateur du dictionnaire, Hadol, dans sa Ménagerie impériale, en serin et qualifié, plus bas, de « serin de proie » (voir l’entrée « Tyran »). !
BRAS — Un gaillard qui en ce monde a fait passer de bien vilains quarts d'heure à la pensée.
BRASSERIES — Revanche d'Iéna. Ces Allemands sont sans pitié.[Par Léa Damoiseau et Apolline Gautier] Allusion satirique à la multiplication des brasseries à Paris, liée à l'exportation de la bière allemande (voir, supra, l’entrée « Bière »), favorisée par l’occupation prussienne, et vue ici comme une revanche allemande contre la victoire de Napoléon Ier sur la Prusse, à Iéna, le 14 octobre 1806.
BRAVACHE — Une lame qui a toujours l'air de vouloir sortir du fourreau... L'air seulement.
BRETELLES — Des sous-pieds dans l'autre sens[Par Léa Damoiseau et Nathalie Preiss] Parce qu’à la différence des bretelles, qui retiennent les pantalons par le haut, les sous-pieds, bandes élastiques cousues au bas du pantalon et passées sous le pied, le maintiennent vers le bas (voir aussi les entrées « Antipodes » et « Sous-pied »). Entrée apparue dans la tranche complémentaire du 31 janvier 1873, en vue de l’édition en volume..
BRÉVIAIRE — Il paraît qu'il faut le revoir pour le croire..[Par Léa Damoiseau et Apolline Gautier] Le bréviaire désigne un livre de prières, que le prêtre doit lire chaque jour, aux heures liturgiques, d’où le renouvellement du cliché : « il faut le voir pour le croire ». Entrée apparue dans la tranche complémentaire du 31 janvier 1873, en vue de l’édition en volume.
BRIGADIER — Un pape dont le concile des Pandores a depuis longtemps proclamé l'infaillibilité[Par Léa Damoiseau et Apolline Gautier] Satire fondée sur une double métaphore : celle, commune, de « pandore » appliquée à un gendarme (voir l’entrée « Gendarme ») — le brigadier désignant un chef de régiment de la gendarmerie — et celle de l’Infaillibilité pontificale, dogme qui, après maints débats, sera proclamé le 18 juillet 1870, à l’issue du concile Vatican I..
BRIGAND — Est-il bête de risquer sa vie en plein vent quand il pourrait fonder comme un autre sa petite société en commandite ![Par Nathalie Preiss] Entrée apparue dans la tranche complémentaire du 31 janvier 1873, en vue de l'édition en volume.
BROSSER — Ôter la poussière. (Au figuré.) La faire mordre à son ennemi.
BROUILLARD — Les caissiers appellent de ce nom symbolique le papier qu'ils mettent entre les pages de leurs comptes nébuleux.[Par Léa Damoiseau, Apolline Gautier, Nathalie Preiss] Synonyme de papier buvard, au service de la satire, récurrente dans le dictionnaire, du monde des affaires (voir aussi « Actionnaire », « Caissier », « Faillite »). Entrée apparue dans la tranche complémentaire du 31 janvier 1873, en vue de l’édition en volume.
BÛCHERS — L'Inquisition les avait peut-être inventés pour donner raison à la fête des Cendres.[Par Léa Damoiseau et Apolline Gautier] Jeu anticlérical sur le « mercredi des cendres » - qui, pour les catholiques, marque, après le « Mardi Gras », l’entrée en Carême - et la condamnation au feu du bûcher (autodafé) prononcée par le tribunal catholique de l’Inquisition (notamment espagnole, au XVe siècle) contre ceux qu’il considérait comme hérétiques (en 1497, à Florence, le prédicateur catholique Savonarole, pourfendeur des « mauvaises mœurs », avait organisé, précisément le Mardi Gras, un « Bûcher des vanités », où avaient été brûlés les livres jugés immoraux). Voir aussi les entrées « Auto-da-fé » et « Inquisition ».
BUDGET — L'art de mettre le couvert du pouvoir sur une table de multiplication.
BUFFET — Pas de meilleure définition que la vieille : un endroit où l'on vend aux gens qui passent des aliments qui ne passent pas.
BUSC — Pourquoi tant de fortifications quand six fois sur sept c'est pour ouvrir la porte aux assiégeants[Par Léa Damoiseau] Satire récurrente dans Le Carnaval du dictionnaire des mœurs féminines, avec cette métaphore guerrière appliquée au corset à baleines des dames, fait pour être défait. ?