Corpus Causes secretes de la Revolution

Division 7 : la mort au pouvoir

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La mort semblait avoir succédé, dans la tribune, à la vérité. Les acteurs de la tragédieVilate emploie régulièrement la métaphore théâtrale dans son récit. s’étaient distribués les rôles pour répandre la terreur. Les hommes qui régénèrent un grand peuple, selon Saint-Just, ne doivent espérer de repos que dans la tombe. La révolution est comme la foudre, il faut frapper.

Barère disait dans ses discours , il n’y a que les morts qui ne reviennent pas.

Collot-d’Herbois répétait souvent : plus le corps social transpire ; plus il devient sain.

J’ajoute à ceci un fait important :

Fréteau venait d’être acquitté ; j’en fais part à Barère avec une joie intérieure. Un membre de l’assemblée constituante échappé ! dit-il : les jurés sont des contre-révolutionnaires. On dresse une autre liste de jurés, Fréteau n’est bientôt plus.

Est-il vrai, me demanda Billaud causant avec Collot-d’Herbois dans la salle de la Liberté, que Fréteau ait été acquitté, – Oui. – Eh bien ! reprit Collot, on le reprendra.

Barère, à l’exemple de cet histrionCollot est comparé à un mime dans l'Antiquité romaine, synonyme de bouffon, mauvais comédien. , qui, la hache sur l’épaule, se présenta à l’assemblée des Grecs, et menaça de les exterminer s’ils parlaient de paix, déclarait la guerre à l’humanité.

Collot-d’Herbois excusait les canonnadesViolentes attaques au canon ou à la mitraille. Lyon fut particulièrement touchée par ces cannonades pendant la Terreur révolutionnaire en 1793. en masse de Lyon, sous les dehors d’une hypocrite sensibilité. Il avait employé l’action de la foudre pour ménager aux victimes la durée des souffrances.

Dans les comités, Couthon, Billaud-Varennes, Vadier, Vouland, jetaient les bases des tribunaux de Marseille, d’Arras, d’Orange. Les troupes révolutionnaires portaient la dévastation, les tortures, l’assassinat, l’incendie dans leurs marches épouvantables.

Les hébertistes Groupe fondé autour d'Hébert donnaient à la France le signal de la ruine des autels superstitieux de la religion. Des processions indécentes circulaient dans les rues de Paris ; on ne voyait partout que mascarades, que hochets de la superstition. GobelJean-Baptiste Gobel, né le 1er septembre 1727 et mort le 13 avril 1794, était un prélat et un évêque constitutionnel pendant la Révolution. Proche d'Hébert, il renonça à la prêtrise et fut accusé d'athéisme par le Comité de salut public., et son fidèle clergé, ChaumettePierre-Gaspard Chaumette, né le 24 mai 1763 et mort le 13 avril 1794, était Procureur de Paris durant la Révolution Française. Il fut guillotiné avec les hébertistes. , faisaient retentir les voûtes de la convention de chants d’allégresse voués à l’athéisme. La Vendée, toujours détruite et toujours renaissante, dévorait comme un chancre politiqueLe chancre est une maladie affectant les végétaux., une partie de la population, et la fleur des armées de la république. Les flots de la Loire roulaient à la mer leurs eaux teintes de sang, et les cadavres des noyadesLes noyades de la Loire, dites noyades de Nantes, sont un épisode de la Terreur pendant lequel des milliers de personnes suspectes aux yeux de la République, souvent des vendéens et des clercs, ont été noyées..

Voilà ce que ces nouveaux enfants de JasonDans la mythologie grecque Jason est célèbre pour sa relation avec la magicienne Médée. Lorsque le roi Pélias refuse de rendre le trône à Jason, après la conquête de la toison d'or, Médée fait croire aux filles de celui-ci qu'elles peuvent le rajeunir dans un chaudron d'eau bouillante. Il en meurt. Sans doute ici Vilate s'appuie sur cette référence mythologique afin de montrer avec ironie le désastre vers lequel s'engouffre la révolution agrairienne en France, qui prétend régénérer en détruisant mais conduisant avant tout à la ruine du pays car procédant à une destruction., qui faisaient bouillir leur père sous prétexte de le rajeunir, appelaient les moyens de réaliser l’heureux système de la révolution agrairienne. Les régénérateurs du peuple français ne se contraignaient plus dans leurs conversations sur le projet de partager à chaque famille une portion de terre, au milieu de laquelle s’élèverait une baraque couverte de chaume. Saint-Just ajournait le bonheur de la France à l’époque où chacun retiré au milieu de son arpent avec sa charrue, passerait doucement sa vie à le cultiver.

C’était le retour de l’âge d’or et du siècle d’Astrée.

Barère traitait les propriétaires d’oppresseurs du monde, chargés de crimes et de forfaits ; il plaçait exclusivement les vertus dans la classe journalière et travaillante ; il l’appelait à la guerre contre le surplus du peuple ; comme s’il était possible que les hommes subsistassent sans ces heureuses inégalités de talents, de génie et de facultés morales et physiques. Du pain et du fer[Par Corentin Leroux] référence aux paroles de la chanson révolutionnaire «La Carmagnole» : «Que faut-il au républicain ? Du fer, du plomb et puis du pain / Du fer pour travailler, / Du plomb pour se venger. / Et du pain pour nos frères !.», voilà le meilleur des mondes ; comme si le pain et le fer n’étaient pas même le produit de la réunion des arts et des talents des hommes en sociétés politiques.

Le moral trop affecté de tant de ravages, de tant de désastres, je tombai dangereusement malade ; je dus ma guérison au savant médecin BaraillonJean-François Barailon, né le 12 janvier 1743 et mort le 14 mars 1816, était un politique français, médecin avant la Révolution française de 1789, puis député à la Convention nationale à partir de 1792 qui fut le premier à dénoncer Robespierre., député.


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