Corpus Causes secretes de la Revolution

Division 14 : arrestation de Vilate

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Le lendemain, je rencontrai Brival à l’entrée de la Convention.

Je lui témoignai d’abord ma crainte d’être vu avec lui (1). Nous montâmes l’escalier qui conduit au comité des inspecteurs, et là je lui fis part de ma douleur. Je lui parlai avec cette franchise, cet épanchement dignes de l’amour de la patrie, et compagnes de la plus tendre amitié. Je le quitte tremblant d’avoir été aperçus ensemble. . . . . Dans différentes occasions, j’affectai, envers certaines personnes de choix, des indiscrétions réfléchies. Dans la salle de la liberté, quelques jours avant mon arrestation, la veille même, je disais ; (des députés ont pu l’entendreVilate soupçonne que l'origine de sa dénonciation se trouve dans cet entretien avec Brival.) le tribunal révolutionnaire attend une vingtaine de députés ; la bombe va éclater. . . .

(1) Parce qu’il était ami de Tallien, dont on avait juré la perte.

J’avais appris que Billaud-Varennes m’avait dénoncé aux comités réunis de salut public et de sûreté généraleChargé de la police politique, le comité de sûreté générale établit la liste des suspects. Vilate est dénoncé par Billaud-Varennes et arrêté le 21 juillet 1794. . Il est évident qu’il n’avait pu alléguer le véritable motif pour lequel il voulait me faire arrêterVilate suggère qu'il a été arrêté parce que Barère, Vadier et Billaud-Varennes ont compris qu'il voulait les empêcher de maintenir un climat de terreur. . Il n’avait pour objet que de paralyser ma langue. Il imagina de prendre un motif ostensible, dans le peu de mots analogues à la motion de Naulin, que je lui avais dits aux Jacobins. Barère et Vadier, qui me connaissaient, se trouvèrent là dans le moment ; ils n’avaient pas été prévenus par Billaud-Varennes ; ils prirent ma défense sur la futilité du prétexte, j’échappai à sa poursuite.

Le hasard me place à côté de lui au théâtre de la République, dans une loge vis-à-vis le parquet, au rez-de-chaussée. Michaud, acteur, y paraît un instant ; quand il n’y fut plus, Billaud me regarde avec colère, je l’envisageai avec fierté : Eh bien, lui dis-je, ta dénonciation est allée en fumée. Billaud-Varennes entre dans la plus terrible fureur. Perfide ! scélérat ! voilà ses injures. Il se retire brusquement, et ferme la porte avec une telle force, que la loueuse de loge et tous les spectateurs en furent saisis d’épouvanteDescription particulièrement théâtrale de sa dispute avec Billaud-Varennes. . Le jour de mon arrestation dans la rue Saint-Honoré, je salue et parle un moment à Bentabole Pierre Louis Bentabolle, né le 1er juillet 1753 et mort le 22 avril 1798 était un révolutionnaire français. Il fut élu en 1792 à la Convention pour le Bas-Rhun. ; il devina dans mes yeux ce qui se passait dans mon intérieur. Bientôt après, je rencontre Thuriot seul dans les couloirs de la salle de la convention ; en passant, je lui prends la main avec affection et sensibilité.

A dix heures du soir DossonvilleJean Baptiste Dossonville, né le 1er janvier 1753 et mort en 1833, était un policier français et agent provocateur. C'était un membre de la police politique du Comité de sûreté générale. , digne sbire des Vadier, des Vouland, des Collot, accompagné de plusieurs membres du comité révolutionnaire des Tuileries, me met en arrestation, par ordre du comité de sûreté générale. Je m’empresse de lire le motif ; toujours le même prétexte, complice de Naulin.

Un des membres du comité révolutionnaire tenait en sa main et lisait la nomenclature des victimes destinées au sacrifice : il l’avait prise sur mon bureau. Le visage de Dossonville rayonne de joie ; il s’imaginait avoir fait une trouvaille. Il lit, il devient pâle : sa figure laisse entrevoir un caractère d’altération. En continuant ses perquisitions, il met le papier dans sa poche sans l’inventorier, quoiqu’il inventoriât les papiers insignifiants. Pourquoi cette soustraction de la part de Dossonville ? . . . Il savait bien ce qu’il faisait, et ce n’est pas là l’instant d’en tirer les inductions qui, au surplus , sont palpables. Je suis conduit à la ForceInitialement un hôtel particulier, il a été transformé en prison et a servi pour toute la ville de Paris de 1780 à 1845. .


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